Il y a 55 ans paraissait Ecclesiam Suam, la premi¨¨re encyclique de saint Paul VI
Entretien réalisé par Emanuela Campanile ¨C Cité du Vatican
Dans l'existence de saint Paul VI, le 6 août ne coïncide pas seulement avec son décès - c'était en 1978-, il s¡¯agit aussi d¡¯une date fondamentale dans le Magistère du successeur de Jean XXIII. Le 6 août 1964 marque en effet la publication de la première encyclique de Paul VI, , connue sous le nom de «l¡¯encyclique du dialogue». Pour mieux connaître ce texte, le service italien de Pope a interrogé Don Angelo Maffeis, président du Centre d'études de l'Institut Paul VI à Concesio (Brescia), village de naissance de Giovanni Battista Montini.
Don Maffeis, Ecclesiam Suam, en plus d'être la première encyclique du Pape Paul VI, est le premier document officiel du magistère dans lequel le mot «dialogue» apparaît.
Ecclesiam Suam a été l'encyclique inaugurale du pontificat de Paul VI, la première. Comme toujours pour tout nouveau pontificat, on s'est donc penché sur les thèmes que le Pape nouvellement élu aborderait dans son magistère et dans son action pastorale. Dans le cas de Paul VI, cela est lié au fait qu'il avait hérité de son prédécesseur Jean XXIII le Concile Vatican II, ouvert en octobre 1962 [...]. D'une certaine manière, Paul VI veut réfléchir sur l'Église, proposer sa réflexion, et il le fait dans un contexte où le Concile ?cuménique se questionne sur les mêmes thèmes.
Il y a presque un jeu de miroirs entre le discours du 29 septembre 1963, lorsque Paul VI inaugura la deuxième partie du Concile - et la première qu'il préside - et l'encyclique parue l'année suivante, qui développe précisément les thèmes qu'il avait déjà esquissés. En effet, le dialogue a un rôle central, même si ce n'est pas le seul thème développé dans le document. Mais ce caractère central est également confirmé par une série de notes de Paul VI, intitulées ¡°Notes pour une encyclique sur le dialogue¡±. Montini, dès son plus jeune âge, avait ressenti la nécessité que l'Église, l'annonce chrétienne, retrouvent les moyens de communiquer avec la culture contemporaine et les décline. Il est vraiment arrivé au siège de Pierre avec ce concept important non seulement pour l'Église mais aussi pour la culture du dialogue.
Qu'est-ce que le Pape Paul VI entendait par «dialogue» et, surtout, à qui s'adressait-il ?
Pour comprendre la nature du dialogue - comme Paul VI l'a voulu - il faut partir de ce que l'on pourrait définir comme sa dimension verticale: car le dialogue de Paul VI est avant tout le ¡°colloquium salutis¡±, le colloque du salut, que Dieu lui-même commence par la Parole qui interpelle l'humanité, la Parole de sa révélation, la Parole par laquelle il dirige et sauve son peuple. Et c'est précisément parce que Dieu a commencé ce dialogue que Paul VI affirme que la mission de l'Église est d'introduire dans la conversation humaine cette Parole que Dieu lui a confiée, que les croyants doivent d'abord écouter et qu'ils doivent introduire dans le circuit de la conversation et du dialogue entre les êtres humains.
Paul VI décline également une vision des cercles concentriques, avec lesquels ce dialogue doit se développer. C'est un dialogue qui se développe d'abord avec les chrétiens, d'où l'empreinte et l'importance du thème ?cuménique pour Vatican II, que tout son pontificat exprime. Un dialogue qui se manifeste ensuite avec toutes les autres religions et enfin avec toute l'humanité. Nous pouvons dire que Paul VI nous a invités à partager cette confrontation et cet effort, d'une part pour répondre à la Vérité que Dieu a manifestée, d'autre part pour coopérer au bien de l'humanité.
55 ans plus tard, peut-on dire qu'Ecclesiam Suam, précisément parce qu'elle est «l'encyclique du dialogue», a des aspects actuels ?
De toute évidence, les contextes ont changé, mais la démonstration la plus évidente de l'importance du dialogue se trouve dans l'alternative au dialogue. Aujourd'hui, nous avons tendance à exclure le point de vue des autres, une alternative qui compromet à la racine la possibilité pour les êtres humains de vivre ensemble. Par conséquent, aucune autre attitude ne nous fait comprendre que, aussi difficile que soit le chemin du dialogue, celui-ci exige de la patience et aussi de la fidélité à ses propres convictions - car bien sûr, rien n'est plus éloigné de l'idée de Paul VI que de manquer aux conditions de la foi chrétienne.
Il est par ailleurs convaincu que le message chrétien doit atteindre l'humanité, et que l'humanité est celle qui nous est donnée à un moment historique donné. Il y a un autre grand souvenir de Paul VI, quand à la fin du Concile, à la veille de la dernière session publique du 7 décembre, il compare le travail du Concile à l'acte par lequel l'Église, comme le Bon Samaritain, se penche sur l'humanité de son temps. Il dit vouloir simplement «servir l'humanité». Il me semble que cette double conscience - d'une part de la Parole dont l'Église est porteuse et gardienne, et d'autre part de l'humanité vers laquelle elle est envoyée -, est un grand thème universel, mais qu'elle reflète la situation particulière dans laquelle s'est déroulée le pontificat de Paul VI.
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