Rencontre entre le Pape et le cardinal Barbarin: pas de d¨¦mission, mais une mise en retrait
«Lundi matin, j¡¯ai remis ma mission entre les mains du Saint Père. En invoquant la présomption d¡¯innocence, il n¡¯a pas voulu accepter cette démission», explique le cardinal Barbarin dans un communiqué publié ce mardi, au lendemain de sa venue au Vatican.
«Il m¡¯a laissé la liberté de prendre la décision qui me paraît la meilleure pour la vie du diocèse de Lyon, aujourd¡¯hui. À sa suggestion et parce que l¡¯Église de Lyon souffre depuis 3 ans, j¡¯ai décidé de me mettre en retrait pour quelque temps et de laisser la conduite du diocèse au vicaire général modérateur, le père Yves Baumgarten. Cette décision prend effet à compter de ce jour», conclut le cardinal Barbarin dans ce court communiqué.
Répondant aux questions des journalistes, le Directeur ¡°par interim¡± de la Salle de Presse du Saint-Siège, Alessandro Gisotti, a pour sa part affirmé ce qui suit : «Je peux confirmer que le Saint-Père n¡¯a pas accepté la démission présentée par le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon. Conscient, cependant, des difficultés que connaît actuellement l¡¯archidiocèse, le Saint-Père a laissé le cardinal Barbarin libre de prendre la décision la plus appropriée pour son diocèse. Le cardinal Barbarin a donc décidé de se mettre en retrait pour quelque temps et de demander au père Yves Baumgarten, vicaire général, de prendre la conduite du diocèse. Le Saint-Siège tient à redire sa proximité avec les victimes d¡¯abus, avec les fidèles de l¡¯archidiocèse de Lyon et avec toute l¡¯Église de France qui vivent des heures douloureuses.»
Retour sur l¡¯affaire Preynat
Le 7 mars dernier, le tribunal correctionnel de Lyon avait rendu son verdict dans le procès du cardinal Barbarin, condamnant l¡¯archevêque de Lyon à six mois de prison avec sursis. La présidente du tribunal l'avait «déclaré coupable de non-dénonciation de mauvais traitements» envers un mineur entre 2014 et 2015. Prenant acte de ce jugement, le cardinal Barbarin avait annoncé son intention de présenter sa démission au Pape. Son évêque auxiliaire, Mgr Emmanuel Gobilliard, a précisé par la suite que l'archevêque de Lyon avait déjà pris cette décision 15 jours auparavant, et qu'il comptait donc remettre sa charge entre les mains du Pape quel que soit le verdict.
Dix victimes du père Bernard Preynat avaient poursuivi le cardinal et son entourage pour ne pas avoir dénoncé le prêtre à la justice et avoir tardé à l¡¯écarter de ses charges pastorales. Aumônier scout dans les années 1970 et 1980 dans la banlieue lyonnaise, le prêtre aurait abusé de plus de 70 jeunes scouts, au sein d¡¯une troupe qui n¡¯était pas affiliée aux mouvements scouts officiels. L¡¯ampleur du scandale a eu une onde de choc bien au-delà du diocèse lyonnais, et a secoué l¡¯Église de France.
«Je n¡¯ai jamais cherché à cacher, encore moins à couvrir ces faits horribles» avait déclaré l¡¯archevêque de Lyon dans une déclaration lue lors de la première journée d¡¯audience devant le tribunal correctionnel, le 7 janvier dernier. Le 31 août 2015, le cardinal Barbarin avait démis de ses fonctions le père Preynat, en accord avec le Vatican. «J¡¯ai fait exactement ce que Rome m¡¯a demandé» avait-il affirmé. Il a cependant reconnu avoir été «imprudent» quand il a nommé en 2013 le père Preynat responsable d¡¯un doyenné près de Roanne. «J¡¯aurais mieux fait de lui dire de rester dans l¡¯ombre», avait-il concédé.
Les avocats du cardinal ont fait appel. Son deuxième procès pourrait se tenir d¡¯ici à la fin de l¡¯année. En droit français, le cardinal Barbarin demeure donc présumé innocent jusqu'à la fin de cette procédure.
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