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Jeune volontaire pour L'?uvre d'Orient, ¨¤ la d¨¦couverte de l'?gypte. Jeune volontaire pour L'?uvre d'Orient, ¨¤ la d¨¦couverte de l'?gypte.  

Une odyss¨¦e ¨¦gyptienne ¨¤ la d¨¦couverte des chr¨¦tiens d¡¯Orient

Loin du s¨¦jour touristique traditionnel en ?gypte, une dizaine de jeunes Fran?ais a fait le choix de voyager diff¨¦remment avec l¡¯association L¡¯?uvre d¡¯Orient. Pendant une semaine, ils d¨¦couvrent le berceau du l¡¯humanit¨¦ et du christianisme au gr¨¦ de rencontres avec des communaut¨¦s religieuses chr¨¦tiennes et les populations auxquelles elles viennent en aide.

Marine Henriot - Envoyée spéciale en Égypte

C¡¯est une manière de voyager qui transcende. Dans ce pays à la charnière de deux continents, une dizaine de jeunes français, entre 25 et 33 ans, se sensibilise au quotidien et aux aspirations des chrétiens d¡¯Orient en se rendant à la rencontre de différentes communautés religieuses qui viennent en aide aux populations locales et immigrées défavorisées.

Ce voyage spirituel et émotionnel les mène d'abord chez les Comboniens du Caire, qui accueillent des réfugiés érythréens de tout âge, au c?ur du quartier copte de la capitale égyptienne, mais aussi plus loin le long du delta du Nil chez les coptes de Louxor, en passant par chez les petits frères de Jésus implantés dans le village de Hagaza depuis les années 1970.

Cette initiative de L¡¯?uvre d¡¯Orient, engagée depuis 1856 auprès des chrétiens d¡¯Orient est une première, menée par Nicolas Meslin Sainte Beuve, chef de projets service jeunes de l¡¯association depuis deux ans. Le but est de permettre à ces jeunes de «toucher du doigt la réalité des chrétiens d¡¯Orient» pour ensuite pouvoir en témoigner. «Nous aimerions faire comprendre aux Français que les crises majeures en cours au Proche et Moyen-Orient ne doivent pas nous laisser indifférents, d¡¯autant qu¡¯elles ont des conséquences en France, notamment avec la question des réfugiés». «Si l¡¯on conçoit intellectuellement que le berceau de christianisme est ici, cela peut être complétement oublié au quotidien», commente-t-il par ailleurs. 

Deux frères coptes.
Deux frères coptes.

Dans une Égypte de 109 millions d'habitants, environ 90% de la population est musulmane, 10% est copte, en majorité orthodoxe. Les Coptes, descendants de la culture ancestrale égyptienne, fondateurs du monachisme, représentent la plus grande communauté chrétienne du Moyen-Orient. Sur cette terre qui a participé à l¡¯extension du christianisme, Nicolas Meslin Sainte Beuve espère que cette semaine de rencontres avec les communautés, «qu¡¯elles soient copte orthodoxe, copte catholique, ou catholique latine», va permettre une prise de conscience des jeunes.

Une aventure humaine

Parmi ceux qui font partie de l¡¯aventure, certains, comme Maxime, 33 ans, ont déjà vécu des expériences de volontariat au service des chrétiens d¡¯Orient. Pour celui qui fut pendant un an auxiliaire de vie dans une communauté religieuse au Liban, l¡¯Égypte est un «rêve d'enfant». Cette manière de voyager lui permet de découvrir des lieux inconnus du grand public, mais aussi de comprendre comment «aider aux mieux nos frères de l¡¯autre côté de la Méditerranée».

L'école Hazada.
L'école Hazada.

Xavie, originaire d¡¯Alsace, 25 ans, est elle aussi déjà passée par le volontariat en Orient: trois mois en Terre Sainte au service des réfugiés, une expérience qui lui a permis de prendre conscience de l¡¯importance des chrétiens d¡¯Orient. Aujourd¡¯hui commerciale dans l¡¯aéronautique en Allemagne, elle continue de faire le choix de découvrir les réalités des chrétiens d¡¯Orient, car, dit-elle, «plus tu apprends, plus tu es capable de transmettre». Son engouement est effectivement communicatif. Grâce à elle, son amie Agathe a rejoint cette aventure égyptienne. Pour la banquière agricole du nord de la France, cette découverte des communautés d¡¯Orient est une première. «Je suis prête à la transformation», sourit-elle. Albane n¡¯était pas non plus familière des chrétiens d¡¯Orient, mais quand elle a entendu parler de cette épopée par une amie, «aucune hésitation», elle a rejoint le groupe, animée par l¡¯envie de voyager différemment dans un pays où son grand-père a vécu ses premières années.

À la découverte de la cohabitation entre musulmans et chrétiens

Au cours des pérégrinations de ces jeunes, le charme de l¡¯Orient et l¡¯humanité des communautés opèrent. Au retour du village de Hagaza, symbole de la cohabitation musulmane et coptes catholiques, où ces derniers gèrent une école accueillant des enfants de toutes religions, Albane est frappée par la maturité des enfants rencontrés: ils travaillent dans les champs et gèrent la circulation chaotique. «Nous sentons dans leur attitude et dans leur regard une sagesse, mais en même temps, ils courent après le bus et nous saluent, tels des enfants».

Tas de gravats dans une église détruite.
Tas de gravats dans une église détruite.

L¡¯émotion est également palpable dans les yeux d¡¯Adèle, après un moment de prière partagé avec les coptes catholiques d¡¯Al-Maris, devant les ruines de l¡¯église du village détruite quelques mois plus tôt. Accident ou geste intentionnel, l¡¯enquête est en cours, mais pour l¡¯étudiante, ce moment de prière «permet d¡¯apaiser les c?urs avant de reconstruire l¡¯église pierre par pierre», «nous sommes juste venus pour leur dire que nous sommes avec eux», ajoute-t-elle, touchée. Minorité parmi les minorités, les coptes catholiques représentent environ 1% des coptes en Egypte.

Spiritualité du désert

Ce voyage hors des sentiers battus a également porté les jeunes à Wadi el Natrun, c?ur de la spiritualité des pères du désert, aujourd¡¯hui haut lieu de pèlerinage copte, rendu accessible par une gigantesque autoroute. C¡¯est dans cet oued à l¡¯origine perdu dans le désert de Scété qu¡¯Antoine le Grand a fait le choix, à l¡¯âge de 19 ans, à la fin du IIeme siècle, de se dépouiller de ses richesses pour se confronter au vide du désert, posant ainsi les bases du monachisme.

L¡¯église copte du centre ?cuménique d¡¯Anafora.
L¡¯église copte du centre ?cuménique d¡¯Anafora.

À côté des cellules des frères qui désormais se sont éloignés de l¡¯ermitage s'élèvent des églises coptes devant lesquelles il faut se déchausser pour rentrer. Moquette au sol et prières à genoux pour ceux qui le souhaitent. «Cela nous perd, car le rite copte a de nombreuses différences avec le nôtre, mais en même temps beaucoup de points communs», commente Gabrielle, 25 ans, fascinée. «Cela ouvre encore plus notre état d'esprit de petits Français qui pourraient penser que le christianisme est né en France à Paris». Dans le monastère des Syriens, dont les fresques ont été recouvertes puis repeintes au fil des siècles et des razzias, Adéle se sent petite face à l¡¯histoire pluriséculaire de l¡¯Église.

Dans l'église copte Anaphora.
Dans l'église copte Anaphora.

Même fascination de la part des jeunes à Anafora, le centre ?cuménique de retraite spirituelle implanté dans le désert depuis 1999, enrichi d¡¯une église souterraine lors de la pandémie de Covid-19. Cette église est la preuve de la vivacité et du renouveau du la communauté copte. Le sol recouvert de tapis colorés et les murs de peintures de scènes bibliques entrainent les visiteurs dans une spirale de couleurs chatoyantes. Les enfants courent pieds nus devant l¡¯autel, l¡¯Église copte est bien vivante. Dans ce pays désertique dont l¡¯imaginaire a bercé les enfances, chaque jeune de cette odyssée a des aspirations différentes, mais tous vivent ensemble une aventure humaine et solidaire qui permettra, sans aucun doute, d¡¯appréhender les épreuves que vivent les minorités chrétiennes au Moyen-Orient avec encore plus de bienveillance et d¡¯humanité.

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06 f¨¦vrier 2025, 09:38