蜜桃交友

Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican

Depuis près de trois ans, les Ukrainiens d’Odessa vivent au rythme de la guerre imposée par la Russie sur leur propre territoire. Alors que la fin de la guerre ne semble pas se rapprocher, permettre aux fidèles de garder le moral et l'espérance est une gageure à laquelle se dévoue l’évêque catholique d’Odessa, Mgr Stanislav Chirokoradiouk. Il est à l’origine d’une exposition originale dans la cathédrale de cette ville bordant la mer Noire: une trentaine de dessins d’enfants et de jeunes français avec de nombreux messages de soutien.

Un soutien spirituel

L’idée nait non loin de Saint-Malo, autre ville portuaire, lors d’un camp de jeunes organisé par le diocèse de Rennes à l'été 2024. Les jeunes rencontrent, lors de ce séjour, un membre de l’association Caridad, qui apporte de l’aide aux Ukrainiens touchés par la guerre. Ce dernier leur propose d’écrire et de dessiner des messages de soutien aux chrétiens qui, de l’autre côté de l’Europe, subissent tous les jours les ravages de la guerre. Et cela, à l’image du bienheureux Marcel Callo, martyr rennais du XXème siècle, déporté par le régime nazi en raison de sa foi catholique, qui a multiplié les encouragements envers ses proches dans sa correspondance.  

«Quand je lui ai envoyé par internet les photos des dessins, l’évêque d’Odessa a été très touché et m’a demandé de les lui apporter pour les exposer dans la cathédrale», raconte Irénée de Poulpiquet, responsable des projets de l’association Caridad.

C’est ainsi qu’il a pris dans ses valises les dessins et les a apportés en Ukraine début janvier pour qu’ils soient exposés à la vue de tous les Ukrainiens d’Odessa. Mgr Stanislav Chirokoradiouk souhaite même que les dessins soient aussi exposés dans d’autres villes touchées par la guerre comme Kherson. «Les dessins d'enfants sont toujours des choses qui touchent les c?urs des adultes, et ce qui les ce qui les touche énormément, c'est de voir qu'on ne les oublie pas et qu’on prie pour eux», poursuit Irénée de Poulpiquet. 

Les enfants ukrainiens devant l'exposition dans la cathédrale d'Odessa.

Le risque du défaitisme

Car, le défaitisme pointe parfois sur les visages des Ukrainiens, particulièrement sur celui des enfants, qui ne parviennent plus à sourire, raconte-t-il. Il cite pêle-mêle les cimetières qui s’agrandissent, où fleurissent les drapeaux ukrainiens, l’histoire d’une femme qui a abandonné la reconstruction de sa maison («ça ne sert à rien, les Russes arrivent»), une autre qui ne dort plus, traumatisée par le sort de ses proches ou encore ces trois enfants élevés dans un orphelinat près de Jitomir. «Trois sont partis sur le front, aucun n’est revenu», a déploré la religieuse qui s’est occupée de ces garçons pendant plusieurs années.

Depuis trois longues années, l’association basée en Bretagne continue à aider le diocèse d’Odessa à travers des dons et de l’aide alimentaire: une solidarité entre chrétiens des deux côtés du continent européen, afin de maintenir la flamme allumée de l'espérance.