Ha?ti demande le remboursement de sa dette d¡¯ind¨¦pendance
Jean-Benoît Harel ¨C Cité du Vatican
Véritable serpent de mer des relations entre la France et Haïti, le remboursement de la dette d¡¯indépendance payée à la France par Haïti a de nouveau été demandé par le président du Conseil présidentiel d'Haïti.
«Cette injustice inqualifiable constitue une meurtrissure qui ne cesse de hanter notre mémoire. Et malheureusement, le paiement de ces rançons a contribué à compromettre de manière significative les perspectives de développement de la jeune nation», a-t-il insisté ce 1er janvier, 221e anniversaire de l¡¯indépendance d¡¯Haïti.
Un héritage de l¡¯histoire
Colonie française sous le nom de Saint-Domingue à partir de 1697, Haïti acquiert son indépendance par les armes en 1804. Toutefois, la France revient en 1825: un émissaire du roi Charles X, accompagné par une solide escorte militaire, force le gouvernement haïtien à reconnaître et payer une dette de dédommagement en faveur de l¡¯ancienne puissance coloniale.
Le prix de la liberté: 150 milllions de francs-or, réduits ensuite à 90 millions, ce qui représente selon le New York Times, la somme d¡¯environ 525 millions d¡¯euros en valeur actualisée. Car il faut ajouter les intérêts de cette dette. En effet, le nom de «double dette» vient du fait que les Haïtiens ont été contraints d¡¯emprunter de l¡¯argent à la France pour honorer cette dette, et ont donc dû verser des intérêts.
Arrivé au pouvoir en 1991, l'ancien prêtre Jean-Bertrand Aristide, premier président démocratiquement élu après la dictature des Duvalier, est l'une des premières voix à réclamer à la France que la somme soit restituée au pays.
Une demande récurrente des pontifes
L¡¯exemple haïtien met en évidence la difficulté des pays pauvres à se développer lorsqu'ils sont accablés par une dette, souvent dans les mains des pays les plus riches. Le Pape François a rappelé l¡¯importance d¡¯annuler la dette des pays les plus pauvres, dans la bulle d¡¯indiction du Jubilé de l¡¯espérance, Spes non confundit. «Si nous voulons vraiment préparer la voie à la paix dans le monde, engageons-nous à remédier aux causes profondes des injustices, apurons les dettes injustes et insolvables et rassasions les affamés», écrit-il.
Cette proposition n¡¯est pas nouvelle, mais semble peu entendue. Ainsi, lors du dernier jubilé en l¡¯an 2000, saint Jean-Paul II avait expliqué qu¡¯annuler la dette des pays pauvres visait «un but de civilisation et de progrès».
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