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Image d'illustration. Image d'illustration.   (AFP or licensors)

Semaines sociales de France, découvrir la nécessité de «perdre du temps» au travail

En France, la question du sens au travail semble prendre de plus en plus d’ampleur dans les discussions entre les différentes parties prenantes en entreprise. À l’occasion des Semaines sociales de France, qui se déroulent à Paris ces 23 et 24 novembre, le président des Semaines sociales de Paris, Philippe Garabiol, insiste sur la nécessité de «perdre du temps au travail» pour travailler le collectif dans les entreprises.

Jean-Benoît Harel – Cité du Vatican

«Le travail est la vocation de l'homme», assurait le Pape François dans son du 1er mai 2020, jour de la fête du travail. Le Souverain pontife rappelle fréquemment que le travail est un élément essentiel de la dignité de l’homme, et notamment des plus pauvres. Mais beaucoup s'interrogent aujourd'hui: «Pourquoi allons-nous travailler?». C’est la question au centre du  de réflexion organisé par les Semaines sociales de France à Paris.

Entretien avec Philippe Garabiol, président des Semaines sociales de Paris

Un intérêt pour les valeurs éthiques

Le rapport au travail évolue avec le temps et notamment chez les plus jeunes. Ainsi, Philippe Garabiol, haut fonctionnaire qui a travaillé pour les différents ministères sociaux, comme le ministère de la Santé, la Solidarité, celui du Travail, a remarqué que la jeune génération de travailleurs, les millenials (âgés aujourd’hui entre 40 et 25 ans), est devenue très exigeante sur le marché du travail.

«Ce qui est intéressant, c'est que ces exigences ne sont pas tellement des exigences salariales. En général, ce qui est demandé, c'est de pouvoir conjuguer des temps de vie personnels et professionnels, mais c'est aussi de connaître les valeurs éthiques de l'entreprise, parce qu'on choisit désormais son entreprise aussi par rapport à ses valeurs éthiques», explique le président des Semaines sociales de Paris.

Cette évolution a obligé les entreprises à devenir pour certaines des entreprises à mission, mais pour toutes à s’engager dans des œuvres charitables, dans l’inclusion de tous au travail comme les personnes en situation de handicap ou dans la réinsertion, à l’exemple des efforts en faveur des prisonniers.

L'humain d'abord

Mais ces engagements sociétaux s’inscrivent dans un cadre plus général, à travers l’indice de performance globale, qui combine la performance économique, la performance sociale et la performance environnementale. De plus, cette nouvelle génération de travailleurs se penche également sur «la qualité de vie des conditions de travail». Philippe Garabiol explique:

“C'est le fait que les salariés bénéficient d'un environnement de travail qui les rend profondément dignes de ce travail. Donc, c'est l'idée qu'on réhumanise le travail en lui offrant une qualité qui permet à chacun de pouvoir se dire: «Je ne suis pas là que pour produire, je ne suis pas là que pour une relation mercantile. Je suis là aussi pour autre chose». Et cette autre chose, c'est ce qui fait qu'il y aura de l'humain dans mon travail et c'est ce qui fait qu'à la fin, je me sens profondément digne de l'effort que j'ai commis.”

Réhumaniser le travail

Si la convergence entre les patrons et les employés sur la nécessité d’améliorer les conditions de travail semble actée, Philippe Garabiol propose une manière de «réhumaniser le travail». Pour lui, il faut insister sur le sens du collectif: «ce qui a manqué ces 15 dernières années, c'est de repenser le collectif de travail».

Une des clés pour construire ce collectif est le temps d’écoute. Différent du dialogue syndical, le temps d’écoute est constitué par tous les moments informels, à la machine à café, au restaurant, lors d’un déplacement professionnel qui permettent «d’entendre ce que l’autre a à dire».

“Dans le temps d'écoute il y a beaucoup d'expression, de mécontentement et de souffrance. Il y a la capacité aussi pour les employeurs ou le cadre d'expliquer une situation, qu’un salarié n'aurait pas compris sinon. Donc ça fabrique de la compréhension et non pas de l'incompréhension donc du lien,”

Le président des Semaines sociales de Paris s’inquiète des cadres dans les entreprises ou les administrations qui ne font pas attention à ce lien, indispensable au collectif de travail. Car «l'entreprise c'est d'abord avec des hommes et des femmes qu'elle se fabrique», conclut-il.

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22 novembre 2024, 09:35