Les chr¨¦tiens indiens exhort¨¦s ¨¤ voter aux l¨¦gislatives
Entretien réalisé par Xavier Sartre ¨C Cité du Vatican
C¡¯est ce lundi 20 mai que la cinquième phase des élections législatives indiennes a lieu. La région de Bombay dont fait partie le diocèse de Vasai, au nord de la mégapole indienne, est notamment concernée. Son évêque, Mgr Felix Machado, incite tous les électeurs catholiques et chrétiens à se rendre aux urnes pour faire entendre leur voix. Il s¡¯inscrit dans la démarche de la Conférence épiscopale indienne (CBCI) qui avait invité les fidèles à une journée de prière et de jeûne le 22 mars dernier, avant le lancement des opérations de vote.
Ces élections se déroulent dans un contexte marqué par des violences contre plusieurs communautés, à travers le pays et depuis plusieurs mois. Dans un communiqué publié en février, à l¡¯issue de leur assemblée plénière, les évêques catholiques indiens soulignaient «une polarisation religieuse sans précédent qui ruine l¡¯harmonie sociale» et «qui met en danger la démocratie elle-même».
Prudence face aux violences
Mais si des craintes ont bien été exprimées et si certains parlent ouvertement de «persécutions», Mgr Machado se montre plus prudent. «Il ne faut pas exagérer et je ne veux pas minimiser les problèmes qui sont devant nous», prévient-il. Le choix des mots est important à ses yeux. «Il y a des défis», reconnait-il, précisant que «l¡¯Inde est un continent» et que les batailles pour le pouvoir entre les deux grands pôles en présence, peuvent favoriser un climat moins serein.
Parmi les hindous, très majoritaires dans le pays, certains sont à l¡¯origine des violences qui frappent les chrétiens, comme dans l¡¯État du Manipur, secoué par des affrontements l¡¯année dernière. Le discours très offensif du parti au pouvoir, le BJP, et la volonté du Premier ministre sortant Narendra Modi de faire adopter un code civil unique à l¡¯ensemble de la population, inquiète certaines minorités, au premier rang desquelles les musulmans. Mais Mgr Felix Machado ne veut pas entrer dans une logique d¡¯opposition frontale. Il entend les revendications des hindous, malmenés au cours de l¡¯histoire par la domination moghole, musulmane, ou par les colonisateurs portugais et britanniques, chrétiens. «Toutes ces expériences sont des traumatismes pour les hindous», reconnait l¡¯évêque qui regrette que la politique instrumentalise ces ressentiments.
Engagement de l¡¯Église en faveur du bien commun et du vivre-ensemble
«L¡¯intérêt de l¡¯Église est de ne pas se montrer égoïste et de ne pas rechercher son propre intérêt mais de jouer la carte du vivre-ensemble multiculturel et multireligieux» considère-t-il. Mais le fait d¡¯être une minorité nourrit selon lui un certain «complexe» or il ne faut pas en avoir estime-t-il. Il ne faut pas tomber dans une attitude de repli sur soi. «Il ne faut pas vivre comme dans un ghetto», «mélangeons- nous aux autres et respectons-les», n¡¯hésite-t-il pas à dire à ses frères évêques.
«Il faut donc prendre le chemin qui ouvre vers des horizons d¡¯espérance», suggère Mgr Machado qui conseille aux électeurs catholiques de bien penser pour qui ils vont voter, regardant leur contribution en faveur de la société dans son ensemble.
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