CEEAC: 40 ans d'existence face aux d¨¦fis de l¡¯int¨¦gration sous-r¨¦gionale
Jacques Ngol, SJ ¨C Cité du Vatican
Dans le cadre de la commémoration des 40 ans d¡¯existence de cette organisation sous-régionale, est organisé du 9 octobre au 25 novembre une célébration autour du thème «la CEEAC, 40 ans de construction d¡¯une communauté de destin vers une Afrique unie, pacifiée et développée». L¡¯occasion étant, selon un communiqué de permettre aux «participants et l'ensemble des invités de célébrer les réalisations de la CEEAC et partager les pratiques efficaces tirées de ces 40 années de vivre-ensemble dans le cadre du processus d'intégration de la région de l'Afrique centrale». Cet entretien avec l¡¯économiste tchadien nous permet d'évaluer les réalisation de cette organisation en 40 ans et de relever ces limites.
La CEEAC et ±ô¡¯¾±²Ô³Ù&±ð²¹³¦³Ü³Ù±ð;²µ°ù²¹³Ù¾±´Ç²Ô économique
Partant de son objectif principal qui est «±ô¡¯¾±²Ô³Ù&±ð²¹³¦³Ü³Ù±ð;²µ°ù²¹³Ù¾±´Ç²Ô», l'économiste tchadien a émis des doutes quant à la réalisation effective de cet objectif d'intégration après 40 ans, notamment «dans le domaine commercial». Parce que, a-t-il dit, «le premier élément, c'est favoriser le commerce, favoriser les échanges. Or, la CEEAC qui date de 1983, n'est qu'à 2% de commerce intrarégional, c'est-à-dire le commerce entre les pays membres». Poursuivant, il a fait savoir que «même au niveau de l'ensemble de l'Afrique, la CEEAC est loin derrière tous les autres pays; Il y a des pays qui ont atteint des taux de 10 à 15%, même peut-être un peu plus, mais nous, nous ne sommes qu'à 2% au niveau de la CEEAC», a-t-il regretté. Ce qui fait qu¡¯en terme d¡¯évaluation, «nous sommes loin de cette objectif-là». Mais aussi, faut-il le savoir, «les pays africains, de manière générale, avaient globalement des économies qui ne sont pas les plus performantes, il y en a quelques-unes, mais on n'a pas suffisamment de ressources», a déclaré Djimadoum Mandekor.
Les réalisations de la CEEAC dans le domaine politique et sécurité
«Sur le plan politique, ça a le droit d'exister, mais depuis 40 ans, ce n'est pas sans difficulté», a relevé l¡¯ancien fonctionnaire de la BEAC. Parmi les difficultés face auxquelles elle est confrontée, Djimadoum Mandekor a affirmé que même au «sein de cette communauté, il y a des pays qui sont en conflit entre eux», citant ainsi les pays des Grands Lacs, notamment «manière très claire la RD Congo et au Rwanda». Cependant face à ce conflit qui oppose les pays membres, il a a fait savoir que la Communauté économique des États d¡¯Afrique centrale «n'est pas l'instance qui intervient le mieux pour régler les conflits, puisqu'on voit que les conflits persistent». Il y a, a-t-il poursuivi «une autre organisation qui est East African Community, qui regroupe plutôt les pays autour des Grands Lacs qui sont le Rwanda, le Burundi et la RD Congo».
Une autre chose à signaler sur le plan politique est sur la situation d¡¯un des pays membres, en l'occurrence le Tchad, où l¡¯on voit l¡¯intervention de la CEEAC dans le cadre de médiation entre le gouvernement de transition et les opposants après la mort du président tchadien au front en avril 2021, cette médiation dont le processus est toujours en cours.
Sur le plan sécuritaire, «il y a eu la mise en place d'une commission de sécurité qui a pu, à un moment aider à pacifier la situation pendant une période de l'histoire de la RCA» a relevé le spécialiste en économie et finance. Dans cette perspective, l¡¯on voit la RCA «qui reçoit le soutien du Rwanda par exemple», toutefois ce soutien n¡¯est pas suffisant, a-t-il précisé.
La CEEAC et ses multiples défis
L¡¯un des grands défis de la CEEAC a souligné Djimadoum Mandekor est d¡¯ordre organisationnel. Ces difficultés sont dues à la volonté de ces dirigeants de réellement s'intégrer, regrettant que «chacun des pays, s'occupe essentiellement des questions nationales». Pour faire fonctionner cette institution, «c'est 0,4% du volume des importations, de la valeur des importations de chaque pays qu'on doit verser chaque année». Or, l¡¯on constate, a-t-il ajouté que «sur les 11 pays, apparemment il y en a 10 qui ont des arriérés».
Une autre difficulté est due au fait que la CEEAC ne soit pas connue par les population des pays membres. Pour lui, «si l'on fait un sondage», l'on pourrait se rendre compte que «peu de gens sont au courant de ce que c'est que la CEEAC», ce qui fait qu'«elle est là, comme des multiples organisations, sans prise sur la réalité, sans réalisation». Cette situation indique peut-être que «dans chacun des onze pays, le peuple n'est pas vraiment présent».
Appel à plus d¡¯implication du peuple dans le processus d¡¯intégration
«Nous sommes au 21e siècle, nos jeunes, les plus dynamiques, ceux qui ont de la force, qui ne trouvent pas le moyen de se réaliser dans nos pays, on les voit traverser les déserts, tenter de traverser les mers», a regretté Djimadoum Mandekor, se pronçant sur les conséquences de la mauvaise gouvernance dont sont victimes ces pays de la sous-région. Pour lui, il faut «transformer réellement nos pays, associer réellement les populations aux réflexions pour prendre en compte leurs besoins». Car, «tant que les chefs d'États s'entendent entre eux pour gérer leur propre pouvoir politique individuel et n'ont pas le besoin de développer les pays», on ne parviendra jamais à se développer et l¡¯objectif d¡¯intégration sera loin d¡¯être atteint. Que la CEEAC s¡¯organise «qu¡¯elle aille dans chacun des pays, qu¡¯elle aille vers les uns et les autres pour les entendre et mettre le peuple dans ces organisations, qu¡¯elle aide les pays à organiser des vraies élections démocratiques de façon à ce que les attentes du peuple soient réellement prises en compte», a-t-il conseillé.
Les pays membres de la Communauté économiques des États d'Afrique centrale (CEEAC) sont: Angola, Burundi, Cameroun, République centrafricaine, République du Congo, République démocratique du Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Rwanda, Tchad, Sao Tmé-et-Principe.
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