Lutte pour les droits des femmes en Iran, un combat interg¨¦n¨¦rationnel
Entretien réalisé par Marie Duhamel et Alexandra Sirgant - Cité du Vatican
Des prix, elle en a déjà reçu, pour son courage et son engagement. Mais celui-ci, «c¡¯est le plus grand en ce que concerne la défense des droits humains au niveau mondial» souligne Elias Geoffroy, responsable programme et plaidoyer pour l¡¯Afrique du Nord et le Moyen-Orient à l¡¯ONG de défense des droits de l¡¯homme ACAT (l¡¯Action des chrétiens pour l¡¯abolition de la torture).
Actuellement détenue en prison à Téhéran, Narges Mohammadi a été récompensée ce vendredi 6 octobre par le comité Nobel pour «son combat contre l¡¯oppression des femmes en Iran et son combat pour la promotion des droits de l¡¯homme et la liberté de tous». En raison de cet engagement, l¡¯ingénieure de 51 ans a été condamnée par la justice iranienne à un total de 31 ans de prison qu¡¯elle purge actuellement. «On n¡¯arrive plus à compter le nombre de condamnations, quasiment chaque année elle repasse devant un tribunal» déplore le représentant d¡¯ACAT France, «mais je pense qu¡¯à ce stade-là, elle a dépassé complètement la pression que peut exercer le régime contre elle».
Un prix pour toutes les militantes iraniennes
En récompensant Narges Mohammadi, le comité norvégien a également récompensé les centaines de milliers de personnes qui manifestant actuellement en Iran contre les politiques de discrimination et d¡¯oppression visant les femmes du régime théocratique, en place depuis 1979.
Selon Elias Geoffroy, l¡¯attribution de ce prix Nobel est doublement symbolique, car il intervient un an après la mort de Mahsa Amini, étincelle de l¡¯insurrection sans précédent contre le régime iranien, mais aussi vingt ans après l¡¯attribution du même prix à une autre défenseure des droits de l¡¯homme en Iran, Shirin Ebadi. Cette avocate et ancienne juge milite également pour la liberté d¡¯expression et les droits des femmes.
Un combat qui se transmet de génération en génération
Le prix Nobel 2023 témoigne ainsi de l¡¯engagement de trois générations de femmes, qui continuent à se passer le flambeau pour obtenir justice. «Narges Mohammadi a 51 ans, c¡¯est donc une militante relativement jeune». En comparaison, ajoute Elias Geoffroy, «Shirin Ebadi a 76 ans. On voit donc qu¡¯il y a une continuité et un même engagement qui se transmet de génération en génération (¡). Malgré la répression que l¡¯on peut connaître dans ce pays, l¡¯engagement pour les droits humains et les droits des femmes reste extrêmement important».
«La remise d¡¯un prix c¡¯est toujours aussi une difficulté supplémentaire pour celui qui le reçoit», tempère toutefois le spécialiste de l¡¯Iran. «On a bien vu que lorsque Shirin Ebadi a reçu son prix il y a 20 ans, elle a été encore plus visée et attaquée par le régime, et c¡¯est ce qu¡¯il risque d¡¯arriver à Narges Mohammadi». Mais pas de quoi faire faiblir son combat selon ACAT.
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