Le µţ°ůĂ©˛őľ±±ô au cĹ“ur du problème amazonien
C’était l’une des promesses de campagne de Lula: mettre un terme à la déforestation illégale de l’Amazonie. Le récemment élu président brésilien a depuis précisé son calendrier, il souhaite l’éradiquer d’ici 2030. Le principal défi de ce sommet régional, qui se tient du 8 et 9 aout à Belém au Brésil, est donc d’obtenir un engagement commun sur la fin de la déforestation illégale entre tous les pays qui se partagent cette forêt tropicale: Brésil, Bolivie, Colombie, Équateur, Guyane, Pérou, Suriname, ou encore Venezuela.
Le Brésil n’a pas été choisi comme destination d'accueil pour ce sommet par hasard: le pays abrite 60% de la forêt amazonienne, et la ville Belém doit accueillir la COP30 en 2025. C’est donc un tour de chauffe pour cette ville portuaire de 1,3 millions d’habitants.
L’ONG Greenpeace France estime que 20% de la forêt amazonienne a été complètement perdue, sans compter la forêt dégradée. Cela s’explique par l’élevage intensif bovin, premier facteur de déforestation massive dans le pays, mais aussi par le réchauffement climatique, qui assèche les écosystèmes et dégrade les arbres.
Les conséquences de ces deux facteurs sont nombreuses : perte de biodiversité, destruction des habitats des communautés autochtones, interférence avec l’acheminement de l’eau…
Conséquences planétaires
Les conséquences vont bien au-delà de l'Amérique latine. La forêt amazonienne concentre aujourd’hui 10% des espèces végétales et animales terrestres. On la surnomme souvent «poumon de la terre» car elle constitue un important réservoir de dioxyde de carbone pour la planète. «La détruire c’est non seulement se priver de sa capacité à stocker le carbone, mais c'est aussi relâcher tout le carbone qui a été stocké au préalable par les arbres» déplore Eric Moranval, chargé de campagne Forêts pour Greenpeace France. «L’Amazonie c’est à la fois un puits de carbone et une bombe climatique…».
Le Brésil au cĹ“ur du problème
Selon Eric Moranval, ce sommet est indispensable car il marque le retour d’une politique multilatérale environnementale, mais «c’est le Brésil qui est aujourd’hui au cĹ“ur du problème amazonien». La déforestation a considérablement augmenté ces 4 dernières années sous le mandat de Jair Bolsonnaro. Selon l’Institut national de recherche spatiale (INPE) du Brésil, elle a augmenté de 22% entre aout 2020 et juillet 2021, avec 13 235 kilomètres carrés d'arbres défrichés en un an.
«C’est le pays qui déforeste le plus l’Amazonie mais aussi celui qui développe le plus son agrobusiness» précise-t-il. Cependant, malgré la volonté politique affichée de Lula de protéger l’Amazonie, la marge de manĹ“uvre de son gouvernement est limitée par le parlement qui reste la première force politique du Brésil. Le parti de Bolsanaro, le Parti libéral, est arrivé en tête aux dernières élections d'octobre 2022. «Vous avez parmi les parlementaires deux fils de Jair Bolsonaro !» souligne Eric Moranval. Une preuve selon le spécialiste environmental que l’ère Bolsonaro n’est pas fini et «que les racines sont profondes».
Un appel à l’aide à la communauté internationale
Peu avant l’ouverture du sommet, Lula a appelé «le monde entier» à «nous aider à préserver l’Amazonie». Un appel à la communauté internationale légitime selon Eric Moranval : «le Brésil est le troisième pays exportateur d’aliments au monde, et pourtant vous avez presque 60% de la population qui est en état d’insécurité alimentaire ! Le produit de la déforestation, il bénéficie à la communauté internationale, donc on a besoin de législations fortes aujourd’hui de sa part pour interdire la vente de produits issues de la déforestation».
Un législation inédite a récemment été prise par Bruxelles en ce sens. En juin dernier, le règlement de l’Union européenne relatif aux chaînes d’approvisionnement «zero déforestation» est entrée en vigueur. Il interdit la commercialisation de produits issus de la déforestation ou de la dégradation de la foret. Les opérateurs et les commerçants disposent de 18 mois pour se mettre en conformité.
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