Oujda, cul-de-sac de milliers de migrants
Entretien réalisé par Xavier Sartre ¨C Cité du Vatican
La guerre, la famine, les persécutions religieuses ou politiques, le changement climatique ou la pauvreté : les réfugiés et les déplacés internes sont environ cent millions aujourd¡¯hui à travers le monde selon le HCR, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés. À ce nombre s¡¯ajoute tous ceux qui tentent d¡¯avoir une vie meilleure loin de chez eux, mais qui ne le peuvent via les canaux légaux, et se retrouvent aux mains des trafiquants d¡¯êtres humains ou coincés dans un pays tiers.
C¡¯est le cas de migrants d¡¯origine subsaharienne qui, après avoir traversé l¡¯Algérie, arrivent au Maroc et aboutissent à Oujda, dans le nord-ouest du pays. 35 nationalités cohabitent dans le centre géré par Caritas. Les migrants y sont accueillis pendant une période allant de quelques jours à six mois, le temps de se restaurer, de se reposer après un voyage le plus souvent éprouvant, en particulier l¡¯hiver, quand certaines souffrent d¡¯engelures qu¡¯il faut parfois amputer.
Aloysius John, secrétaire général de Caritas Internationalis s¡¯est rendu sur place il y a quelques jours pour se rendre compte de la situation et des besoins. Il s¡¯est entretenu avec ces hommes pour la plupart en quête d¡¯une vie meilleure, «souvent poussés par le changement climatique», relate-t-il. «Leur famille a déjà quitté le village pour aller en ville où leurs amis sont déjà partis pour l¡¯étranger». Motivés par ces exemples, ils commencent alors un long périple qui les amène à Oujda où ils restent bloqués. Le Maroc tente de les empêcher de rejoindre l¡¯Espagne, soit par la mer soit par les enclaves de Ceuta et Melilla et ils sont dans l¡¯incapacité de retourner chez eux.
Si certains veulent poursuivre le voyage, convaincus que la vie sera bien meilleure en Europe, d¡¯autres comprennent leur erreur, comme ils l¡¯ont confié à Aloysius John. En réalité, «ils ne veulent pas quitter leur pays mais ils le font car c¡¯est une question de survie» pour eux et pour leur famille. «Ce n¡¯est donc pas en construisant des murs, en payant le Maroc pour qu¡¯il les garde chez lui qu¡¯on va résoudre le problème» explique le secrétaire général de Caritas. Les migrations ne s¡¯arrêteront pas, car «ces gens sont aveuglés par la souffrance» et sont prêts à tout pour partir.
«Le défi aujourd¡¯hui est de savoir comment développer ces pays pour que ces jeunes qui sont formés ou qui peuvent travailler puissent rester chez eux en restant dignes. Aujourd¡¯hui, il y a une quête pour la dignité, pour la survie». Caritas Internationalis prend sa part et mène des actions dans ces pays, mais «ce sont des gouttes d¡¯eau dans l¡¯océan» reconnait Aloysius John qui n¡¯entend pas baisser les bras pour autant.
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