La Finlande et la ³§³Ü¨¨»å±ð tent¨¦es par l'OTAN
Jean Charles Putzolu - Cité du Vatican
Le Parlement finlandais a entamé mercredi 20 avril un débat sur l¡¯adhésion du pays à l¡¯Alliance Atlantique. Longtemps partagée sur cette question, la Finlande penche aujourd¡¯hui majoritairement en faveur de son rapprochement avec l¡¯Otan, tout comme son voisin suédois, les deux pays voyant grandir la menace russe depuis le déclenchement de la guerre contre l¡¯Ukraine.
Helsinki et Stockholm, souvent présentés comment pays neutres, ont en réalité déjà rompu avec la neutralité par leur adhésion à l¡¯Union européenne, et, concernant plus spécifiquement la Suède, par sa participation à des opérations extérieures de l¡¯OTAN.
Dissuasion et menaces russes
De son côté, Moscou tente de dissuader Helsinki de franchir le cap, et brandit la menace de conséquences à la fois sur les relations bilatérales et sur la sécurité européenne. La Russie, dont l¡¯un des prétextes pour motiver son agression contre l¡¯Ukraine était de craindre une frontière avec l¡¯OTAN en cas d¡¯adhésion de Kiev, se retrouverait avec une frontière de 2600 kilomètres en cas d¡¯adhésion de la Finlande.
Or, dans les faits, la menace russe a pour conséquence directe de renforcer l¡¯opinion publique en faveur d¡¯une adhésion à l¡¯OTAN, constatant que la neutralité ne constitue plus une garantie de sécurité.
La neutralité n'est plus garantie de sécurité
Pour Chiara Ruffa, professeure en études sur la guerre à l'université suédoise de la Défense, Stockholm et Helsinki prennent acte que leur statut de pays neutres, ou plutôt de pays non alignés militairement, ne suffit plus à garantir leur sécurité. Ce statut a cependant longtemps profité aux deux pays pour cultiver des relations commerciales avec de nombreux partenaires de part et d¡¯autre du «rideau de fer», et a permis à un pays comme la Suède de prospérer économiquement. Chiara Ruffa explique ainsi les divergences de vues dans l¡¯échiquier politique suédois par exemple, sur ce projet d¡¯adhésion. «Le Parti social-démocrate ne voit pas l'idée de rejoindre l'OTAN d'une façon très positive». Il existe aussi un sentiment partagé entre l¡¯exposition à des risques majeurs comme conséquence d¡¯une adhésion, et une protection accrue grâce à l¡¯appartenance à l¡¯Alliance Atlantique. La guerre en Ukraine a sensiblement bougé les équilibres en faisant pencher l¡¯opinion publique en faveur d¡¯une adhésion.
Des conséquences négatives
Il faudra cependant s¡¯attendre à «toute une série de conséquences très négatives, c'est à dire une militarisation que l¡¯on est déjà en train de voir», explique Chiara Ruffa. «La Finlande, surtout la Finlande, mais aussi la Suède, sont en train d'accroître énormément leur budget de défense. Il y a tout un débat sur la façon dont va se positionner la Russie en mer Baltique». Un accroissement significatif de la présence militaire russe dans la Baltique est la conséquence la plus probable. «Dès l¡¯adhésion des pays baltes à l¡¯Union européenne, on avait assisté à un mouvement de navires russes beaucoup plus important».
Peu de risques d'extension du conflit
Cependant, selon l¡¯analyse qu¡¯en fait Chiara Ruffa, «il est peu probable que l¡¯adhésion de la Finlande et de la Suède à l¡¯Otan débouche sur une extension du conflit» entre la Russie et l¡¯Ukraine. «La situation que nous constatons, c¡¯est celle d¡¯une armée russe vraiment en difficulté» qui ne peut pas réellement se permettre l¡¯ouverture de nouveaux fronts. En revanche, explique-t-elle, «si effectivement la Finlande et la Suède rejoignent l'OTAN, cela pourrait un peu affaiblir la cohésion au sein des relations civilo-militaires en Russie, démontrant que le front ukrainien n'a pas abouti à un grand succès, mais a surtout abouti à une accession des pays non-alignés à l'OTAN. Ça pourrait être vu un peu comme une débâcle pour Vladimir Poutine».
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