Nouvelles attaques de rebelles djihadistes au Mozambique
Alessandro Di Bussolo - Cité du Vatican
La violence du groupe islamiste Ansar al Sunna, qui a déclenché en un peu plus de trois ans une très grave crise humanitaire - plus de deux mille victimes civiles directes des affrontements et 700 000 réfugiés, selon les données fournies par les Nations unies - ne connait pas de répit dans le Nord du Mozambique. Depuis ce jeudi 25 mars, une centaine de rebelles islamistes du groupe lié à l'État islamique ont attaqué à plusieurs reprises la ville de Manguna et les quartiers Quibuite et Quilaua de la ville de Palma, quelques heures après l'annonce par le groupe pétrolier français Total de la reprise des travaux de son projet d'extraction de gaz naturel liquide à quelques kilomètres de Palma, près de la frontière avec la Tanzanie. Ces travaux avaient déjà interrompus en raison de l¡¯insécurité en janvier, avec l'évacuation de centaines d'employés.
Le ministère de la défense du Mozambique assure que les forces de sécurité «travaillent à une trêve» et au rétablissement de l'ordre dès que possible, mais ne parvient pas à évaluer le nombre de victimes ni les dégâts causés par la dernière offensive rebelle. Des instructeurs militaires sont arrivés des États-Unis pour former les troupes à Maputo. Le flux de réfugiés a quant à lui repris en raison des violences subies par la population.
Une population en fuite
Le père Edegard Silva, missionnaire brésilien actuellement à Pemba, capitale de la province de Cabo Delgado, dont la paroisse du district de Muidumbe a été le théâtre de l'une des plus violentes attaques terroristes de l¡¯année 2020, a déclaré à l¡¯Aide à l'Église en Détresse que «ces quinze derniers jours, toutes les communautés limitrophes de Palma avaient déjà été attaquées. Nos catéchistes et leurs proches fuient vers les montagnes, mais il est difficile de communiquer avec eux en raison de la faiblesse du signal et de l'état des batteries des téléphones portables».
Dans le diocèse de Pemba, rapporte l¡¯AED, de nombreux prêtres et religieuses ont dû quitter leurs paroisses et missions en raison des attaques armées, et la fondation a déjà fourni une aide d'urgence de 160 000 euros aux personnes déplacées. «Nous courons, courons, pour nous cacher sur la plage. Il y a des fusillades partout», témoigne un habitant en ajoutant que beaucoup de maisons sont désormais à l¡¯abandon.
Les réfugiés représenteraient près de la moitié de la population de la région et les organisations humanitaires actives dans le pays, signalent que 50 % d'entre eux sont des enfants laissés seuls. Certaines provinces, comme celle de Mocimboa da Praia, sont entièrement sous le contrôle du groupe terroriste al-Shabab.
La guerre des ressources naturelles
Un tel déferlement de violence est causé surtout par la volonté de contrôler les immenses richesses découvertes dans le sous-sol du nord du Mozambique entre 2010 et 2013: gisements de gaz pour plus de 5 trillions de mètres cubes, la neuvième plus grande réserve de la planète; mines de rubis et de bauxite, ainsi que du charbon, de l'or, du cuivre, de la fluorine, de l'uranium. La plupart de ces richesses sont exploitées par des multinationales occidentales et les retombées économiques sur la population sont nulles. La province septentrionale de Cabo Delgado reste parmi les plus pauvres du pays.
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