Caritas Liban: aidez-nous !
Entretien réalisé par Xavier Sartre
La colère et le désespoir gagne de plus en plus les Libanais. Dernière preuve en date: une vingtaine de manifestants rassemblés devant le ministère de l¡¯Économie à Beyrouth ont tenté de pénétrer de force à l¡¯intérieur du bâtiment mercredi après-midi pour dénoncer l¡¯hyperinflation et l¡¯érosion du pouvoir d¡¯achat. À titre d¡¯exemple, le litre d¡¯essence a augmenté de 50% depuis le 24 juillet. La livre libanaise, la devise nationale, ne cesse, elle, de dévisser face au dollar, ce qui alimente la crise, de nombreux produits étant achetés en dollars.
«Avant il fallait 1500 livres pour un dollar; maintenant il en faut 15 000. Il a été multiplié par dix. Si votre salaire était équivalent à mille dollars, il a été divisé par dix. Or les gens achètent tous leurs produits en dollars» explique le père Michel Abboud, président de Caritas Liban. «Beaucoup de gens ont perdu leur travail car leur entreprise a fermé. Même les écoles privées catholiques ne paient plus leurs professeurs» poursuit-il.
Appel aux dons
Cette détérioration de la situation générale pousse de plus en plus de familles à solliciter Caritas. Dix fois plus de personnes viennent frapper à sa porte. Cela représente environ 40 000 familles, confirme le carme, qui dirige la Caritas depuis 2020. Cet afflux met à rude épreuve l¡¯organisation. «Avant on pouvait payer la scolarité, des projets sociaux, mais maintenant, on ne peut payer que pour des médicaments et la nourriture pour ne pas mourir,» regrette-t-il.
«Avant, il y avait des gens qui nous aidaient, nous faisaient des dons. Ces mêmes personnes viennent maintenant demander notre aide». D¡¯où un appel à l¡¯aide aux donateurs où qu¡¯ils soient pour soutenir les ?uvres de Caritas Liban.
Confusion des esprits
Voilà sept mois maintenant que les Libanais attendent un nouveau gouvernement. Mais la classe politique ne semble pas presser de former un nouvel exécutif malgré les difficultés que rencontre le pays. Face à cette impasse politique, «les gens sont en colère et ont peur» confie le père Abboud. Une première pour la génération du président de Caritas. Du temps de la guerre, les habitants descendaient dans les abris pour se protéger des bombardements. Pour se protéger maintenant, il n¡¯y a plus d¡¯abris, constate-t-il.
Les gens ont faim, affirme-t-il et ne savent quoi faire face à «un avenir obscur». Or, le Liban n¡¯était pas un pays pauvre, tient-il à préciser. Il est devenu toutefois «un pays volé par les politiciens». «On se prépare face à un cas d¡¯urgence. On ne sait pas quand, mais on se prépare» ajoute-t-il.
En manque de repères, les Libanais chrétiens se tournent vers l¡¯Église et attendent beaucoup de Caritas, reconnait le père Abboud. D¡¯où son conseil à ses agents de faire preuve de patience et de compréhension envers les Libanais, plongés dans la douleur, qui demandent de l¡¯aide.
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