ÃÛÌÒ½»ÓÑ

Recherche

Une rue conduisant au Parlement bloqu¨¦e par un mur en b¨¦ton ¨¦rig¨¦ par la police ¨¤ Beyrouth, le 27 janvier 2020 Une rue conduisant au Parlement bloqu¨¦e par un mur en b¨¦ton ¨¦rig¨¦ par la police ¨¤ Beyrouth, le 27 janvier 2020 

Face ¨¤ la paralysie politique, quelle voie de sortie de crise au Liban?

Six mois apr¨¨s la double explosion qui a frapp¨¦ le port de Beyrouth, le Liban est plong¨¦ dans un marasme ¨¦conomique et institutionnel sans pr¨¦c¨¦dent. Cette semaine, plusieurs pays ¨¦trangers ont appel¨¦ ¨¤ la formation d¡¯un gouvernement.

Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani ¨C Cité du Vatican

La reconstruction s¡¯éternise au Liban. Depuis la catastrophe du 4 août dernier dans le port de Beyrouth, c¡¯est tout le pays qui semble continuer de se désagréger. La situation économique, sociale et politique n¡¯a pas connu d¡¯amélioration en six mois.

Plus de 55 % de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté et 23 % sous le seuil d'extrême pauvreté, selon l'ONU. Les prix à la consommation ont augmenté de 133 % en un an, selon les dernières estimations de l'Administration centrale de la statistique, et le ministère de l'Economie a décidé le 1er février dernier de relever le prix plafonné de la rabta - le sachet de pain arabe.  

À Tripoli, mais également à Minié, Baalbeck et Hasbaya, - en majorité dans les régions sunnites de cet État multiconfessionnel - des manifestations parfois violentes ont eu lieu, pour contester l¡¯incurie du gouvernement et la gestion de la pandémie.


Coups de semonce depuis l'étranger

«Nous sommes aujourd¡¯hui dans une situation de quasi État défaillant, avec un effondrement économique, une désintégration du tissu social». «Évidemment, ceci menace à terme l¡¯unité du pays», estime Walid Charara, éditorialiste au quotidien libanais Al Akhbar et membre du Centre consultatif pour les études et la documentation.

À ses yeux, le Liban a besoin «d¡¯un gouvernement national qui puisse élaborer une stratégie de sortie de crise sur le moyen et le long-terme». C¡¯est d¡¯ailleurs ce qu¡¯ont réclamé cette semaine le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, et son homologue français, Jean-Yves Le Drian, en appelant le 4 février les responsables libanais à mettre en ?uvre leur engagement de former un gouvernement. Il s¡¯agit d¡¯une condition sine qua non à un «soutien structurel et de long terme» de la communauté internationale, ont-ils fait comprendre.

La veille, le président égyptien, Abdel Fattah el-Sissi, s¡¯était entretenu au Caire avec le Premier ministre libanais désigné, Saad Hariri, exhortant lui aussi à hâter la formation d'un cabinet «indépendant».

La volonté du peuple

Si la pression internationale pourrait faire bouger les lignes, le poids de la contestation populaire n¡¯est pas à exclure. Selon Walid Charara, la situation actuelle «n¡¯est pas irrémédiable, parce que la volonté d¡¯une majorité populaire pourrait inverser les choses» et «refonder l¡¯État libanais et la société libanaise sur de nouvelles bases».  

Confrontée à «une crise de légitimité sans précédent», l¡¯ensemble de la classe politique doit trouver un nouveau souffle, «mais il n¡¯y a pas pour le moment de force politique alternative». «Du fait de la nature du système politique», précise-t-il en excluant l¡¯arrivée au pouvoir de l¡¯armée, «la seule voie de sortie, c¡¯est le compromis».

D¡¯après lui, les dirigeants doivent aussi absolument repenser la vision du rôle du Liban dans la région, et sa stratégie économique. Au-delà d¡¯une crise institutionnelle et économique, «il s¡¯agit de la survie même du pays qui est en jeu».

Entretien avec Walid Charara

Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester inform¨¦, inscrivez-vous ¨¤ la lettre d¡¯information en cliquant ici

06 f¨¦vrier 2021, 07:00