Burkina Faso: un peuple en qu¨ºte de paix et d¡¯un changement de gouvernance
Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani ¨C Cité du Vatican
Ce scrutin, législatif et présidentiel, forme un défi logistique et sécuritaire pour le Burkina Faso. 860 villages ne pourront pas voter en raison de l¡¯insécurité, dont près de 55% se trouvent dans la région du Sahel selon la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Depuis cinq ans, le nord et l¡¯est du pays font face à une recrudescence d¡¯attaques djihadistes, qui auraient fait 1665 morts selon un décompte du Conseil économique et social du Burkina Faso. Des conflits inter-communautaires y sont souvent mêlés. Ce phénomène profondément affecté l¡¯économie et la société de ce pays enclavé, autrefois réputé paisible.
Des attentes sécuritaires, économiques et sociales
Le Burkina Faso avait toutefois réalisé une révolte populaire en 2014, conduisant à la chute du président Blaise Compaoré, après 27 ans au pouvoir. Élu au premier tour en 2015, Roch Marc Christian Kaboré, l¡¯actuel chef de l'État, se représente dimanche face à 12 autres candidats.
À la différence des élections qui se sont déroulées en Guinée et en Côte d¡¯Ivoire, celle de dimanche ne souffre d¡¯aucune dispute constitutionnelle. «Il y a eu une vraie campagne électorale», tient à souligner Gilles Yabi, directeur et fondateur de Wathi, groupe de réflexion citoyen de l¡¯Afrique de l¡¯Ouest. Les candidats ont pu se déplacer, faisant «campagne sur des idées, et non pas simplement sur une dénonciation des conditions d¡¯organisation de cette élection».
Les attentes des Burkinabès sont «économiques et sociales», inséparablement liées à l¡¯amélioration du climat sécuritaire. «Le bilan de Kaboré, très clairement, sur le plan de la sécurité est négatif, mais en même temps, il y a un sentiment assez partagé autour du fait qu¡¯aucun acteur politique n¡¯aurait peut-être fait mieux», explique Gilles Yabi, l¡¯insécurité étant le «résultat d¡¯une dégradation de la situation [aux] frontières» du pays. Par ailleurs, après la chute de Blaise Compaoré, son successeur «s¡¯est retrouvé avec un appareil sécuritaire déstructuré, et dans ces conditions, il était difficile de faire face à une menace déjà très présente dans l¡¯environnement régional».
Un vote crucial pour l¡¯équilibre de la région
Cependant, Roch Marc Christian Kaboré est présent sur la scène politique «depuis des décennies», et «il y a une forme de lassitude par rapport à l¡¯ensemble de cette classe politique [¡] qui n¡¯a pas réussi à impulser un véritable progrès économique et social dans ce pays», relève Gilles Yabi. «Il faut absolument qu¡¯après les élections, le nouveau gouvernement montre des signes forts de changement de gouvernance et de restauration d¡¯une forme de cohésion nationale qui est indispensable pour faire face à l¡¯ensemble des défis» se présentant au Burkina Faso et dans la région.
Gilles Yabi analyse également l¡¯importance de ce vote pour la région sahélienne. Mais il revient d¡¯abord sur l¡¯état des forces politiques à l¡¯intérieur du pays, et sur la manière dont s¡¯est déroulée la campagne électorale.
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