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Deux iraniennes en promenade ¨¤ T¨¦h¨¦ran, le 30 avril 2020 Deux iraniennes en promenade ¨¤ T¨¦h¨¦ran, le 30 avril 2020 

En Iran, un mois de d¨¦confinement et la crainte d¡¯un rebond

Alors que la phase de sortie du confinement d¨¦bute ¨¤ peine dans plusieurs pays d¡¯Europe, elle a commenc¨¦ le 11 avril dernier en Iran. Le gouvernement iranien a choisi la poursuite de l¡¯activit¨¦ ¨¦conomique, m¨ºme si l¡¯¨¦pid¨¦mie n¡¯¨¦tait pas enray¨¦e. Mais les appels ¨¤ la prudence restent d¡¯actualit¨¦ dans le pays le plus touch¨¦ du Moyen-Orient par le Covid-19.

Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani ¨C Cité du Vatican

Le 4 mai dernier, les mosquées iraniennes ont rouvert dans certains comtés du pays jugés moins touchés par le Covid-19, mais ce même jour, un net rebond du nombre de décès et des nouveaux cas de contamination au coronavirus a été enregistré: entre dimanche midi et lundi à la mi-journée, 74 décès supplémentaires ont été recensés, ce qui porte à 6 277 le nombre de morts dus au virus, selon les chiffres annoncés par le porte-parole du ministère de la Santé, Kianouche Jahanpour. Le nombre de cas approche aujourd¡¯hui les 100 000. Cet exemple montre bien la situation délicate dans laquelle se trouve la République islamique, entre reprise progressive des activités ¨C jugée prématurée par certains, comme le conseil médical de la République islamique d'Iran, plus ancienne ONG représentant les professionnels iraniens du secteur ¨C et évolution incertaine de l¡¯épidémie.

Une crise économique qui s¡¯aggrave

À l'étranger et à l'intérieur même du pays, certains soupçonnent les chiffres officiels d'être largement sous-estimés. Le président Hassan Rohani a quant à lui affirmé lundi que l'Iran «avait réussi à empêcher efficacement la propagation de ce virus dans de nombreuses» régions du pays. Durant cette réunion par visioconférence du Mouvement des pays non alignés, retransmise à la télévision d'État, Hassan Rohani a aussi critiqué les sanctions «antidroits humains» des États-Unis contre la République islamique, qui ont selon lui entravé ses efforts pour contrôler le virus, car elles empêchent les entreprises de vendre à l'Iran leurs produits médicaux.

Les sanctions américaines n¡¯ont en effet rien arrangé à la situation économique du pays, qui s¡¯est aggravée durant la crise sanitaire. Comme l¡¯explique Amélie Myriam Chelly, chercheuse associé au CADIS, spécialiste de l¡¯Iran, le taux d¡¯inflation est désormais de 40% et le prix du baril de pétrole a atteint un niveau «historiquement bas»: 33$, sachant que le pétrole représente 40 % des recettes budgétaires du pays. Il faudrait qu¡¯il se situe plutôt entre 90 et 95$ pour permettre d¡¯établir des plans d¡¯équipement médical, explique la chercheuse. Face à ces difficultés, le gouvernement iranien a formulé plusieurs demandes d¡¯aides et de levée de sanctions, par exemple auprès du FMI. Il a aussi permis la réouverture progressive des commerces et les déplacements interrégionaux, dès le mois d¡¯avril, pour conserver un minimum d¡¯activité économique. Il soutient également le secteur de la recherche, «extrêmement vivace» en Iran, afin de trouver un traitement contre le Covid-19.

Une société éprouvée

Les Iraniens quant à eux font face à davantage de précarité - jusqu'à 7,3 millions de travailleurs pourraient perdre leur emploi en raison des conséquences économiques de l'épidémie, d¡¯après Le Point -, et plongent dans un «désespoir maladif» véritable «pathologie sociale qui empêche la population d¡¯envisager un avenir clair», selon Amélie Myriam Chelly. La population est aussi appelée à suivre les injonctions des autorités, comme la distanciation sociale, pour éviter que le virus ne regagne du terrain. «S¡¯il y a une deuxième vague, le pays ne sait absolument pas comment il va pouvoir faire face», explique la spécialiste de l¡¯Iran, car «toutes les forces ont été mobilisées pour affronter l¡¯afflux des malades dans les hôpitaux». Garder ses distances, une mesure toutefois difficile à mettre en ?uvre à Téhéran, avec ses huit millions d'habitants, et dans les grandes villes de province. Par ailleurs, le matériel médical continue de manquer, même si l¡¯Iran en a reçu de pays alliés, notamment du Qatar. Le port du masque est désormais obligatoire dans les métros et transports publics.

Pour Amélie Myriam Chelly, de nouvelles manifestations sont «tout à fait possibles», après celles de novembre 2019 et janvier 2020, surtout si les Iraniens réalisent qu¡¯une frange de la population s¡¯enrichit en raison des sanctions et de la crise économique liée à la crise sanitaire.

Mais avant d¡¯évoquer l¡¯avenir, la chercheuse revient sur les dernières semaines, où s¡¯est déroulé un confinement qui n¡¯est «pas comparable à ce que l¡¯on a pu observer en Europe».

Entretien avec Amélie Myriam Chelly

(Avec Le Point, RFI et AFP)

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06 mai 2020, 07:07