L'inqui¨¦tude de la CENCO face ¨¤ Ebola en RDC
Marine Henriot - Cité du Vatican
En République démocratique du Congo, l¡¯épidémie d¡¯Ebola déclarée il y a deux semaines continue sa propagation. Mardi 22 mai, les autorités congolaises et l¡¯OMS (Organisation Mondiale de la Santé) annonçaient le décès d¡¯une 27eme personne dans la ville de Mbandaka, située de l¡¯ouest du pays, bordant la frontière congolaise.
La situation sanitaire inquiète la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), qui a tenu à adresser à la population congolaise un message de solidarité. «La confirmation d¡¯un premier cas d¡¯Ebola à Mbandaka, une zone urbaine», écrit Mgr Marcel Utembi Tapa, archevêque de Kisangani et président de la CENCO, «nous préoccupe profondément étant donné les risques très élevés de propagation et de contamination de cette maladie». Dans sa lettre, l'archevêque salue le travail des autorités, celui des organisations internationales et invite ses concitoyens à «faciliter le travail des experts et à observer strictement les mesures de protection contre cette maladie».
Maladie mystique et sorcellerie
«Faciliter le travail des experts» : une invitation indispensable alors que de nombreux habitants de Mbandaka, ville de 1,2 millions d¡¯habitants, refusent de recevoir des soins dans les hôpitaux, rapporte l¡¯AFP. Croyant que la maladie relève de la sorcellerie, certains malades vont préférer la prière au traitement médical. «De nombreuses personnes croient que l¡¯épidémie actuelle est un mauvais sort jeté sur ceux qui ont mangé une viande volée en brousse», témoigne Julie Lobali, une infirmière en première ligne de cette neuvième épidémie d¡¯Ebola.
Mauvais sort, maladie mystique, sorcellerie¡ les croyances ne manquent pas dans la bouche des Congolais pour justifier la présence d¡¯Ebola dans leur pays. Du point de vue culturel, «autant de morts est la manifestation d'un mauvais sort et ne peut être provoqué que par un mauvais génie», explique Zacharie Bababaswe, spécialiste congolais de l'histoire des mentalités, à l¡¯AFP.
Neuvième épidémie en RDC
C¡¯est pourtant la neuvième fois que la maladie à virus Ebola sévit sur le sol congolais depuis 1976. Provoquant fièvre, vomissements et diarrhées intenses, le virus est particulièrement redouté en raison de son fort taux de létalité. Ces deux dernières semaines en RDC, 27 personnes sont mortes sur 51 cas confirmés ou suspects.
Identifié pour la première fois en 1976 en RDC, la virus circule parmi les chauve-souris mangeuses de fruits. Considérées comme l'hôte naturel d¡¯Ebola, les chiroptères ne développent pas la maladie. Chez les êtres humains, le virus se transmet par les fluides corporels d¡¯une personne malade, comme le sang, les vomissures ou les matières fécales. Actuellement, il n¡¯existe aucun vaccin ni traitement commercialisé pour faire face à Ebola. Les autorités congolaises et l¡¯OMS distribuent à la population des vaccins expérimentaux, tels que le «rVSV-ZEBOV» utilisé en Guinée en 2015 et qui s¡¯est révélé très efficace.
Débutée dans le sud de la Guinée en décembre 2013, l¡¯épidémie la plus violente avait fait jusqu¡¯en janvier 2016, 11.300 morts.
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