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Un soldat ukrainien d'une unit¨¦ d'artillerie tire en direction des positions russes ¨¤ l'ext¨¦rieur de Bakhmout, le 8 novembre 2022, lors de l'invasion russe de l'Ukraine. Un soldat ukrainien d'une unit¨¦ d'artillerie tire en direction des positions russes ¨¤ l'ext¨¦rieur de Bakhmout, le 8 novembre 2022, lors de l'invasion russe de l'Ukraine.   (ANSA)

3 ans de guerre en Ukraine: l'?glise fait confiance en ?Dieu qui ne d¨¦?oit pas?

? l'occasion de la comm¨¦moration, le 24 f¨¦vrier prochain, du troisi¨¨me anniversaire du d¨¦but de la guerre en Ukraine, les ¨¦±¹¨º±ç³Ü±ð²õ ukrainiens appellent ¨¤ une journ¨¦e de pri¨¨re et de je?ne intenses pour le pays.

Svitlana Dukhovych - Cité du Vatican 

Lundi 24 février marquera le troisième anniversaire de l¡¯invasion russe en Ukraine, alors que de violents combats se poursuivent sur le terrain entre Kiev et Moscou. En raison de ce conflit qui a fait «des milliers de morts» selon les Nations unies, et «détruit des infrastructures vitales, mettant l'économie à rude épreuve», «plus de 6,3 millions de réfugiés ont fui vers les pays voisins et 3,7 millions de personnes sont déplacées à l'intérieur du pays». Attristés par cette situation, les évêques ukrainiens continuent de placer leur confiance en Dieu. Ils soutiennent «que notre espérance est toujours dans le Seigneur qui ne déçoit pas», et expriment leur «gratitude aux militaires ukrainiens qui protègent notre pays».

Excellence, avec quels sentiments commémorez-vous le troisième anniversaire de la guerre à grande échelle?

Tout d'abord, avec un sentiment de grande gratitude envers Dieu pour le fait que, malgré trois années d'invasion par le plus grand pays du monde -car la Russie occupe environ 11% du territoire de la planète- nous existons toujours en tant que nation; notre langue et notre culture existent. Nous ressentons cette gratitude car nous voyons que Dieu nous aide, nous voyons que la prière porte ses fruits. De nombreux chrétiens prient pour nous. Le Saint-Père prie pour nous et nous voyons que Dieu entend ces prières et nous vient en aide. Nos croyants ont vécu ces trois années en plaçant leur espérance dans le Seigneur qui est le Roi de la Paix.

Les thèmes chosis par nos évêques latins dans ce contexte de guerre, le démontrent. La première année de l'invasion massive de l'Ukraine par la Russie a été déclarée Année de la Sainte Croix; les évêques ne savaient pas encore que la guerre était sur le point de commencer. La deuxième année a été consacrée à la Divine Miséricorde: nous avons beaucoup demandé à Dieu de nous venir en aide et d'arrêter cette guerre.

Cette dernière année, 2024, a été dédiée à Saint Michel Archange. Ce sentiment de grande gratitude envers Dieu s'accompagne également d'un sentiment de grande injustice et parfois, pour dire la vérité, de désespoir, car des dizaines de drones, parfois des missiles balistiques, attaquent nos villes presque chaque nuit. Par exemple, la nuit dernière [ndlr: le 18 février] - j'ai déjà lu les nouvelles - ici à Kiev, nous avons entendu le bruit de drones qui passaient tout près du centre. Selon nos informations, notre pays a été attaqué par 176 drones russes. Les gens sont un peu fatigués parce que chaque nuit, ils entendent le bruit de ces drones et des explosions parce que la défense antiaérienne les abat. Beaucoup ont peur, beaucoup de familles ont des enfants; ils les réveillent, ils essaient de les cacher, au moins dans les pièces les plus protégées de leurs appartements, souvent dans les salles de bain. Ainsi, chaque guerre est une grande douleur.

L'Ukraine n'est pas un agresseur. C'est un pays qui s'est développé pacifiquement et qui aspire à appartenir à la famille des nations européennes parce qu'il partage les valeurs européennes. Il y a quelques jours -car nous ne parlons pas beaucoup de statistiques- notre président Zelensky a parlé de 46 000 soldats ukrainiens tués dans cette guerre, de plus de 300 000 soldats blessés et de dizaines de milliers de personnes disparues ou retenues en prison par la Russie. Même au sein de la population civile, on dénombre près de 10 000 morts et près de 18 000 blessés. On ne compte pas non plus le nombre de civils tués dans les territoires occupés, par exemple à Marioupol. La Russie a enlevé et déporté 19 500 enfants. Depuis le début de la guerre, 600 enfants ukrainiens ont été tués et 1 600 ont subi des blessures plus ou moins graves. Toutes ces statistiques conduisent parfois au désespoir, mais ensuite, comme le font les croyants, nous tournons notre regard vers le Seigneur et essayons d'aller de l'avant.

Quelles initiatives mettez-vous en place au niveau du diocèse et de la Caritas-Spes que vous présidez, pour commémorer cette journée?

Je voudrais tout d'abord mentionner l'appel que nos évêques préparent à l'intention de nos fidèles pour le troisième anniversaire de la guerre, le 24 février. Comme tous les évêques, je l'ai déjà lu pour proposer des corrections ou des ajouts. Dans cet appel, les évêques rappellent que le Pape François a consacré cette année jubilaire au thème de l'espérance. Les évêques soulignent que notre espérance repose toujours sur le Seigneur qui ne déçoit pas, et expriment leur gratitude aux militaires ukrainiens qui protègent notre pays. Ils adressent un message de solidarité aux familles des militaires, aux assistants, aux médecins, aux blessés et aux Ukrainiens qui sont contraints de vivre à l'étranger. Ensuite, les évêques rappellent avec gratitude les efforts diplomatiques du Saint-Siège et du Pape François, qui ne se lasse pas d'inviter le monde à prier pour l'Ukraine. Les évêques demandent que cette journée du 24 février soit une journée de prière et de jeûne intenses. Les malades sont appelés à unir leurs souffrances à celles du Christ et à les offrir pour l'Ukraine. Tout cela pour la conversion des pécheurs et la paix juste tant attendue.

En ce qui concerne Caritas, le 24 février est un jour de travail pour nous. Toutefois, dans la soirée, comme nous sommes une organisation religieuse, nos travailleurs ont organisé, avec la Caritas de l'Église grecque catholique, une prière commune pour la paix dans notre pays. Cette prière aura lieu dans l'église catholique romaine de Saint-Nicolas, qui est pour nous, ici à Kiev, un lieu symbolique, car elle est aussi un témoin de la guerre: au début de la guerre, elle est devenue un entrepôt pour les biens humanitaires arrivant en Ukraine de différentes parties du monde. Les camions d'aide étaient déchargés devant l'église, puis acheminés vers les villes détruites. Il y a peu de temps [ndlr: le 20 décembre 2024], des missiles balistiques sont tombés et ont explosé à quelques mètres de l'église. L'église a été endommagée, les vitraux historiques ont été détruits. Nous essayons donc de faire une prière commune pour la paix dans cette église. Après la prière commune, nous voulons également organiser une réunion en ligne au cours de laquelle les responsables de Caritas Internationalis et de Caritas Europe pourront nous adresser des mots de soutien, et nous pourrons exprimer notre gratitude pour l'aide que nous recevons de toutes les Caritas du monde.


Quels sont les plus grands défis humanitaires en Ukraine en ce moment? Et comment Caritas Spes essaie-t-elle d'aider les gens à faire face à ces défis?

Lorsqu'une guerre ou une autre catastrophe survient, toute aide que nous pouvons imaginer est utile. Avec l'aide de nos partenaires internationaux, nous essayons de mettre en ?uvre de nombreux projets dans différents domaines. À l'heure actuelle, nous avons environ 54 centres d'aide répartis dans tout le pays, par l'intermédiaire desquels nous essayons de distribuer de la nourriture, des produits de première nécessité, des produits d'hygiène; nous essayons d'apporter un soutien psychologique, nous aidons avec des bons pour l'achat de produits alimentaires ou de médicaments. En particulier, nous essayons d'organiser des vacances pour les enfants, tant en Ukraine qu'à l'étranger. Tout d'abord, nous faisons venir des enfants de familles de militaires. Nous essayons de réparer les maisons et les appartements détruits qui se trouvent à proximité des zones de combat, car jusqu'à présent, de nombreuses familles y vivent; certaines familles qui avaient fui reviennent même. Nous poursuivons les mêmes projets qu'avant la guerre: soutien aux enfants handicapés qui ont été quelque peu abandonnés pendant la guerre, aide aux personnes âgées en grande difficulté.

L'aide continue-t-elle d'arriver ou le soutien de vos partenaires internationaux a-t-il diminué?

Actuellement, nous travaillons avec plus de 100 partenaires internationaux et, depuis le début de la guerre, nous avons reçu environ 45 millions d'euros pour tous ces projets. Heureusement, l'aide continue d'arriver. Les organisations internationales, et en premier lieu Caritas dans les pays européens et au-delà, ne nous ont pas laissés seuls depuis le début de la guerre. Leur aide est pour nous l'expression de la solidarité de toute l'Église catholique, qui non seulement prie pour nous, mais aussi aide notre peuple, que la guerre a mis dans une situation très difficile. Cependant, si l'on compare avec le début de la guerre, cette aide diminue lentement. Cette année, en 2025, nous prévoyons de mettre en ?uvre des projets d'une valeur d'environ 6 millions d'euros. Les années précédentes, en revanche, les chiffres étaient les suivants: en 2022, près de 8 millions; en 2023, près de 15 millions et en 2024, près de 17 millions. Mais nous sommes toujours reconnaissants pour la voiture qui arrive.

Quel message souhaiteriez-vous adresser aux catholiques du monde entier à l'occasion de ce triste anniversaire?

Si nous parlons des catholiques, c'est qu'ils sont censés être des croyants. Je voulais donc souligner que nous devons être conscients qu'il ne s'agit pas seulement d'une guerre, mais d'une nouvelle tentative du diable de déclencher la Troisième Guerre mondiale. La guerre apporte toujours la mort, la douleur, la souffrance, la haine, l'injustice et tant de péchés. Le diable espère une «récolte abondante». Seuls les hommes de prière et de paix peuvent arrêter cette guerre. C'est pourquoi mon appel, surtout maintenant - alors que l'on parle tant de paix et que les premières mesures ont été prises pour établir cette paix - est de renforcer notre prière, car il ne s'agit pas seulement de la paix en Ukraine, mais aussi de la paix dans tous les pays d'Europe et dans le monde entier.

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20 f¨¦vrier 2025, 11:17