Le PACTPAN s¡¯engage dans la lutte contre la traite des ¨ºtres humains
Stanislas Kambashi, SJ ¨C Cité du Vatican
L¡¯enjeu de cette campagne est de mettre en lumière le problème alarmant du fléau de la traite des êtres humains et de l¡¯esclavage moderne, et d'encourager une action mondiale en vue de leur éradication. Le webinaire de ce samedi aura pour thème «Redonner l'espoir à l¡¯Afrique». Un appel en lien avec l¡¯invitation du Jubilé à libérer effectivement ceux qui sont en captivité. Tout en disant «Non» à la traite des êtres humains, les personnes connectées vont s¡¯engager à faire un plaidoyer en vue de l¡¯éradication de ce fléau. Les organisateurs veulent sensibiliser aussi bien les jeunes, les personnes vulnérables, que les autorités gouvernementales et tous les acteurs sociaux, pour une prise de conscience de la réalité de ce phénomène et de son ampleur.
Plus de 22 500 personnes déjà inscrites seront connectées via Zoom. D¡¯autres pourront suivre sur Youtube, a indiqué Roger Dayamba Bindré, sociologue de formation, doctorant à l¡¯université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, au Burkina Faso et membre du Réseau panafricain de théologie catholique et de pastorale.
Créer des centres de formation pour lutter contre la traite des êtres humains et l¡¯esclavage moderne
À long terme, le PACTPAN vise la création de centres de formations où les jeunes, en particulier, pourront apprendre des métiers. Ceci, dans le but de créer des opportunités localement, afin que les jeunes Africains ne puissent pas s¡¯aventurer dans des tentatives périlleuses de migrer, avec le risque de tomber dans la traite, dans l¡¯esclavage ou d¡¯affronter la Méditerranée. Il s¡¯agira également de faire prendre conscience à ces jeunes filles et garçons de leurs capacités et de la manière dont ils peuvent les valoriser, en les mettant au service de leurs pays et de leur continent.
Un constat alarmant dans des pays africains
Parlant de la traite des êtres humains dans certains pays africains, Roger Dayamba fait part d¡¯un constat alarmant, tout en regrettant que certains Africains «se comportent en bourreaux de leurs propres frères Africains». «Ils profitent de la vulnérabilité et de la précarité sociale et économique des jeunes, des femmes, pour leur imposer ce que je peux qualifier de travail forcé ou d'esclavage docile».
Parmi ces formes d¡¯esclavage, le sociologue burkinabè indique l'exploitation sexuelle, le prélèvement des organes, l'exploitation des migrants ou des femmes à des fins de prostitution, le travail forcé des enfants dans des zones de conflits ou sur des sites d'orpaillage. «Plusieurs jeunes femmes sont attirées par des offres d'emploi alléchantes en Europe, en Amérique, en Asie ou même en Afrique», mais elles rencontrent la désillusion ou toute forme d¡¯abus. «C¡¯est une triste réalité et nous espérons qu'avec notre engagement, nous allons y arriver¡ en tant que chrétiens, nous ne voulons pas rester silencieux face à cette triste réalité et ce triste constat, dont le Pape parle dans plusieurs de ses discours d¡¯orientation pastorale», souligne Dayamba.
Conscientiser et dénoncer des réalités honteuses
Face à ces fléaux et à ces constats alarmants, le PACTPAN s¡¯illustre comme «un puissant réseau qui n¡¯est pas qu¡¯en Afrique», mais qui a des représentants aussi «dans la diaspora» et qui font plusieurs plaidoyers. Le premier moyen dont dispose ce réseau, ce sont donc ses ressources humaines et les formations qu¡¯il offre, surtout en faveur des jeunes.
Dans sa lutte contre la traite des êtres humains et l¡¯esclavage moderne, il envisage organiser des ateliers et lancer cette grande campagne afin de sensibiliser plusieurs personnes, les décideurs et les survivants de ces formes de traites, afin de relever ensemble le défi et de dénoncer ces réalités honteuses qui touchent des catégories vulnérables. Après le lancement dans 31 pays ce 8 février, cette campagne de conscientisation devra s¡¯étendre à d¡¯autres pays et sur d¡¯autres continents, indique le sociologue burkinabè.
Impliquer les décideurs africains
Pour cette campagne de sensibilisation vaste et ambitieux, le PACTPAN a fixé 2030 comme horizon. Ses membres espèrent pouvoir atteindre leurs objectifs, notamment une grande prise de conscience devant conduire à des actions conséquentes pour l'éradication de la traite des êtres humains, et «libérer les captifs».
Le réseau compte aussi sur la participation des décideurs africains dans cette campagne et appelle les personnes de bonne volonté à s¡¯y impliquer, afin de traduire ces efforts en des actions concrètes. Les organisations gouvernementales sont aussi conviées.
Les organisateurs se réjouissent déjà de la participation annoncée de la vice-présidente de l'Ouganda, Jessica Alupo, au webinaire du 8 février. D¡¯autres personnalités sont également annoncées. Dayamba Bindré rend également grâce «pour le fait que plusieurs autorités gouvernementales sont sensibles¡ et sont prêtes à nous accueillir, à discuter avec nous pour s'associer afin que nous puissions relever ce défi de la valorisation des droits de l'Homme et donc de la libération¡ de ceux qui sont pris en captivité, malheureusement par leurs propres frères».
Aucune idéologie ne peut justifier la traite des êtres humains
Le 8 février, a rappelé Dayamba, est le jour où l'Église universelle célèbre sainte Bakhita, jeune Soudanaise qui fut prise en captivité et emmenée comme esclave en Italie où, après sa libération, elle se fit religieuse canossienne. Elle se mit à son tour au service des personnes qui ployaient sous le joug de l¡¯esclavage. Prenant l¡¯exemple de Bakhita, le sociologue burkinabè invite «à un engagement et à ne pas fermer les yeux» aux différentes formes de traite, au risque de s¡¯en habituer. «Cette réalité de la traite de l'esclavage moderne est tellement dans notre quotidien au point où nous ne sommes plus sensibles», estime-t-il, soulignant que ce n'est pas normal pour tout croyant et pour toute personne en général. Aucune idéologie ne peut la justifier, renchérit-il. «Nous devons nous engager pour valoriser la dignité humaine. Le Seigneur nous y appelle», conclut le sociologue burkinabè.
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