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Entr¨¦e de l'¨¦glise de la Sainte-Famille de Gaza. Entr¨¦e de l'¨¦glise de la Sainte-Famille de Gaza.  (ANSA) Histoires d'Esp¨¦rance

L¡¯?glise catholique ¨¤ Gaza, une lumi¨¨re d¡¯esp¨¦rance

Au cours des quinze mois de guerre en Terre Sainte, le p¨¨re Gabriele Romanelli, cur¨¦ de la Sainte-Famille de Gaza, s¡¯est efforc¨¦ d¡¯apporter du r¨¦confort ¨¤ la petite communaut¨¦ catholique d¡¯¨¤ peine plus de 1 000 personnes, ainsi qu'¨¤ tous ceux qui se pr¨¦sentaient ¨¤ lui. Entretien.

Jean-Charles Putzolu ¨C Cité du Vatican

Chaque jour, entre des temps de spiritualité et de prière avec ses paroissiens, et sous les bombes pendant quinze mois de guerre, Gabriele Romanelli a réalisé des petits miracles en parvenant à donner de la nourriture à 17 000 familles, autrement dit 100 000 personnes, alors que l¡¯aide humanitaire n¡¯entrait qu¡¯au compte-goutte dans la bande de Gaza. Aujourd¡¯hui, tandis que les bombardements ont cessé et que les Gazaouis réfugiés dans le sud de l'enclave rejoignent le nord du territoire, le missionnaire argentin du Verbe incarné continue d¡¯apporter un soutien spirituel car il faut maintenant reconstruire, par-dessus les maisons détruites, les âmes profondément blessées.

Après tout ce qui s'est passé ces dernières semaines à Gaza, et dans un contexte très compliqué, comment avez-vous fait pendant ces quinze mois de conflit pour maintenir la petite flamme de l'espérance au milieu de cette population?

On essaye de continuer à Gaza la mission qu'on a toujours menée ici. Mon grand moteur, c'est la présence de l¡¯Eucharistie de Notre Seigneur Jésus. Je me suis toujours appuyé sur trois priorités qui m¡¯ont beaucoup aidées beaucoup pendant cette guerre terrible. La première est la conviction que je veux protéger la présence de Jésus dans l'Eucharistie, ici à Gaza. Dans la bande de Gaza et il y a 2 300 000 personnes et une très petite communauté chrétienne de 1017 personnes dans une énorme détresse. En second lieu, je soutiens et j¡¯aide la communauté chrétienne. En troisième lieu, il s'agit de montrer que la foi chrétienne est ouverte à tous. Nous témoignons de la charité et de l'amour pour tous les habitants de toute la région, à travers nos écoles, nos cliniques, l¡¯aide aux pauvres. Nous essayons de répondre aux besoins de tous, nous visitons les malades et les personnes âgées. Mais notre point de départ, c¡¯est l'Esprit Saint pour arriver vraiment à soigner même les corps des personnes. Pour nous, missionnaires, on ne peut pas oublier cette dimension spirituelle de notre présence ici.

Avez-vous conscience que, avec peu de moyens, vous avez réalisé, surtout au cours des quinze derniers mois, mais tout au long de votre présence déjà au Moyen-Orient, des petits miracles quotidiens pour soutenir ces personnes, prendre des risques pour être proche d'elles, pour les nourrir spirituellement, mais pour les nourrir concrètement aussi. Grâce à vous, des familles ont pu avoir un repas, aussi simple soit-il, pendant ce conflit et surtout au moment où l'aide humanitaire n'arrivait plus¡­

Grâce au patriarche latin de Jérusalem, au Pape, aux autres personnes qui ont permis d¡¯aider 17?000 familles et la plupart de la population. On a besoin de tout. 17 000 familles, ça représente 100 000 personnes. Oui, ce sont des miracles et on continue comme on a toujours fait. L'Église, partout en Europe, en Amérique, en Afrique, continue de nous soutenir et de nous aider. Nous donnons notre vie à l'exemple de notre Seigneur, pour la vie spirituelle de tous, pour la vie éternelle de tous, mais aussi pour protéger la vie humaine, quelles que soient les personnes.

On peut comprendre que les personnes et les familles sont extrêmement touchées, blessées dans leur chair et dans leur c?ur, après ces quinze mois de guerre, et notamment les enfants. Comment encourager les plus petits à se reconstruire et à construire un avenir de paix?

La destruction physique est une chose vraiment terrible. C'est un signe de la destruction morale et spirituelle humaine de toute la population. Pour les enfants, on a essayé et on essaye encore de leur réserver une oasis protégée pour qu'ils entretiennent un minimum d'espérance pour leur avenir. On a fait le possible pour sauver l¡¯année académique 2024 et on a commencé l'année 2025, même si toutes les écoles de Gaza sont fermées parce qu¡¯elles sont utilisées comme abris. On a aménagé des espaces pour donner des leçons aux enfants et aux jeunes réfugiés. Malheureusement, les trois écoles ont été bombardées et deux sont inutilisables. On essaye de les rouvrir mais c'est assez difficile car nous n¡¯avons pas de visibilité quant à l'avenir de Gaza. C'est très bien qu¡¯on donne aux citoyens de Gaza la liberté de retourner vers le nord; c¡¯est très bien que les otages et les prisonniers soient libérés; c¡¯est très bien que l'aide humanitaire commence à entrer, mais ce n¡¯est pas bien que les frontières soient encore fermées. C'est pénible pour les adultes et les enfants qui veulent revenir. Quand on demande aux enfants ce qu¡¯ils veulent, ils répondent qu¡¯ils veulent la paix, qu¡¯ils veulent revenir chez eux. Si on veut faire renaitre l¡¯espérance, il faut apporter des vraies solutions, il faut respecter chaque personne humaine, chaque enfant, palestiniens, israéliens, juifs, chrétiens, musulmans ou même athées. Il faut respecter la personne humaine. C'est ce que nous essayons de faire à notre petite échelle ici tous les jours.

Gaza est en grande partie détruite. De quoi avez-vous besoin aujourd'hui? Quels sont les besoins des Gazaouis?

La première chose est de donner une raison d'espérer. Il faut traiter les personnes comme des êtres humains, leur redonner leur liberté, la possibilité de rebâtir leurs villes, leurs maisons, avec l'aide internationale. Cette guerre s¡¯est faite avec le soutien international. La paix doit aussi se construire avec l'aide internationale. Ensuite, nous n¡¯avons pas d'eau et nous avons besoin de plus de nourriture. Il y a aussi le système sanitaire: plus de 10?000 blessés attendent encore d¡¯être soignés parce que la plupart des hôpitaux ont été bombardés pendant la guerre. Mais la première chose est effectivement de donner un signe clair que cette trêve est le début de la fin de cette guerre et le commencement d'une période de paix.

¡°Cette guerre s¡¯est faite avec le soutien international. La paix doit aussi se construire avec l'aide internationale.¡±

Vous est-il arrivé de vous sentir seul au cours des quinze derniers mois?

À côté de Dieu, nous ne sommes jamais seuls. Notre foi et la foi de nos fidèles est forte; c¡¯est vraiment une grande chose. Nous avons aussi fortement senti le soutien de notre patriarche, le cardinal Pizzaballa, le soutien du Pape qui continue à nous téléphoner chaque soir à 20 heures pour donner sa bénédiction, pour demander comme vont les enfants, les personnes âgées, pour nous remercier tous, et soutenir l'activité de l'Église catholique et de notre Congrégation du Verbe incarné. Nous sommes aidés par de nombreuses personnes et organisations qui font que nous ne nous sentons pas seuls.

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14 f¨¦vrier 2025, 06:42