Inondations au Cameroun: appel des ¨¦±¹¨º±ç³Ü±ð²õ ¨¤ la ²õ´Ç±ô¾±»å²¹°ù¾±³Ù¨¦ pour les sinistr¨¦s
Paule Valérie Mendogo ¨C Douala
La situation n¡¯est pas encore maitrisée à Yagoua et ses environs depuis les fortes pluies qui s¡¯y sont abattues il y a environ un mois. 185 écoles primaires et 13 lycées détruits; 1 178 têtes de bétail perdues, des actes de naissances introuvables, des diplômes irrécupérables. Le principal pont reliant la ville de Yagoua à ses environs a cédé sous la fureur des eaux. A cause de la vase et de la boue, on ne peut pas facilement utiliser les engins roulants. Toutes les activités sont au ralenti et plusieurs familles se sont retrouvées sans abri. Dans les zones de recasement, les tentes sont plantées dans un espace devenu marécageux, avec risque de contracter des maladies hydriques et, sans compter la prolifération des moustiques pouvant transmettre le paludisme. Toutes les plantations ont été ravagées. On peut donc prévoir une crise alimentaire sans précédent. Par ailleurs, on assiste depuis quelques jours à une remontée des eaux.
Une aide commune de tous les diocèses du Cameroun à Yagoua
L¡¯urgence à Yagoua nécessite une réponse commune, non seulement de la part du gouvernement, mais de toutes les organisations philanthropiques et humanitaires, pour éviter que le pire n¡¯arrive. Pour sa part, l¡¯Eglise catholique du Cameroun a lancé une mobilisation générale dans tous les diocèses du pays afin d¡¯apporter urgemment une aide aux deux cent mille personnes affectées. Le ton a été donné par Mgr Barthelemy Yaouda, évêque du diocèse de Yagoua, dans un message délivré le 06 octobre. Mgr Yaouda appelle à «une réorganisation de la vie de la population». Il s¡¯agit d¡¯évaluer leurs besoins réels, pour pouvoir assurer une aide effective: denrées alimentaires, eau de javel, eau potable, etc. Depuis lors, plusieurs diocèses et des personnes de bonne volonté réagissent positivement à l¡¯appel des évêques. Par ailleurs, divers organismes se sont déjà activés sur le terrain.
Une solution complète et durable pour Yagoua
Tout en remerciant le gouvernement pour le secours mis en place en faveur des sinistrés, l¡¯évêque de Yagoua fustige la mauvaise répartition de l¡¯aide accordée. N¡¯ayant pas fait un recensement complet des tous les arrondissements et villages, un bon nombre des personnes éprouvées n¡¯ont pas pu bénéficier de l¡¯assistance gouvernementale. Ceci, déclare Mgr Yaouda, pour des raisons purement politiciennes. Pourtant, affirme-t-il, l¡¯Eglise a toutes les données réelles de la situation, grâce notamment aux catéchistes qui sont présents et actifs dans chaque village des 28 départements du diocèse de Yagoua. En effet, signale-t-il, une liste complète des sinistrés a été constituée par le Codasc Caritas. Par ailleurs, les évêques demandent au gouvernement qu¡¯une solution durable soit trouvée pour éviter que les mêmes situations reviennent dans l¡¯avenir. Il s¡¯agit notamment de la construction d¡¯une digue-route permettant de canaliser les eaux de la pluie.
Des promesses avortées
Les inondations de septembre dernier ne sont pas les premières à Yogoua. Déjà en 2012, des fortes pluies s¡¯étaient abattues sur cette zone, faisant sortir de leurs rives le fleuve Logone et le lac artificiel de Maga, avec plus de 43 000 sinistrés. A cette occasion, le président Paul Biya descendu sur les lieux, avait instruit la construction d¡¯une digue-route de 300 km à Maga-Kousseri jusqu¡¯à Gobo. Par contre, rien n¡¯a été fait depuis lors. S¡¯exprimant sur ce théâtre, Mgr Yaouda, a déclaré que cette unième inondation venait réveiller ce souvenir resté douloureux d¡¯une promesse présidentielle non tenue. L¡¯évêque de Yagoua insiste sur le fait que la construction d¡¯une digue-route reste la solution durable aux problèmes d¡¯inondations dans cette zone. «Pas de digue-route, pas de solution miracle», s¡¯est-il exprimé.
Un autre problème: le sous-emploi et la difficulté d¡¯entreprendre
Mgr Yaouda s¡¯est aussi saisi de cette occasion pour évoquer la situation générale de sous-emploi, ainsi que la difficulté d¡¯entreprendre, générée par la multiplication des taxes et l¡¯alourdissement des procédures d¡¯obtention des titres fiscaux. Il invite le gouvernement à favoriser et à promouvoir la création de petites entreprises, à alléger les taxes et tous les autres frais fiscaux qui, selon lui, découragent ceux qui voudraient entreprendre. Le prélat souligne, par ailleurs, le nombre croissant d¡¯habitants au Cameroun, entrainant de plus en plus des jeunes au chômage, même quand ils ont des diplômes, évoquant l¡¯agressivité à laquelle amène la dureté de la vie dans laquelle ces jeunes se retrouvent. Pour résorber ce phénomène, il invite l¡¯Etat à encourager les entrepreneurs, les hommes d¡¯affaires à investir dans leurs régions respectives, multiplier les usines d¡¯exploitation des ressources naturelles et des produits agroalimentaires.
Un mot de remerciement aux donateurs
Depuis le lancement de l¡¯appel à une collecte des fonds par la conférence des évêques du Cameroun, beaucoup des diocèses et personnes de bonne volonté ont promptement répondu. Mgr Yaouda tient à remercier de façon particulière l¡¯archidiocèse de Douala, les diocèses d¡¯Ebolawa, de Kribi, de N¡¯Gaoundéré, de Bamenda et de Maroua-Mokolo, la Province ecclésiastique de Garoua, ainsi que toutes les personnes qui ont fait preuve d¡¯une grande générosité. Sa gratitude va aussi à l¡¯endroit du Président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun, Mgr Andrew Nkea, qui avait signé la lettre de collecte de fonds ayant engagé toute l¡¯Eglise du Cameroun à s¡¯unir pour soutenir les sinistrés. Aux sinistrés, l¡¯évêque de Yagoua exhorte à garder le courage et la foi, et à trouver réconfort dans les gestes de solidarité et de proximité qui sont posés à leur endroit. Par ailleurs, il les invite à ne pas seulement compter sur l¡¯Etat pour sortir de leur condition difficile mais d¡¯entreprendre une lutte personnelle.
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