Les S?urs missionnaires de la Consolata c¨¦l¨¨brent les 100 ans de leur pr¨¦sence en ?thiopie
Entretien réalisé par Christian Kombe, SJ ¨C Addis Abeba
Les S?urs missionnaires de la Consolata ont fêté dimanche les 100 ans de leur présence en Éthiopie. La messe solennelle d¡¯action de grâce commémorant ce jubilé a été présidée par le cardinal Berhaneyesus Souraphiel, archevêque métropolitain d¡¯Addis-Abeba. L¡¯histoire éthiopienne de cette congrégation a connu une rupture en raison du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale et du conflit italo-éthiopien.
Expulsées durant cette période, les religieuses de la Consolata ont pu revenir dans le pays en 1974, reprenant leur service d¡¯éducation et de promotion humaine, dans la pastorale des malades, des femmes et des jeunes. La soeur Stephania Raspo, conseillère et membre de la direction générale de la congrégation, et s?ur Getenesh Woldeamlack, formatrice et supérieure de communauté à Addis-Abeba, ont accordé un entretien à Radio Vatican ¨C Pope.
Il y a plus de 100 ans, précisément en 1913, votre Congrégation ouvrait une mission en Afrique, et de nombreuses autres ont suivi, dont celle d¡¯Ethiopie en 1924. Quel a été l'appel reçu par les S?urs pour venir s¡¯installer ici? Y avait-il des besoins particuliers qui ont conduit au choix de l¡¯Afrique, et de l¡¯Ethiopie en particulier?
Sr Stephania: Disons que l'Éthiopie était le rêve de notre fondateur, le bienheureux Joseph Allamano. Il rêvait de cette première proclamation de l'Évangile à tous les peuples qui ne connaissaient pas encore Jésus, sa consolation, et son salut. Comme il connaissait le Cardinal Massaia, un frère capucin qui avait évangélisé une région ici en Éthiopie, le bienheureux Allamano nourrissait depuis sa jeunesse ce grand désir de poursuivre cette ?uvre d'évangélisation. Cependant, nous n¡¯avons pas pu entrer immédiatement en Ethiopie. En 1913, l'institut s'est établi au Kenya et, de là, il a enfin réussi à atteindre l'Éthiopie en 1924. La raison pour laquelle nous nous sommes établies en Afrique est précisément ce désir de pouvoir faire connaître Jésus à ceux qui ne le connaissaient pas encore.
En tant qu¡¯institut missionnaire, quels ont été, au cours de ces cent ans, les principaux axes de votre apostolat dans ce pays de la corne de l¡¯Afrique?
Sr Stephania: L'une de nos principales approches a été la promotion humaine, mais une promotion humaine qui visait avant tout annoncer le Christ, Dieu, et son amour. C'est pourquoi, dans de nombreux pays, y compris en Éthiopie, le service, surtout des plus humbles, dans le domaine de l'éducation et de la santé, a été l'activité principale.
En outre, dès le début, les premiers missionnaires visitaient les villages, les familles. Et de ces face-à-face avec les personnes, des liens d'amitié et de confiance se créaient, permettant ainsi de toucher véritablement le c?ur des gens. Certes, il y a eu des ?uvres sociales, fruit d'une donation totale des s?urs; mais le c?ur de cette mission a été vraiment ce face-à-face avec les gens pour faire connaître la consolation de Dieu qui est Jésus-Christ.
En un siècle, l'histoire de l'Éthiopie a été marquée par plusieurs évènements: la Seconde Guerre mondiale, la période impériale, l'organisation de l'unité africaine, le communisme, le retour à la démocratie, etc. Comment ont-ils influencé votre mission dans ce pays?
Sr Stephania: Notre histoire en Éthiopie est une histoire marquée par des arrivées et des départs forcés. Pendant la Seconde Guerre mondiale, tous les Italiens, y compris les missionnaires de la Consolata ¨Cqui étaient tous des Italiens à l'époque¨C ont été expulsés à deux reprises, en 1936 puis définitivement entre 1940 et 1943. Pendant 30 ans, malheureusement, nous n¡¯avons pu revenir dans le pays, même si le désir était bien vivant, car l'Éthiopie est toujours restée dans le c?ur de notre institut missionnaire. Ce n'est qu'au début des années 1970 qu'il y a eu un retour, et cette fois-ci définitif, non sans quelques difficultés.
Comme vous l'avez mentionné, il y a eu dans l'histoire de l'Éthiopie des moments plus tranquilles et d'autres un peu plus difficiles pour l'Église catholique. Comme dans toutes les histoires, dans toutes les vies, il y a eu de bons moments et des moments difficiles, mais toujours vécus dans la confiance que c'est Dieu qui nous accompagne dans notre histoire. Pendant l'absence des S?urs Missionnaires de la Consolata, il y avait une congrégation locale (ndlr: fondée par le père Gaudenzio Barlassina), formée des jeunes s?urs éthiopiennes, qui suivait la spiritualité des Consolata, et qui assurèrent une présence jusqu¡¯au retour des s?urs. On les appelait les «S?urs Servantes de la Consolata».
Au-delà de l¡¯histoire, il y a aussi l¡¯actualité du pays, marquée par de nombreux évènements, dont les conflits armés, notamment dans les régions de l¡¯Amhara et de l¡¯Oromo, ou dans le Tigré, avec un bilan humain considérable. Comment les s?urs ont-elles vécu et vivent-elles encore ces évènements? Y a-t-il des actions que les Missionnaires de la Consolata ont entreprises en faveur des victimes de ces épreuves?
Sr Getenesh: Oui, certaines s?urs ont travaillé dans des groupes de dialogue interreligieux pour discuter de la paix, c'est ce que nous avons toujours fait. Nous avons également participé à des initiatives de paix et de réconciliation au sein de l¡¯union des religieux, et nous sommes toujours actives dans l¡¯Eglise locale.
Quel est le sentiment qui vous habite en cette célébration mémorable?
Sr Getenesh: Aujourd¡¯hui est un jour très spécial, surtout pour moi en tant qu'Éthiopienne, car Dieu nous a vraiment offert un grand cadeau, celui de la foi et de la consolation. Nous sommes très reconnaissantes envers notre fondateur, qui a pensé à notre pays. Aujourd'hui, nous avons tous apprécié célébrer ce moment ensemble et notre c?ur est plein de joie.
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