Les ¨¦v¨ºques ha?tiens ne participeront pas ¨¤ la transition politique
Jean-Benoît Harel ¨C Cité du Vatican
Encourageant les «efforts de tous les secteurs et de toutes les forces vices de la Nation», les évêques haïtiens ont affirmé dans un communiqué publié lundi 18 mars qu'ils n'enverront pas, pour leur part, de représentants de l'Église catholique au Conseil présidentiel.
Imaginé en Jamaïque, lors d'une réunion d'urgence en présence de représentants haïtiens, de la Communauté des Caraïbes (Caricom), de l'ONU et de plusieurs pays, ce Conseil sera chargé d'assurer la transition politique en Haïti, après la démission du Premier ministre Ariel Henry. Il devrait être composé des différentes forces politiques du pays mais également de la société civile.
L'Église haïtienne justifie sa décision de se tenir en retrait, par la nécessité de «garder la distance morale qui lui permet de remplir sa mission prophétique». Les évêques souhaitent néanmoins que «les pourparlers en cours débouchent sur une véritable entente patriotique inclusive et durable dans l¡¯intérêt de tout le peuple haïtien».
La vie des Haïtiens se trouve aujourd'hui suspendue à cette éventuelle transition politique. Pour le moment en effet, le Conseil présidentiel n'est pas formé. Si plusieurs partis ont indiqué le nom de leur représentant, les membres du collectif du 21 décembre -le groupe qui a soutenu l'ex-Premier ministre Ariel Henry- n'ont pas pu se mettre d'accord sur un représentant unique et en ont désigné trois. Une médiation est encore en cours pour trouver un candidat de consensus.
Un appel à la paix
En attendant, la violence se poursuit dans les départements de l'Ouest, malgré l'état d'urgence décrété le 3 mars dernier. Une quinzaine de corps sans vie ont été retrouvés ce lundi à Pétion-Ville, une banlieue aisée de Port-au-Prince où des membres de gang mènent des attaques depuis l'aube, rapporte l'AFP. 80% de la capitale est aujourd'hui sous contrôle de gangs, qui sont accusés de nombreuses exactions, en particulier meurtres, viols, et enlèvements contre rançon.
Dans leur communiqué, les évêques haïtiens appellent à «cesser les actes qui visent à réduire Haïti en ruines et en cendres». Une exhortation adressée à chaque citoyen: «nous invitons tous les Haïtiens sans distinction à ne pas alimenter la violence, car ¡°la violence engendre la violence, la haine engendre plus de haine et la mort plus de mort¡°».
Les 10 évêques restent portés par l'espérance comme en témoigne l'intitulé de leur message: «On n¡¯entendra plus parler de violence dans ton pays, de ravages ni de ruines dans tes frontières», tirée du livre d¡¯Isaïe (60, 18).
Dimanche dernier, le Pape partageait leur «rêve d'un pays sans violence» lors de l¡¯Angélus. Il sera soutenu par les prières de tout un continent puisque les fidèles d'Amérique latine et des Caraïbes sont appelés à prier pour Haïti le 22 mars prochain.
«Une situation presque sortie d'une scène de ¡°Mad Max¡°»
En raison de l'insécurité, l¡¯aéroport et le port de Port-au-Prince ont été fermés, rendant difficile l¡¯acheminement de l¡¯aide humanitaire. D'après le Programme alimentaire mondial, 44% de la population haïtienne se trouve dans une situation d'insécurité alimentaire aiguë. La situation en Haïti est «horrible» et «presque sortie d'une scène de ¡°Mad Max¡°», a affirmé dimanche la directrice exécutive de l'Unicef, Catherine Russell, à la chaîne américaine CBS. Un bateau de l¡¯agence de l¡¯ONU contenant «des fournitures cruciales de santé maternelle, néonatale et infantile» a été pillé ce samedi 16 mars.
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