RDC: à Bukavu, la musique pour aider les enfants à surmonter les traumatismes des guerres
Stanislas Kambashi, SJ – Cité du Vatican
L’école de musique, qui appartient au ChÅ“ur des Petits Chanteurs de la Résurrection, veut contribuer à la formation musicale, humaine, artistique et spirituelle des enfants, «afin de leur redonner la joie de vivre, malgré les conséquences désastreuses des différentes guerres, de les aider à surmonter les épreuves et les affres des conflits armés et de leur permettre de se divertir», a expliqué Daniel Rugamika. C’est un groupe d’encadrement des jeunes et des enfants, fondé sur l’apprentissage du chant liturgique, d’initiation à l’art de la musique sacrée, et de développement des vertus chrétiennes, a-t-il précisé. Sa mission est notamment l’animation des offices religieux à la cathédrale de l’archidiocèse de Bukavu et dans les paroisses, la promotion de la musique chorale autour de la voix des enfants et des jeunes, l’éducation à l’autonomie et à la responsabilité, à la persévérance et à la maîtrise de soi.
La musique comme thérapie, pour une croissance équilibrée des enfants
Les régions de l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) souffrent d’une instabilité qui dure depuis trois décennies, provoquant des millions de morts et de déplacés, selon des rapports officiels et plusieurs autres statistiques. Parmi les victimes de ce qui est désormais connu comme une agression étrangère, se trouvent les enfants: certains sont nés sous les bombes et ne connaissent comme enfance que des situations de déplacements; d’autres ne vont pas à l’école et bien d’autres encore font face à des traumatismes des guerres et attaques à répétition. Dans un tel contexte, la musique ne va pas seulement aider à adoucir les mÅ“urs, mais sert aussi comme thérapie. Pour les enfants, qui apprennent à jouer au piano et à d’autres instruments, à solfier, «cela peut les aider à oublier l’horreur de la guerre et à développer leurs facultés et capacités». «J’espère que la musique pratiquée en groupe peux devenir un moteur de développement humain chez les enfants comme chez les adultes», a souligné le maître de chÅ“ur.
Un lieu propice d’encadrement de la jeunesse
En fondant cette école, les jeunes de Bukavu voulaient doter à leur archidiocèse de chantres compétents pour la liturgie et organiser des concerts pour les collectes de fonds, afin d’aider des enfants démunis et orphelins. Les formations sont organisées pour les enfants de la capitale du Sud-Kivu, mais aussi pour ceux qui viennent d’ailleurs et qui manifestent leur intérêt. Pour Daniel Rugamika, dans une région où il n’y a pas beaucoup de structures d’encadrement, cette école de musique offre aux jeunes enfants un lieu d’encadrement propice où ils apprennent les valeurs du vivre-ensemble, de partage, de prière, ect. A travers les chants, ces enfants lancent également un message de paix, d’évangélisation et de vivre-ensemble. Les formateurs sont des anciens petits chanteurs de la Résurrection ou des instructeurs provenant d’autres villes et pays, qui offrent leurs talents musicaux pour ces jeunes. Daniel Rugamika a lui-même été formé au conservatoire de Paris et à l’école grégorienne de la capitale française.
Un début timide, mais déjà une renommée internationale
L’école de musique des Petits Chanteurs de la Résurrection «a commencé timidement il y a deux ans», grâce aux encouragements de Mgr François-Xavier Maroy, archevêque de Bukavu, et des parents. Aujourd’hui, elle compte plus de 400 petits chanteurs inscrits aux projets de formation en musique. Sa renommée dépasse désormais les limites du seul archidiocèse de Bukavu. Elle a notamment été invitée dans d’autres diocèses, comme Dungu-Doruma, Kisangani, Mahagi-Nioka, etc. Les parents souhaitent que le chÅ“ur aille livrer aussi un concert au sanctuaire des Martyrs de l’Ouganda. Parmi ses projets, l’école des Petits Chanteurs prépare un concert de paix qu’elle doit livrer en 2025, en Allemagne. Elle a aussi le projet d’apprentissage des instruments de musique et de gestion des chÅ“urs pendant les grandes vacances, en juillet 2024.
Parmi ses réalisations, l’école de musique des Petits Chanteurs de la Résurrection a déjà composé plusieurs chansons, dont un portant sur la devise du Pape François, «Miserando atque eligendo»; un chant pour le synode sur la synodalité; un autre intitulé «Fiat voluntas tua», qui est la devise de Mgr Maroy, ect. Elle a aussi produit des recueils des chants, dont un qui a pour titre «Te Deus laudamus», qui est le résultat des compositions des enfants de cette école de musique et de leurs maîtres des chants.
Cette école n’a malheureusement pas encore ses propres structures. Elle fonctionne dans les locaux de l’archidiocèse de Bukavu. Daniel Rugamika lance un appel à l’aide à l’endroit de toute personne de bonne volonté, qui peut apporter une expertise, un conseil ou une contribution financière.
Des fauteurs des troubles, soutenus par des pays étrangers
Les régions Est de la RDC sont en proie à plusieurs attaques armées depuis plus de trente ans, dont celle du groupe armé M23, soutenu, selon des rapports des experts de l’ONU, par le Rwanda. Les combats se sont intensifiés ces derniers jours, notamment vers Sake, cité située à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Goma et considérée comme un «verrou» sur la route de la capitale provinciale du Nord-Kivu. Depuis la semaine dernière, des manifestations ont lieu contre la Monusco, la mission onusienne en RDC, et des ambassades, à Kinshasa et Lubumbashi (sud-est), accusées de soutenir le Rwanda. La Représentation des étudiants du Congo Section Nord-Kivu a appelé à la suspension des activités académiques lundi 12 et mardi 13 février 2024, pour «dénoncer la persistance de cette malheureuse situation, honorer la mémoire des victimes de cette guerre qui nous est imposée et soutenir nos forces armées au front». Elles a également appelé à «un deuil collectif est organisé ce Mardi 13/02/2024 à 16h00 au stade de Basket de L’ISC GOMA»
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici