L¡¯?glise indienne prie pour la paix au Manipur
Lisa Zengarini et Jérôme Raymond ¨C Cité du Vatican
Les violences ont éclaté dans cet État du nord-est de l'Inde le 3 mai dernier, lorsque les Meitei, majoritairement hindous, qui contrôlent le pouvoir politique local et représentent 53 % de la population, ont attaqué une manifestation de tribus Kuki. Principalement chrétiennes, celles-ci protestaient contre une proposition d'un tribunal visant à étendre le statut de tribu répertoriée (ST) aux Meitei. Ce statut spécial accorde la priorité aux emplois gouvernementaux, à l'éducation et à d'autres programmes de discrimination positive destinés aux populations indigènes, telles que les Kuki.
L¡¯agitation continue après deux mois de violences
L¡¯archevêque d'Imphal, Mgr Dominic Lumon, a confirmé dans une lettre adressée aux évêques indiens que les conflits ne trouvaient pas de résolution. Selon le prélat, les affrontements se poursuivent sans relâche, notamment dans les zones périphériques de la vallée de la région, alors que l'État a perdu le contrôle de la situation sur le terrain. Des maisons et des villages ont été incendiés et pillés, et des lieux de culte profanés. L'Église catholique de Manipur a subi une perte globale estimée à 250 millions de roupies (environ 2,8 millions d¡¯euros).
Un responsable catholique ayant requis l'anonymat a également confirmé à l'agence de presse UCA que les maisons abandonnées des chrétiens déplacés continuent d'être incendiées.
Le gouvernement du Manipur, dirigé par le parti pro-hindou Bharatiya Janata Party (BJP), a réagi à la crise en suspendant les services Internet afin d'éviter la circulation de discours haineux et de rumeurs par le biais de diverses plateformes de réseaux sociaux. Cette mesure a été prolongée le 19 juin.
La journée de prière
Dans son message, l'archevêque propose quelques suggestions pour donner de l'importance à cette journée. Il s'agit notamment d'ajouter des intentions spéciales pour la paix et l'harmonie aux prières des fidèles pendant la messe et d'organiser une heure d'adoration dans toutes les paroisses afin d'intercéder pour le peuple du Manipur.
La Conférence des évêques de l¡¯Inde (CEI) demande également aux fidèles d'organiser des processions aux flambeaux ou des rassemblements pour la paix. Une autre suggestion est de rejoindre les personnes et les organisations qui partagent la même vision de la paix que l'Église, afin que leurs efforts communs pour construire un environnement d'harmonie et de compréhension puissent avoir un plus grand impact.
Commentant ces initiatives de solidarité à AsiaNews, Mgr Lumon a déclaré qu'en dépit de plusieurs réunions interconfessionnelles, «aucune solution n'est en vue pour le moment», et que «seules les prières peuvent aider».
La société civile demande aux autorités de mettre fin à ces violences
Alors que les tensions actuelles contraignent des milliers de personnes à vivre dans des camps temporaires, plus de 550 groupes de la société civile ont exhorté le Premier ministre indien, Narendra Modi, à rompre son silence face à la violence sectaire. Dans une lettre du 16 juin, ils ont demandé «l'arrêt immédiat des politiques de division menées par l'État et les forces de sécurité». La lettre demandait au Premier ministre du Manipur, membre du BJP, «de rompre son silence assourdissant sur la guerre civile en cours dans les collines et les vallées du Manipur et de mettre fin immédiatement à cette violence qui perturbe à grande échelle les vies, les moyens de subsistance et les biens et qui sème encore plus la terreur parmi la population».
Sonia Gandhi, ancienne présidente du Parti du Congrès indien, s'est également jointe à l'appel à la paix et à la fin des violences ethniques et religieuses au Manipur. Dans un message vidéo diffusé par le Congrès sur les réseaux sociaux la semaine dernière, la dirigeante politique s'est dite «attristée» que des personnes aient été contraintes de fuir «le seul endroit qu'elles considéraient comme leur maison».
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