L'invitation du cardinal Tagle ¨¤ ¨¦vang¨¦liser les r¨¦seaux sociaux
Sr Bernadette Mary Reis, fsp - Bangkok
Le cardinal Tagle, envoyé spécial du Pape auprès de la Conférence générale de la Fédération des conférences épiscopales d'Asie, s'est adressé à l'assemblée samedi 29 octobre au matin. Il a souligné l'importance de la lecture dans le développement des jeunes, en mettant l'accent sur les réseaux sociaux et l'Intelligence Artificielle, car ils affectent notre «appel à évangéliser».
Les réseaux sociaux ont «été une bénédiction dans le monde», car ils ont permis à l'information de dépasser les limites des «groupes d¡¯élites», a-t-il rappelé aux délégués de la FABC. Les réseaux sociaux nous ont permis de rester connectés pendant la pandémie et de nombreux parents ont commencé à réaliser qu'ils sont à la fois «enseignants et catéchistes».
Les êtres humains changent
«On nous demande d'être attentifs, car l'utilisation des réseaux sociaux change aussi notre vision de la personne humaine de manière très subtile», a-t-il poursuivi. Cela affecte nos relations et notre «implication dans la transformation de la société», a-t-il expliqué. «L¡¯Intelligence Artificielle fait le travail d'un être humain », rendant obsolètes certains aspects du travail humain. La vérification orthographique a remplacé l'art de l'orthographe et de la syntaxe; les calculatrices font nos mathématiques. La dactylographie a entraîné une diminution de la lisibilité de l'écriture manuscrite, qui est peut-être en train de disparaître. D'où la question du cardinal concernant «une nouvelle forme d'analphabétisme», conduisant au «sous-développement», entraînant la possibilité de la disparition de l'esprit critique, par exemple, a-t-il expliqué.
En ce qui concerne la relation entre les jeunes et les réseaux sociaux, le cardinal Tagle a partagé certaines informations obtenues par une enquête menée par la fondation Gravissimum educationis. La première question était de savoir comment les jeunes se voient, nous voient et voient les autres.
«Je»
En ce qui concerne le «je», «l'identité qui est apparue [dans l'étude] est l'illusion de l'autosuffisance. Une autosuffisance qui est illusoire». La source de cette illusion provient de l'affirmation reçue des photos postées. «C'est une forme d'exhibition, il faut se faire de la publicité», jusqu'à poster des images provocantes, tout cela dans le but de voir «combien vont m'aimer», de recevoir des likes «en permanence de leur entourage». Cela conduit à la compulsion, a noté le cardinal. «Les réseaux sociaux deviennent un outil pour cette soi-disant autosuffisance illusoire». Les jeunes construisent alors leur monde avec ceux qui les «aiment», en éliminant ceux qui ne les «aiment» pas.
«Nous»
De cette manière, les foules sont rassemblées sans être complètement présentes. Ceux qui se rassemblent pensent qu'ils s'assemblent, mais ils se rassemblent seulement. «Une assemblée implique l'intériorité, et une foule peut être rassemblée sans intériorité», a-t-il relaté à partir de l'enquête mentionnée ci-dessus. Il manque donc un «"nous" qui nous rendrait capables d'une action collective». Au lieu de cela, nous restons des «individus isolés», même en présence d'autres personnes. Ce n'est plus la foule qui caractérise la société actuelle, mais la solitude, car «l'intériorité qui fait de nous une communauté assemblée», a-t-il expliqué.
«Eux»
Selon le cardinal Tagle, l'étude a également noté que les gens sont plus connectés, mais «paradoxalement, nous nous soucions de moins en moins des autres. Même si nous sommes plus connectés, nous ne communiquons pas plus». Cela conduit à un manque d'empathie envers les autres, envers ceux que nous ne connaissons pas, envers «eux». Au contraire, les réseaux sociaux favorisent la recherche de la fidélité au sein de notre petit groupe d'amis.
Tendances
Le cardinal a rappelé à son auditoire qu'il s'agit de tendances parmi les jeunes en général, et qu'elles ne sont peut-être pas vraies pour tous les jeunes. Cependant, c'est le «monde dans lequel ils [les jeunes] ont appris à vivre», ce qui favorise une transformation subtile dans ce sens chez ceux qui utilisent les réseaux sociaux. Si les autres ne m'aiment pas, «je m'en fiche..... Je ne me soucierai d'eux que s'ils rejoignent mon cercle». Ceux qui ne font pas partie de mon cercle «perturberaient mon autosuffisance».
L'éducation est la plate-forme de l'Église
La relation entre les jeunes et les réseaux sociaux a constitué le deuxième point du cardinal. Puisque l'Église est impliquée dans le ministère de l'éducation, l'éducation est le cadre de notre contact avec les jeunes, a-t-il observé. De nombreux jeunes manquent aujourd'hui d'esprit critique et d'empathie en raison de leur utilisation des technologies actuelles. Les psychologues et les neurologues ont également démontré qu'en conséquence, de nombreux jeunes ne savent plus lire. «Nous pourrions considérer les technologies comme un outil externe», a noté le cardinal, «mais elles modifient la conscience».
Nécessité de la lecture
Certains chercheurs ont remarqué que la lecture ne vient pas naturellement, mais dans un réflexe de survie. Dans le monde entier, les gens reconnaissent divers aliments et l'eau; mais les alphabets doivent être appris, la lecture est une compétence acquise grâce à laquelle notre cerveau et sa capacité d'analyse et de contemplation se développent, a expliqué le cardinal. L'apprentissage numérique, avec son acquisition rapide d'octets d'information, conduit à la perte de la nuance et de la complexité. L'être humain acquiert de l'empathie lorsqu'il se plonge dans la lecture de romans; il acquiert un esprit critique en confrontant ses propres idées à celles d'un auteur. Il n'en va pas de même en regardant du contenu visuel, a rapporté le cardinal.
Implications pour l'avenir
Si nous ne comprenons pas ce qui se passe dans le développement de nos jeunes, il en résultera un avenir de personnes qui ne savent pas penser de manière critique et une «génération sans empathie». Appliquant cela à nos écoles, le cardinal a demandé à son auditoire: «la lecture reçoit-elle l'attention qu'elle mérite ?». Si ce n'est pas le cas, cela aura un «impact sur le type de société» à l'avenir. «Formons-nous des citoyens qui développeront une intelligence critique couplée à de l'empathie pour ceux qu'ils ne connaissent pas ?» a encore demandé le cardinal aux délégués de la FABC.
Ainsi, en découlera la motivation de l'évangélisation des réseaux sociaux elle-même, puisqu'elle est une omniprésence dans le monde entier, a conclu le cardinal Tagle.
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