Fin de vie: l'?glise de France entre dans le d¨¦bat
Jean Charles Putzolu - Cité du Vatican
Le président de la Conférence épiscopale était reçu mardi 27 septembre par Emmanuel Macron; l¡¯occasion pour Mgr Eric De Moulins Beaufort de redire «le plus clairement possible notre inquiétude qu'en donnant l'impression d'ouvrir un nouveau droit, on donne une inflexion à tout notre système sanitaire et hospitalier». Le chef de l¡¯État a souligné pour sa part qu¡¯un débat était nécessaire, et les évêques apporteront leur contribution en réitérant qu¡¯au lieu de dire à toutes les personnes qui vieillissent ou qui sont malades qu¡¯elles peuvent choisir de mourir, le message chrétien est différent: «nous sommes prêts à tout faire pour vous accompagner jusqu'au bout».
Développer l¡¯accès aux soins palliatifs
En matière de soins palliatifs, rappelle Mgr De Moulins Beaufort, il apparait nécessaire que la France rattrape son «retard» et son «insuffisance», par le renforcement d¡¯une formation spécifique qui réponde à «une volonté exprimée, très forte de développer les soins palliatifs». Dans l¡¯hexagone, bien que quatre plans de développement se soient succédés depuis la fin des années 1990, les lits et le centres de soins palliatifs restent inégalement distribués sur le territoire national et par conséquent difficilement accessibles pour un certain nombre de prétendants. L¡¯Atlas des soins palliatifs et de la fin de vie en France, dans sa dernière édition de 2020 recensait 7 500 lits de soins palliatifs, soit 2% de la totalité des lits hospitaliers. Pour avoir une idée de la situation au niveau mondial, il faut se référer à une enquête de l¡¯Organisation Mondiale de la Santé réalisée en 2019, selon laquelle dans les deux-tiers des 194 pays membres seulement finançaient l¡¯accès aux soins palliatifs, et 60% d¡¯entre eux ne parvenaient pas à offrir un lit à la moitié des demandeurs.
Ne pas fausser le message
En légiférant pour favoriser l¡¯accès à l¡¯euthanasie, le président des évêques de France craint cependant que le message envoyé ne vienne «troubler le jeu» et «renforcer l'attraction ou la pression sociale sur le fait que certains ont peut-être des maladies trop longues, trop lourdes et pourraient en quelque sorte nous débarrasser en quelque sorte de leur poids».
«Notre point à nous», explique Éric de Moulins Beaufort, «c'est qu¡¯aujourd'hui, personne ne peut prétendre que sa mort soit la seule affaire de lui tout seul. Cela concerne toujours la société toute entière et donc ce que la société dit ou fait ou semble préparer pèsera forcément sur eux, sur les décisions de chacun».
Devant les évêques mardi 27 septembre, le chef de l¡¯État s¡¯est exprimé pour le développement des soins palliatifs, en assurant que les moyens nécessaires seront adoptés. «J'espère que ce volet-là sera vraiment mis en place», commente l¡¯archevêque de Reims.
Se réhabituer à la mort
Le débat qui prend forme en France est présenté comme une «liberté de pouvoir choisir le moment de mourir», déplore le président de la Conférence épiscopale. «Pour ma part», poursuit-il, «je crains que depuis quelques années, en parlant de fin de vie, on parle toujours de fin de vie épouvantable. On donne l'impression à tout le monde que le fait que mourir se passe forcément dans d'atroces souffrances, ou alors dans un état proche du coma». Or, pour l¡¯archevêque, il faudrait plutôt «que nous apprenions à nous réhabituer à la mort, au fait que on va mourir» et à l¡¯idée que l¡¯on peut accompagner le malade dans la mort. L¡¯enjeu «dépasse de beaucoup les possibilités de l'État».
C¡¯est au niveau des familles, des cercles d¡¯amis qu¡¯il revient de prendre conscience «que nous aurons à accompagner des personnes dans la fin de leur vie» et que les chrétiens sont porteurs d¡¯une grande tradition en matière d¡¯accompagnement des mourants: «C'est cela qu'il faut qu'il faut développer».
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