Au Venezuela, l'?glise r¨¦clame la protection des peuples autochtones
Adélaïde Patrignani ¨C Cité du Vatican
«Ils veulent nous faire disparaître. Une clameur urgente des peuples autochtones de l¡¯Amazonie vénézuelienne»: le titre de ce document , résume bien la situation préoccupante des populations de ce pays d¡¯Amérique latine, dont une portion au sud du territoire est recouverte par la forêt amazonienne.
Une vingtaine d¡¯organisations autochtones, ecclésiales, sociales, environnementales et éducatives ainsi que des institutions ¨C dont le Repam - ont signé ce texte paru mardi 9 août, en la Journée internationale des peuples autochtones.
Nombreux meurtres et kidnappings
«La réalité des peuples indigènes du Venezuela est immergée dans la crise sociale que traverse le pays; l¡¯arrivée de la pandémie n'a pas seulement isolé les gens, mais a également provoqué une aggravation d'autres situations vécues par les peuples autochtones», peut-on lire au début de ce document appelant au respect des droits des peuples autochtones et de l'environnement.
Les signataires énumèrent d¡¯abord plusieurs actions violentes qui, ces dernières années et ces derniers mois, ont causé la mort ou la disparition d'autochtones de différentes ethnies.
La situation des communautés autochtones, déplorent-ils, «est la même que celle de Ka Jobaji (notre terre), un 'écocide' (¡), une blessure profonde qui ne guérira pas».
«Où sont les responsables de l'application de la loi? Où sont les lois qui protègent les populations autochtones?, s¡¯interrogent les auteurs. Existe-t-il un gouvernement qui reconnaît la vie des autochtones, ou qui regarde le territoire seulement pour ses minerais?», poursuivent-ils, avant de remettre aussi en question le rôle des militaires et des fonctionnaires de l¡¯État, tout comme l¡¯application des accords de paix et de la justice à ces peuples.
Les dégâts de l¡¯extractivisme
Pauvreté, discrimination, maladies: les autochtones ne sont épargnés par aucun fléau, expliquent ensuite les signataires, mais le pire d¡¯entre tous est &±ô²¹±ç³Ü´Ç;±ô¡¯±ð³æ³Ù°ù²¹³¦³Ù¾±±¹¾±²õ³¾±ð&°ù²¹±ç³Ü´Ç; qui «génère un massacre au sein des communautés». L¡¯exploitation minière à outrance est «le grand contaminateur de la Terre Mère qui provoque la destruction massive de vastes territoires indigènes, en particulier dans le territoire de l'Amazonie vénézuélienne», dénoncent-ils. Là aussi, la loi ne semble pas appliquée voire inexistante face à ce phénomène dangereux.
Les organisations pointent également la présence de «groupes irréguliers» qui «envahissent les territoires autochtones», «soumettent les communautés» en tuant si nécessaire, et «recrutent des jeunes, violent les femmes, kidnappent les dirigeants, ferment les écoles, ne respectent pas le sacré et visent le génocide culturel des peuples autochtones». Ces différents groupes listés dans le document «ont massacré les autochtones ces dernières années, ont entraîné la disparition de certaines communautés» du territoire amazonien, et «veulent parvenir à l¡¯extermination des véritables propriétaires de ces territoires», s¡¯inquiètent les auteurs.
L¡¯urgence d¡¯une mobilisation nationale
«La situation critique des communautés est un problème, leurs situations ne peuvent être ignorées, leurs cris de pitié doivent être entendus, leurs droits doivent être respectés», est-il demandé. Les organisations réclament une aide médicale, davantage de structures d¡¯éducation, le respect des frontières des territoires autochtones, le soutien de la police et de l¡¯armée, la bonne application des lois et des principes constitutionnels.
«Plus jamais de morts ni de violations! Ça suffit avec la discrimination!» peut-on lire dans ce vibrant appel en faveur des autochtones du Venezuela, qui «ont encore beaucoup à offrir au pays, leur savoir ancestral ne peut pas disparaître». Mais l¡¯avenir préoccupe les organisations signataires: «que raconterons-nous aux enfants sur les peuples autochtones à l¡¯avenir? Quels territoires y aura-t-il dans le futur pour l¡¯ensemencement et l¡¯agriculture? Sur quels rivières non contaminées pourra-t-on naviguer d¡¯ici quelques années? (¡)»
Les institutions vénézuéliennes sont vivement interpelées à la fin de ce message, les auteurs plaidant pour une «exhortation et exigence partagée, de la part de tous ceux qui s¡¯appellent êtres humains, défenseurs, autochtones, amazoniens, protecteurs, et surtout (¡) ceux qui se font appeler vénézuéliens». Si ce n¡¯est pas le cas, les signataires redoutent d¡¯autres massacres et la disparition de certains peuples autochtones.
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