Au Nicaragua, Mgr Rolando Alvarez en r¨¦sidence surveill¨¦e ¨¤ Managua
Claire Riobé ¨C Cité du Vatican
«SOS. Urgent. En ce moment la police nationale pénètre dans [l'évêché de] notre diocèse de Matagalpa», a informé le diocèse sur sa page Facebook vendredi, à l'aube. L¡¯intervention de la police a eu lieu vers 3 heures du matin heure locale. Les forces anti-émeute ont enfoncé les portes de l¡¯évêché et interpelé l'évêque, avant de l'emmener à Managua, la capitale. En résidence surveillée, Mgr Alvarez a pu recevoir la visite du cardinal Brenes ce 19 août, en sa qualité de vice-président de la conférence épiscopale. Huit autres personnes, laïcs et prêtres, présents dans l'évêché aux côtés de Mgr Alvarez, ont été arrêtés et emmenés à Managua, où ils sont détenus dans une caserne de la police, pour les nécessités de l¡¯enquête, selon un communiqué de la police nicaraguayenne.
Plusieurs centaines de civils, entendant les cloches de l'église sonner lors de l'irruption de la police, se sont approchées du lieu pour tenter de protéger Mgr Alvarez, informe le média 100% Noticias sur place. Depuis le 4 août, Mgr Rolando Alvarez était empêché de sortir de l¡¯évêché par le gouvernement du président Daniel Ortega, qui l'accuse de vouloir «déstabiliser» le pays. L¡¯évêque de 55 ans, qui a pris la tête du diocèse en avril 2011, assure ne pas savoir pourquoi les autorités le poursuivent.
Soutien de la communauté internationale
Jeudi 18 août, Mgr Alvarez avait exprimé sa reconnaissance pour les messages de solidarité reçus de la part de fidèles du monde entier. «Merci pour vos attentions, [merci de] vous souvenir de nous», avait-il également déclaré le 11 août, lors d'une messe célébrée depuis la chapelle de son évêché, et retransmise sur les réseaux sociaux.
Mercredi 17 août, 26 anciens chefs d'État et de gouvernement d'Espagne et d'Amérique latine ont lancé un appel au Pape François, demandant à ce qu¡¯il «prenne fermement la défense du peuple nicaraguayen et de sa liberté religieuse».
Réaction de la conférence épiscopale argentine
Mgr Oscar Ojea, président de la Conférence épiscopale argentine, s¡¯est quant à lui adressé dans une lettre au cardinal Leopoldo Brenes, archevêque de Managua et primat du Nicaragua. Au nom des évêques argentins, Mgr Ojea lui a fait part de sa «proximité fraternelle» et de sa prière pour que les membres du clergé «puissent exercer leur ministère pastoral sans restrictions d'aucune sorte» dans le pays.
Suite à l'assignation à résidence de Mgr Alvarez à Matagalpa, un autre prêtre du diocèse de Siuna a été arrêté le 16 août. Le parquet a demandé son placement en détention provisoire pour 90 jours, selon le Cenidh, le Centre nicaraguayen pour les droits humains. En juillet, les religieuses de la congrégation des Missionnaires de la Charité, fondée par Mère Teresa, avaient également dû quitter le Nicaragua après avoir été expulsées comme des «délinquantes».
Montée des tensions depuis 2018
Les relations entre l'Église catholique et le gouvernement de Daniel Ortega sont tendues depuis 2018 lorsque des manifestants qui réclamaient la démission du président nicaraguayen ont trouvé refuge dans des églises. Depuis des mois, une répression est en cours au Nicaragua contre l'Église catholique, accusée de soutenir les opposants au régime sandiniste. Le président Ortega accuse notamment le clergé de complicité de tentative de coup d'État qu'il dit être ourdie par Washington.
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