Une famille de r¨¦fugi¨¦s de RDC portera la Croix au Colis¨¦e
Jean Charles Putzolu ¨C Cité du Vatican
«Quand j¡¯ai su qu¡¯avec mon épouse nous avions été choisis pour porter la Croix du Christ, j¡¯ai pleuré», raconte Raoul Bwalwele. Ce vendredi saint, il sera au Colisée à Rome avec son épouse et ses deux enfants Riccardo et Federico, tous deux nés en Italie. Ils porteront la croix à la quatorzième station: un aboutissement logique à leurs yeux, après un chemin parsemé d¡¯obstacles que chacun de leur côté, Irène et Raoul ont parcouru.
Deux vies, deux chemins
Raoul est arrivé de la République Démocratique du Congo en 2002 pour étudier à Rome, où il a obtenu un Master en communications sociales. Il a également travaillé pour des associations en charge de personnes handicapées, et enchaîné «les petits boulots», avant de se stabiliser dans un restaurant qui l¡¯emploie dans le quartier de la gare centrale de la capitale italienne. Aujourd'hui autonome financièrement, il a pu bénéficier de l¡¯aide et du soutien du centre Astalli, la branche italienne du JRS (Jesuit Refugee Service).
Irène a quant à elle suivi un parcours autrement plus compliqué. Militante et opposante politique en RDC, elle a fui sa terre après avoir été menacée de mort, et a pris la route plus «classique» des migrants. Après avoir atterri en Libye, la jeune femme a traversé la Méditerranée à bord d¡¯une embarcation de fortune, qui, par chance, est parvenue à atteindre les côtes du Sud de l¡¯Italie en 2012. À Rome, elle obtient rapidement le statut de réfugiée politique, et rencontre Raoul peu après son arrivée.
Le périple d¡¯Irène a été un vrai «chemin de croix», au risque de sa vie. En le racontant, Raoul est souriant, il en rit même quelquefois, tout cela est derrière eux. Et les difficultés que la petite famille peut rencontrer au quotidien sont relatives, avouent-ils, au regard de leur propre histoire. «La vie doit nous permettre de sourire», affirme Raoul, ajoutant : «Quand j¡¯ai rencontré Irène en 2012 et qu¡¯elle m¡¯a raconté son histoire, je me suis dit qu¡¯avec elle je pourrais continuer de sourire». Le couple s'est marié en 2016, et a aujourd¡¯hui deux enfants.
Les ombres du quotidien
L'heureuse famille doit cependant encore affronter au quotidien le regard des autres sur leur couleur de peau, lorsque ce ne sont pas des paroles déplacées. «Je continue de sourire», explique Raoul, comme si ce sourire constituait une carapace protectrice. En réalité, il dit éprouver plutôt de la peine pour «l¡¯ignorance des autres, qui ne veulent pas comprendre que la terre est unique, que nous sommes tous de la même famille humaine. Blancs, noirs, jaunes, la couleur n¡¯a aucune importance, nous sommes tous frères».
Nourrir l¡¯espérance d¡¯un retour au pays
Raoul et Irène se sentent accueillis dans l¡¯Église et particulièrement par le Pape François, avec son attention permanente pour les personnes migrantes et réfugiées. «Il me remplit de joie» dit Raoul, «et maintenant que l¡¯on sait qu¡¯il se rendra dans mon pays, j¡¯espère qu¡¯il remplira de joie aussi les fidèles du Congo».
Raoul et Irène caressent un rêve, comme une quinzième station au bout de leur Via Crucis : celui de retourner vivre dans leur pays. «Mais pour l¡¯instant ce n¡¯est pas possible. Il y a trop d¡¯instabilité politique. Le Congo est un pays très riche en ressources naturelles et paradoxalement c¡¯est aussi l¡¯un des plus pauvres au monde», regrette Raoul. Son espérance est aussi que le voyage de François, prévu en juillet prochain, permette une nouvelle impulsion, un nouveau départ à tous les niveaux de la société. Irène et lui se tiennent prêts à franchir le pas, et entamer ce voyage du retour dans leur pays, «pour contribuer à la construction de l¡¯avenir».
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