Les ¨¦±¹¨º±ç³Ü±ð²õ nig¨¦rians pr?nent une r¨¦vision de la Constitution
C¡¯est dans un mémorandum présenté à la Commission sénatoriale sur la réforme constitutionnelle que les évêques partagent leur position, arguant que la Charte fondamentale adoptée en 1999 ne favorise pas «l¡¯unité et le progrès du pays». Il convient selon eux de «mettre fin au statut dont jouit l'islam dans la Constitution» car cela «finit par désavantager les chrétiens et les croyants d'autres religions par rapport à la majorité musulmane», au lieu de «maintenir la paix et l'unité nationale».
Ils soulignent d¡¯ailleurs le fait que cette Charte, dont la révision est prévue depuis 2007, n'a pas été approuvée comme une loi contraignante, au contraire: elle est «un produit et une imposition des militaires» et, en tant que telle, elle présente «des contradictions intrinsèques qui n'augurent rien de bon» pour la nation. Par exemple, «la partialité, la reconnaissance et la prééminence accordées à l'Islam» contredisent la laïcité de l'État, consacrée par les articles 10 et 38 de la Constitution elle-même: dans le premier, il est indiqué que «le gouvernement n'adopte aucune religion comme religion d'État», tandis que le second garantit «la liberté de pensée, de conscience, de religion, de culte, d'enseignement, de pratique et d'observance de ses croyances», tant en public qu'en privé.
Cette disparité de traitement, soulignent les évêques, est rendue encore plus évidente par la création de tribunaux de la charia voulue par les mêmes auteurs de la Constitution de 1999, ce qui équivaut, in fine, à adopter l'islam comme religion d'État.
Inégalités dans le système judiciaire nigérian
Et ce n'est pas le seul problème que relèvent les évêques : le fonctionnement actuel des systèmes juridiques «a conduit à une situation dans laquelle il n'y a pas de loi unique pour tout le monde et toute la nation», expliquent-ils. Au contraire, «ce que nous avons, c'est un pays avec différentes lois pour différents peuples». Mais de cette manière, «si les musulmans disposent d'une cour exclusive qui règle leurs affaires et à laquelle ils peuvent être nommés juges, il n'en va pas de même pour les chrétiens ou les personnes d'autres religions». Et cela montre que la Constitution consacre en fait «un fossé et une inégalité dans le système judiciaire nigérian».
Invoquant, enfin, l'expurgation de la Charte fondamentale de «toutes les références à la charia et à toute autre loi discriminatoire ou de division», le mémorandum demande, «au nom de l'unité et de l'équité nationale», que «le Sénat prenne au sérieux la position de la conférence épiscopale et veille à ce que toutes les positions exprimées par les Nigérians soient entendues, afin que la Constitution révisée puisse refléter les aspirations et les visions de tous les citoyens».
Adoptée il y a 22 ans, la Constitution nigériane est le résultat de la chute de la dictature militaire de Sani Abacha et d'un processus de démocratisation qui se voulait le plus rapide possible, ce qui a laissé, dans les faits, une grande marge de liberté aux gouverneurs des différents États dans l'interprétation de la législation, et conduit à des situations très hétérogènes d'un territoire à l'autre.
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