Birmanie: le cardinal Bo prie pour la conversion des c?urs de la junte militaire
Près de cinq mois après le coup d'État du 1er février qui a destitué Aung San Suu Kyi, le régime militaire monte au créneau en attaquant des églises et autres lieux de culte et en arrêtant également des prêtres, sous prétexte d'une prétendue complicité avec la guérilla qui a repris les armes.
Dimanche 20 juin, le Pape François est intervenu dans cette escalade, se joignant à l¡¯Angélus à l'appel des évêques birmans pour permettre l'aide humanitaire aux personnes déplacées et pour que les églises, pagodes, monastères, mosquées, temples, ainsi que les écoles et les hôpitaux soient respectés «en tant que lieux neutres de refuge».
La Via Crucis birmane
Dans , le cardinal Bo a pour sa part de nouveau évoqué les souffrances vécues par le peuple birman et en particulier par les habitants de Loikaw et Mindat, théâtre de récentes attaques sanglantes de l'armée, qu¡¯il a comparées à celles d¡¯un «chemin de croix». «Nous ressentons la douleur de ces innocents, leurs larmes, leur sentiment d'abandon», a-t-il assuré. Rappelant l'Évangile de dimanche, où la tempête est apaisée, l'archevêque de Rangoun a ensuite fait remarquer que la tentation, en ces temps de souffrance, est de perdre la foi et de céder au désespoir.
Perdre l¡¯espérance, c¡¯est perdre l¡¯humanité
«Mais lorsque nous perdons l'espérance, nous perdons notre humanité», a-t-il averti. La réponse à la douleur et à la destruction est donc de partager la foi en Dieu et d'affirmer la vie, «même pour ceux qui nous l'enlèvent».
Citant les paroles de saint Paul aux Corinthiens, le cardinal Bo a ensuite souligné comment, dans le Christ, «toute souffrance annonce une nouvelle naissance» et comment les signes de cette renaissance sont également visibles en Birmanie, «au milieu du sang versé et des larmes».
Exemple évocateur, «la plus grande compréhension mutuelle» des Birmans et en particulier de la souffrance des minorités ethniques du pays comme les Kachin, les Karen, les Kayah et les Chin. «Aujourd'hui, la douleur nous a unis en une seule humanité, cela a pris 70 ans, mais c'est arrivé», démontrant qu'«une nouvelle Birmanie de paix et de justice n'est pas impossible», a déclaré le président des évêques birmans.
Une période de prière intense
En ce sens, le cardinal Bo a réaffirmé que la solution à la violence ne peut être plus de violence: «Depuis 70 ans, les armes résonnent pour tuer. Les armes ne résoudront jamais les problèmes de ce pays. Seule la conversion des c?urs peut guérir cette nation qui souffre depuis longtemps», a-t-il souligné.
Rappelant le commandement de Jésus aux disciples d'aimer nos ennemis et de prier pour ceux qui nous persécutent, le cardinal Bo a ensuite invité les fidèles à «une période de prière intense» pour les victimes, les disparus, les prisonniers, les personnes déplacées et celles qui ont tout perdu, mais aussi pour ceux qui tuent, y compris les militaires: «Oui, prions pour chaque soldat qui brandit une arme», a lancé le cardinal.
«Nous prions pour l'armée et ses dirigeants. Ils ont vraiment besoin de prières. Leur c?ur doit fondre et comprendre que la violence n'est pas dirigée contre une nation ennemie mais contre leur propre peuple. Si l'armée prétend être la protectrice de la nation, alors protégez chaque vie, même celle de ceux qui ont des opinions différentes.»
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