Mgr Shevchuk: "que la paix pr¨¦vale sur la tentation des armes !"
Benedetta Capelli - Cité du Vatican
Ce sont des mots de gratitude que l'archevêque majeur de Kiev-Halyic, S.B Sviatoslav Shevchuk, adresse au Pape François après l¡¯appel lancé dimanche dernier, lors du Regina Coeli, pour l¡¯Est de l¡¯Ukraine. Le Souverain Pontife exprimait sa «grande préoccupation» face à «l'augmentation des activités militaires» et aux nombreuses violations du cessez-le-feu enregistrées ces derniers mois dans cette région en guerre depuis 2014.
Cette préoccupation est partagée également par l'Union européenne qui poursuit la voie du dialogue et de la diplomatie. Face à une situation très «alarmante» et susceptible de dégénérer, «il est nécessaire de désamorcer les tensions», a déclaré le Haut Représentant pour la politique extérieure de l'Union européenne Josep Borrell, qui fait état de la présence à la frontière orientale de 150 000 soldats russes. Les États-Unis ont également fait part de leur «sérieuse préoccupation».
«J'espère vraiment que l'augmentation de la tension sera évitée et, au contraire, que des gestes seront faits pour promouvoir la confiance mutuelle et favoriser la réconciliation et la paix qui sont si nécessaires et si désirées», a souhaité le Pape lors du Regina Coeli. C¡¯est précisément sur la base de ces paroles que S.B Sviatoslav Shevchuk s'adresse à Pope :
«Nous sommes vraiment reconnaissants au Saint-Père, avant tout pour son empathie et sa prière pour l'Ukraine, pour notre peuple si bouleversé qui vit de nouveau dans une grande peur. Et cette peur est causée par deux choses. Un cessez-le-feu qui dure depuis près d'un an et qui malheureusement est en train de se fissurer, alors que les tirs et les affrontements militaires s'intensifient dans l'est de l'Ukraine. C'est vraiment une tragédie parce que nous espérons tellement que la guerre puisse être arrêtée, qu'une solution politique et diplomatique puisse vraiment être trouvée à ce conflit ; nous savons tous qu'il n¡¯existe aucune solution militaire à cette situation.
La deuxième cause de cette peur du peuple ukrainien est la très forte concentration de troupes russes à la frontière de l'Est. Et l'on craint une invasion directe de cette armée sur le territoire de l'Ukraine. Et tout cela se passe dans le contexte de la pandémie. Nous connaissons actuellement une très forte vague de contaminations dans le pays et nous vivons donc un moment de grande peur. La solidarité du Saint-Père et l'attention qu'il porte à notre souffrance, suscitent des sentiments de profonde gratitude à son égard, pour sa prière et le soutien qu¡¯il offre au peuple ukrainien qui souffre.
Lors du Regina Coeli, le Pape François a fait référence à la situation humanitaire de la population de l¡¯Est ukrainien. Quelle est-elle actuellement ?
La situation humanitaire dans cette région s'aggrave car avant la pandémie de Covid, il y avait des points de passage, les gens pouvaient se déplacer de la partie occupée à la partie contrôlée par les Ukrainiens. Les personnes âgées pouvaient venir toucher leur pension. Une aide humanitaire pouvait alors atteindre cette zone. Mais avec l'apparition du coronavirus, tous ces points de passage ont été fermés. Les gens sont piégés. La contagion se répand, la possibilité d'envoyer de l'aide humanitaire -médicaments, nourriture- est presque impossible. Si à cela s'ajoute un affrontement militaire... Ce serait une tragédie pour ces populations effrayées qui se sentent oubliées.
Quel appel voulez-vous lancer pour promouvoir la réconciliation et la paix ?
Non à la guerre ! Déposez les armes ! Comme l'a dit le Saint Père François, avec la guerre on ne gagne rien mais on perd tout. Que la raison, le dialogue, même diplomatique, l'emporte sur la tentation d'utiliser les armes pour résoudre tout problème de la politique internationale. Nous, les représentants des Églises et des organisations religieuses d'Ukraine - je suis maintenant le président du Conseil des Églises - avons signé un appel à la paix, en particulier au moment de Pâques, car dans deux semaines nous célébrerons la Pâques orthodoxe en Ukraine et, en tant qu'Église gréco-catholique, nous suivons le calendrier julien, donc pour cette période de Pâques, nous voulons que la paix prévale, que les chants de Pâques et le son des cloches l'emportent sur les coups de feu, sur l'utilisation des armes. C'est notre appel, c'est notre prière, c'est notre volonté, c'est notre souhait le plus profond: que la paix règne, non à la guerre, que les troupes soient retirées et que les gens puissent vivre dans la dignité et recevoir l'aide dont ils ont besoin.»
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