#ZimbabweanLivesMatter : la campagne des chr¨¦tiens contre la violence
Pope
Fin juillet, le gouvernement a initié une vaste répression contre les voix dissidentes, faisant arrêter plusieurs figures de l¡¯opposition, des journalistes et des écrivains, et usant de la force contre des manifestations pacifiques.
Cette situation a conduit les leaders chrétiens -catholiques, évangéliques, apostoliques et représentants du Conseil des Églises, réunis au sein du Zhocd (Zimbabwe Heads of Christian Denominations) - à lancer un appel au dialogue et à la réconciliation nationale. Dans une déclaration diffusée ces jours-ci, les Zhocd remercient pour «la solidarité générale» avec laquelle la campagne en ligne a été accueillie et espèrent «une confrontation sincère et inclusive» entre toutes les parties concernées, afin de «construire le Zimbabwe que nous voulons».
Un pays confronté à de grands défis
Les confessions chrétiennes dénoncent «l'arrestation et la persécution de la presse et des militants civils qui ont mis en lumière la profonde corruption» qui sévit dans le pays. Certains d'entre eux ont également été «torturés et traités de façon inhumaine, tandis que d'autres sont contraints de se cacher. Et cela est très préoccupant», tout comme «la présence et l'implication violente de l'armée» dans la répression des manifestations. Tout cela alors que le Zimbabwe est confronté à de grands défis, notamment des «pénuries alimentaires», qui deviennent de plus en plus graves car la prochaine récolte n'est pas prévue avant mars 2021. Et «les niveaux croissants de malnutrition infantile», selon la déclaration, «peuvent avoir des conséquences durables sur le développement des enfants».
Le Zhocd lance ensuite un appel pressant au ministère de la Santé, soupçonné de corruption au moment où le pays est confronté à la pandémie de Covid-19. «Les niveaux élevés de corruption qui ont conduit à l'éviction du ministre de la santé ont fait que les ressources allouées à la lutte contre le coronavirus n'ont pas été distribuées là où elles auraient été nécessaires», lit-on dans le document. En outre, les mesures strictes de confinement ont entraîné «l'effondrement des services sociaux, avec une charge supplémentaire pour les plus pauvres et les plus vulnérables». De fait, la pauvreté s'étend dans le pays: environ 90% des habitants du pays dépendent du secteur informel et ont donc perdu leurs sources de revenus.
Échec de l'État de droit
Cela montre, écrivent les confessions chrétiennes, que le Zimbabwe manque de «préparation humanitaire adéquate», qu¡¯il est incapable de «refermer les blessures du passé» ; de là, «l'échec de l'État de droit» et «une économie non inclusive, contrôlée par les cartels et infestée par la corruption». Tournés vers l'avenir, les dirigeants chrétiens appellent donc à «un dialogue national et mondial de grande envergure entre tous les secteurs de la société», afin de parvenir à «un accord national», ancré dans la Constitution et «projeté vers une réconciliation fondée sur la vérité et la justice, à partir d'un accès équitable aux ressources du pays».
Le Zimbabwe ne semble donc pas encore se remettre des trente années de pouvoir de l'ancien président Robert Mugabe, évincé par les militaires en 2017 et aujourd'hui décédé. Des décennies de mauvaise gestion ont fait passer le taux de pauvreté de 29 % en 2018 à 34 % en 2019 et ont conduit des familles entières à la famine. En outre, la réduction des approvisionnements en électricité et en eau, due au rationnement, aggrave les conditions de vie de la population, alors que le Covid-19 fait rage: au 13 août, on compte en effet près de 5 000 cas positifs.
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