Covid-19 : l'?glise indienne inaugure un centre r¨¦serv¨¦ aux personnes infect¨¦es
Entretien réalisé par Alessandro Di Bussolo ¨C Cité du Vatican
«He shall live because of me», («Il vivra à cause de moi») t-elle est la devise du St. John's Medical College, le plus grand des quatre hôpitaux catholiques de l'archidiocèse de Bangalore, dans l'État de Karnataka, au sud-ouest de l¡¯Inde. L'hôpital est le bras opérationnel de l¡¯université St. John's National Academy of Health Sciences fondée en 1963 par la Conférence épiscopale de l'Inde.
400 lits réservés
Après avoir examiné plus de 5 000 malades du coronavirus dans son service des maladies infectieuses, soigné plus de 2 000 patients aux urgences, et accompagné plus de 500 personnes infectées en soins intensifs, l¡¯hôpital a ouvert la semaine passée un premier centre de traitement réservé aux personnes souffrant de la Covid-19.
Le virus a tué plus de 56 700 morts depuis son apparition et l¡¯Inde a enregistré ce dimanche plus de 3 millions de personnes infectées dont 69 000 nouvelles contaminations ces dernières 24 heures.
L¡¯archevêque de Bangalore et vice-président de la St John¡¯s, Mgr Peter Machado, a inauguré cette structure lundi dernier, en présence de son directeur, le père Paul Parathazham.
Ce nouveau centre compte 400 lits dont 48 placés en isolement et 24 en soins intensifs. Avant Malgré la situation financière difficile de l'hôpital, en raison de la baisse significative des admissions non-Covid au cours des derniers mois, l'institution s'est engagée à fournir plus de 500 lits au gouvernement du Karnataka.
Une assistance offerte à tous
«L¡¯hôpital a relevé le défi d¡¯offrir une assistance sanitaire à des prix accessibles à ces patients» infectés par la Covid-19 et qui sont aujourd¡¯hui à ce titre «stigmatisés, mis au banc et même physiquement agressés», a relevé Mgr Peter Machado dans son discours d¡¯inauguration.
Dans un entretien accordé à Pope, l'archevêque de Bangalore rapporte que «les gens ont très peur de la contagion» en Inde et regrette que les médias alimentent leurs craintes ce qui poussent certaines personnes à «pourchasser les pauvres malades». Chez les chrétiens, précise Mgr Machado, certains craignent les personnes infectées mais «il y a une sensibilité différente». Alors que les malades de la Covid-19 doivent pays très cher dans des hôpitaux privés ou chercher une place au sein de structures publiques où les soins ne sont pas très bons, «dans nos hôpitaux catholiques, nous accueillons non seulement les chrétiens, mais aussi, avec la même attention, les hindous et les musulmans. Ne paient que ceux qui le peuvent, et selon leur possibilité», explique le prélat. Pour financer leurs structures, «le gouvernement apporte une contribution minimale, puis il y a la générosité des bienfaiteurs et de la providence».
Marginalisés même dans la mort
L¡¯Église est en première ligne pour aider les pauvres et les nécessiteux, rappelait l¡¯archevêque dans son discours. Elle témoigne ainsi de sa foi et de son espérance «pour tous les habitants du pays», poursuit-il à notre micro, en y mettant «tout son c?ur» et sans attendre l¡¯aide de l¡¯État pour agir.
En Inde, il arrive que les malades de Covid-19 soient marginalisés même dans la mort, des cadavres sont laissés à la morgue sans enterrement et sans les pleurs et les prières d'un parent ou d'un ami, rapporte le prélat. Une condition tragique qui a déclenché la solidarité des jeunes catholiques et musulmans. «Nous avons un groupe de près de 100 jeunes qui se sont proposés pour le service de préparation à la sépulture et pour les funérailles des victimes abandonnées, car personne ne veut s'approcher de leurs corps. Les jeunes travaillent avec tous les dispositifs de sécurité, comme les musulmans qui ont un groupe sympathique appelé Angels. Ils s'occupent également des funérailles des chrétiens et des hindous, comme le font nos jeunes pour les autres religions» explique Mgr Machado qui voit là une opportunité de donner un autre sens à la douleur expérimentée avec la pandémie. Il plaide pour davantage de solidarité et se réjouit que le service offert par l¡¯Église permette la rencontre avec d¡¯autres croyants qui apprécient la contribution catholique.
Des écoles ouvertes aux déplacés
A Bangalore, en plus de l¡¯aide fournie au sein des hôpitaux catholiques, quatre écoles du diocèse ont été mises à la disposition de plus de 1000 déplacés, venus dans la capitale de l¡¯Etat de Karnataka pour travailler. Ce sont essentiellement des Indiens, mais parmi eux se trouvent également quelques Philippins et des Africains.
Lorsque la pandémie est apparue en Inde, l¡¯Église a également apporté de l¡¯aide alimentaire aux plus démunis. «Aujourd¡¯hui nous assistons 28 000 familles chrétiennes, mais également hindoues ou musulmanes» souligne le prélat. Un groupe de jeunes catholiques a été créé pour accompagner les malades de la Covid-19 à l¡¯hôpital et suivre leurs familles, «que plus personne ne veut approcher» déplore l¡¯archevêque.
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