L'¨¦piscopat autrichien invite ¨¤ vivre l'apr¨¨s-pand¨¦mie dans la gratitude et la solidarit¨¦
Dans la lettre pastorale intitulée "Pour une normalité spirituellement renouvelée" publiée en vue de la Pentecôte, la Conférence épiscopale autrichienne (Öbk) propose une «normalité» déclinée selon les sept dons de l'Esprit Saint, et actualisée aux grands défis auxquels le monde est confronté en ces temps difficiles. Ils apportent ainsi une dimension spirituelle à cette phase de «nouvelle normalité», selon la terminologie adoptée par le gouvernement de Vienne.
Les évêques soutiennent tout d'abord un «esprit de gratitude», contre «le cercle vicieux de l'envie et de la cupidité» qui alimente la peur: cette gratitude doit s¡¯exprimer «envers tous ceux qui ont maintenu l'infrastructure du pays en état de marche pendant ces mois d'urgence et envers les familles et les organisations humanitaires comme Caritas et la Croix-Rouge». Ils exhortent «à ne pas laisser cette précieuse expérience» se perdre dans le marasme des préoccupations urgentes «en la sacrifiant à la colère et à la frustration».
Au c?ur des préoccupations des évêques autrichiens se trouvent les personnes les plus gravement touchées par l'urgence, qui sont désormais également menacées par la pauvreté en Autriche. Ils appellent à un «esprit de solidarité» pour les plus vulnérables et donc à des mesures pour soutenir ceux qui ont perdu leur emploi, les femmes, les parents isolés et les retraités avec des allocations minimales, mais aussi les entrepreneurs dans les différents secteurs touchés par la crise. Selon l'Église autrichienne, de nouvelles formes de sécurité sociale devraient être envisagées, notamment un revenu minimum garanti pour ceux qui n'en bénéficient pas.
Renforcer la coopération européenne pour vaincre la tentation nationaliste
Mais ce qui préoccupe les évêques, c'est aussi la «dimension européenne de la solidarité». Ils exhortent à une «coopération passionnée» et à une action déterminée contre ce qu'ils appellent le «virus» du nationalisme : «Si nos voisins européens vont bien, nous allons bien aussi. Il en va de même pour la grande famille humaine au-delà de notre continent», indique le document qui invite donc le gouvernement à accorder plus d'attention aux personnes cherchant refuge en Europe et donc à accueillir «un contingent équitable de demandeurs d'asile et de personnes déplacées dans un avenir proche».
Face à la nouvelle escalade des tensions politiques en Autriche, la lettre appelle ensuite à un «débat politique constructif» : «Compte tenu des nombreux défis auxquels nous sommes confrontés, nous ne pouvons nous permettre le mépris et l'arrogance», souligne-t-elle.
Un autre thème central de la lettre pastorale est l'urgence climatique actuelle. À cet égard, le document appelle tous les citoyens, les dirigeants politiques et les entreprises à «s'engager à sauver la planète avec la même intensité que celle avec laquelle le Covid-19 a été combattu». Selon les évêques autrichiens, la reconstruction offre une grande opportunité pour une réduction drastique de l'utilisation des combustibles fossiles.
La relance de la consommation ne peut pas constituer un modèle de société
Dans cette perspective, ils appellent également à repenser l'économie et en particulier le modèle actuel de développement centré sur la consommation et l'efficacité, qui sacrifie le temps repos, avec la remise en cause du dimanche, mais aussi les personnes considérées comme improductives, en banalisant des pratiques comme l'euthanasie des personnes âgées. Les évêques lancent donc cet avertissement : «Une économie florissante ne doit pas être une économie centrée sur une croissance infinie.»
Enfin, l'épiscopat invite à la confiance et à l'espérance chrétienne, en exhortant à ne pas céder aux tentations de conspiration en vogue aujourd'hui et à ne pas se réfugier dans la superstition pour faire face aux craintes dictées par l'incertitude du moment : «La foi chrétienne n'efface pas les problèmes, mais donne force et persévérance pour le chemin à suivre», soulignent en conclusion les évêques, reconnaissant que l'urgence du coronavirus a pris au dépourvu toutes les instiutions et donc aussi l'Église, qui est toutefois prête à «apprendre» à s'adapter spirituellement à cette «nouvelle normalité».
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