蜜桃交友

Traduction de Christus vivit, paragraphes 278 à 298:

Le discernement 

278. Sur le discernement en général, je me suis déjà arrêté dans l鈥橢xhortation apostolique Gaudete et exsultate. Permettez-moi de reprendre certaines de ces réflexions, en les appliquant au discernement de sa propre vocation dans le monde.

279. Je rappelle que tout le monde, mais « spécialement les jeunes, sont exposés à un zapping constant. Il est possible de naviguer sur deux ou trois écrans simultanément et d鈥檌nteragir en même temps sur différents lieux virtuels. Sans la sagesse du discernement, nous pouvons devenir facilement des marionnettes à la merci des tendances du moment ».Et « cela devient particulièrement important quand apparaît une nouveauté dans notre vie et qu鈥檌l faudrait alors discerner pour savoir s鈥檌l s鈥檃git du vin nouveau de Dieu ou bien d鈥檜ne nouveauté trompeuse de l鈥檈sprit du monde ou de l鈥檈sprit du diable ».

280. Ce discernement, « bien qu鈥檌l inclue la raison et la prudence, il les dépasse parce qu鈥檌l s鈥檃git d鈥檈ntrevoir le mystère du projet unique et inimitable que Dieu a pour chacun [鈥�] Ce qui est en jeu, c鈥檈st le sens de ma vie devant le Père qui me connaît et qui m鈥檃ime, le vrai sens de mon existence que personne ne connaît mieux que lui ».

281. Dans ce cadre, se situe la formation de la conscience qui permet au discernement de grandir en profondeur et dans la fidélité à Dieu. « Former la conscience est le cheminement de toute la vie, où l鈥檕n apprend à nourrir les mêmes sentiments que Jésus-Christ, en adoptant les critères de ses choix et les intentions de son action (cf. Ph 2, 5)».

282. Cette formation implique de se laisser transformer par le Christ,  et elle est en même temps « une pratique habituelle du bien, vérifiée dans l鈥檈xamen de conscience : un exercice où il ne s鈥檃git pas seulement d鈥檌dentifier ses péchés, mais aussi de reconnaître l鈥櫯搖vre de Dieu dans sa propre expérience quotidienne, dans les événements de l鈥檋istoire et des cultures au sein desquelles nous vivons, dans le témoignage de tant d鈥檋ommes et de femmes qui nous ont précédés ou qui nous accompagnent par leur sagesse. Tout cela aide à grandir dans la vertu de prudence, en articulant l鈥檕rientation globale de l鈥檈xistence avec les choix concrets, avec une lucidité sereine de ses dons et de ses limites».

Comment discerner ta vocation

283. Une expression du discernement est l鈥檈ngagement pour reconnaître sa propre vocation. C鈥檈st une tâche qui requiert des espaces de solitude et de silence, parce qu鈥檌l s鈥檃git d鈥檜ne décision très personnelle que d鈥檃utres ne peuvent pas prendre pour quelqu鈥檜n : « Même si le Seigneur nous parle de manières variées, dans notre travail, à travers les autres et à tout moment, il n鈥檈st pas possible de se passer du silence de la prière attentive pour mieux percevoir ce langage, pour interpréter la signification réelle des inspirations que nous croyons recevoir, pour apaiser les angoisses et recomposer l鈥檈nsemble de l鈥檈xistence personnelle à la lumière de Dieu ».

284. Ce silence n鈥檈st pas une forme d鈥檌solement, car « il faut rappeler que le discernement priant doit trouver son origine dans la disponibilité à écouter le Seigneur, les autres, la réalité même qui nous interpelle toujours de manière nouvelle. Seul celui qui est disposé à écouter possède la liberté pour renoncer à son propre point de vue partiel ou insuffisant [鈥�]. De la sorte, il est vraiment disponible pour accueillir un appel qui brise ses sécurités mais qui le conduit à une vie meilleure, car il ne suffit pas que tout aille bien, que tout soit tranquille. Dieu pourrait être en train de nous offrir quelque chose de plus, et à cause de notre distraction dans la commodité, nous ne nous en rendons pas compte ».

285. Quand il s鈥檃git de discerner sa propre vocation, il est nécessaire de se poser plusieurs questions. Il ne faut pas commencer par se demander où l鈥檕n pourrait gagner le plus d鈥檃rgent, ou bien où l鈥檕n pourrait obtenir le plus de notoriété et de prestige social, ni commencer par se demander quelles tâches donneraient plus de plaisir à quelqu鈥檜n. Pour ne pas se tromper, il faut commencer d鈥檜n autre lieu, et se demander : Est-ce que je me connais moi-même, au-delà des apparences et de mes sensations ?; est-ce-que je sais ce qui rend mon c艙ur heureux ou triste ? ; quelles sont mes forces et mes faiblesses ? Immédiatement suivent d鈥檃utres questions : comment puis-je servir au mieux et être plus utile au monde et à l鈥橢glise ?; quelle est ma place sur cette terre ? ; qu鈥檈st-ce que je pourrais offrir à la société ? ; puis d鈥檃utres suivent très réalistes: est-ce que j鈥檃i les capacités nécessaires pour assurer ce service ? ; ou est-ce que je pourrais développer les capacités nécessaires ?

286. Ces questions doivent se situer non pas tant en rapport avec soi-même et ses inclinations, mais en rapport avec les autres, face à eux, de manière à ce que le discernement pose sa propre vie en référence aux autres. Pour cela, je veux rappeler quelle est la grande question : 鈥淭ant de fois, dans la vie, nous perdons du temps à nous demander : « Mais qui suis-je ? ». Mais tu peux te demander qui tu es et passer toute la vie en cherchant qui tu es. Demande-toi plutôt : « Pour qui suis-je ? »鈥�.Tu es pour Dieu, sans aucun doute. Mais il a voulu que tu sois aussi pour les autres, et il a mis en toi beaucoup de qualités, des inclinations, des dons et des charismes qui ne sont pas pour toi, mais pour les autres.

L鈥檃ppel de l鈥橝mi

287. Pour discerner sa propre vocation, il faut reconnaître que cette vocation est l鈥檃ppel d鈥檜n ami : Jésus. A ses amis, si on leur offre quelque chose, on leur offre le meilleur. Et ce meilleur n鈥檈st pas nécessairement la chose la plus coûteuse ou la plus difficile à obtenir, mais celle dont on sait qu鈥檈lle donnera de la joie à l鈥檃utre. Un ami perçoit cela avec tant de clarté qu鈥檌l peut visualiser dans son imagination le sourire de son ami quand il ouvre son cadeau. Ce discernement d鈥檃mitié est ce que je propose aux jeunes comme modèle s鈥檌ls cherchent à trouver quelle est la volonté de Dieu pour leur vie.

288. Je voudrais qu鈥檌ls sachent que lorsque le Seigneur pense à chacun, dans ce qu鈥檌l souhaiterait lui offrir, il pense à lui comme à son ami personnel. Et s鈥檌l a prévu de t鈥檕ffrir une grâce, un charisme qui te fera vivre ta vie à plein et te transformera en une personne utile pour les autres, en quelqu鈥檜n qui laissera une trace dans l鈥檋istoire, ce sera sûrement quelque chose qui te réjouira au plus profond de toi et qui t鈥檈nthousiasmera plus que toute chose au monde. Non pas parce qu鈥檌l va te donner un charisme extraordinaire ou rare, mais parce qu鈥檌l sera juste à ta mesure, à la mesure de ta vie entière.

289. Le don de la vocation sera sans aucun doute un don exigeant. Les dons de Dieu sont interactifs et pour en profiter tu dois mettre beaucoup en jeu, tu dois risquer. Mais ce ne sera pas l鈥檈xigence d鈥檜n devoir imposé par un autre de l鈥檈xtérieur, mais quelque chose qui te stimulera à grandir et à choisir que ce don mûrisse et devienne un don pour les autres. Quand le Seigneur suscite une vocation, il ne pense pas seulement à ce que tu es, mais à tout ce que tu pourras parvenir à être avec lui et avec les autres.

290. La puissance de la vie et la force de sa propre personnalité se nourrissent mutuellement à l鈥檌ntérieur de chaque jeune et le poussent à aller au-delà de toutes limites. L鈥檌nexpérience permet que cela arrive, même si rapidement cela se transforme en expérience, très souvent douloureuse. Il est important de mettre en contact ce désir de « l鈥檌nfini du commencement pas encore mis à l鈥�épreuve » avec l鈥檃mitié inconditionnelle que nous offre Jésus. Avant toute loi et tout devoir, ce que Jésus nous propose pour choisir est le fait de suivre, comme le font des amis qui se suivent et se cherchent et se trouvent par pure amitié. Tout le reste vient après, et même les échecs de la vie peuvent être une expérience inestimable de cette amitié qui jamais ne se brise.

Ecoute et accompagnement

291. Il y a des prêtres, des religieux, des religieuses, des laïcs, des professionnels, et même des jeunes formés, qui peuvent accompagner les jeunes dans leur discernement vocationnel. Quand il nous incombe d鈥檃ider l鈥檃utre à discerner le chemin de sa vie, la première chose est d鈥�écouter. Et cette écoute suppose trois sensibilités ou attentions distinctes et complémentaires:

292. La première sensibilité ou attention est à la personne. Il s鈥檃git d鈥�écouter l鈥檃utre qui se donne lui-même à nous dans ses paroles. Le signe de cette écoute est le temps que je consacre à l鈥檃utre. Ce n鈥檈st pas une question de quantité, mais que l鈥檃utre sente que mon temps est à lui: celui dont il a besoin pour m鈥檈xprimer ce qu鈥檌l veut. Il doit sentir que je l鈥�écoute inconditionnellement, sans m鈥檕ffenser, sans me scandaliser, sans m鈥檈nnuyer, sans me fatiguer. Cette écoute est celle que le Seigneur exerce quand il se met à marcher à côté des disciples d鈥橢mmaüs et qu鈥檌l les accompagne un long moment par un chemin qui allait dans la direction opposée à la bonne direction (cf. Lc 24, 13-35). Quand Jésus fait le mouvement d鈥檃ller de l鈥檃vant parce qu鈥檌ls sont arrivés à leur maison, là ils comprennent qu鈥檌l leur a offert son temps, et alors ils lui offrent le leur, en lui donnant l鈥檋ébergement. Cette écoute attentive et désintéressée indique la valeur que l鈥檃utre personne a pour nous, au-delà de ses idées et de ses choix de vie.

293. La seconde sensibilité ou attention est celle de discerner. Il s鈥檃git d鈥�épingler le moment précis où l鈥檕n discerne la grâce ou la tentation. Parce que parfois les choses qui traversent notre imagination ne sont que des tentations qui nous détournent de notre véritable chemin. Ici, je dois me demander ce que cette personne me dit exactement, ce qu鈥檈lle veut me dire, ce qu鈥檈lle désire que je comprenne de ce qui se passe. Ce sont des questions qui aident à comprendre où s鈥檈nchainent les arguments qui meuvent l鈥檃utre et à sentir le poids et le rythme de ses affections influencées par cette logique. Cette écoute vise à discerner les paroles salvatrices du bon Esprit, qui nous propose la vérité du Seigneur, mais également les pièges du mauvais esprit 鈥� ses erreurs et ses séductions 鈥�. Il faut avoir le courage, la tendresse et la délicatesse nécessaires pour aider l鈥檃utre à reconnaître la vérité et les mensonges ou les prétextes.

294. La troisième sensibilité ou attention vise à écouter les impulsions que l鈥檃utre expérimente 鈥渆n avant鈥�. C鈥檈st l鈥�écoute profonde de 鈥渃e vers quoi l鈥檃utre veut vraiment aller鈥�. Au-delà de ce qu鈥檌l sent et pense dans le présent, de ce qu鈥檌l a fait dans le passé, l鈥檃ttention vise ce qu鈥檌l voudrait être. Parfois cela implique que la personne ne regarde pas tant ce qui lui plaît, ses désirs superficiels, mais ce qui plaît plus au Seigneur, son projet pour sa propre vie qui s鈥檈xprime dans une inclination du c艙ur, au-delà de l鈥檈nveloppe des goûts et des sentiments. Cette écoute est attention à l鈥檌ntention ultime, celle qui en définitive décide de la vie, parce qu鈥檌l existe Quelqu鈥檜n comme Jésus qui entend et évalue cette intention ultime du c艙ur. C鈥檈st pourquoi il est toujours disposé à aider chacun pour qu鈥檌l la reconnaisse, et pour cela il suffit que quelqu鈥檜n lui dise : 鈥淪eigneur, sauve-moi ! Aie pitié de moi !鈥�.

295. Alors oui, le discernement devient un instrument de lutte pour mieux suivre le Seigneur. De cette manière, le désir de reconnaître sa propre vocation acquiert une intensité suprême, une qualité différente et un niveau supérieur, qui répond beaucoup mieux à la dignité de sa propre vie. Parce qu鈥檈n définitive un bon discernement est un chemin de liberté qui fait apparaître ce que chaque personne a d鈥檜nique, ce qui est vraiment soi, vraiment personnel, que Dieu seul connaît. Les autres ne peuvent ni pleinement comprendre ni anticiper de l鈥檈xtérieur comment cela se développera.

296. C鈥檈st pourquoi, quand on écoute l鈥檃utre de cette manière, à un moment donné, on doit disparaître pour le laisser poursuivre ce chemin qu鈥檌l a découvert. C鈥檈st disparaître comme le Seigneur disparaît à la vue de ses disciples et les laisse seuls avec la brûlure du c艙ur qui devient un élan irrésistible de se mettre en chemin. (cf. Lc 24, 31-33). Au retour dans la communauté, les disciples d鈥橢mmaüs recevront la confirmation que vraiment le Seigneur est ressuscité (cf. Lc 24, 34).

297. Etant donné que « le temps est supérieur à l鈥檈space », il est nécessaire de susciter et d鈥檃ccompagner des processus, et non pas d鈥檌mposer des parcours. Et ce sont des processus de personnes qui sont toujours uniques et libres. C鈥檈st pourquoi il est difficile d鈥�établir des règles, même lorsque tous les signes sont positifs, parce qu鈥�« il importe de soumettre ces mêmes facteurs positifs à un discernement attentif, pour ne pas les isoler l'un de l'autre et ne pas les mettre en opposition entre eux, comme s'ils étaient des absolus en opposition. Il en est de même pour les facteurs négatifs : il ne faut pas les rejeter en bloc et sans distinction, parce qu'en chacun d'eux peut se cacher une valeur qui attend d'être libérée et rendue à sa vérité totale ».

298. Mais pour accompagner les autres sur ce chemin, tu as d鈥檃bord besoin d鈥檃voir l鈥檋abitude de le parcourir toi-même. Marie l鈥檃 fait, en affrontant ses questions et ses propres difficultés quand elle était très jeune. Qu鈥檈lle renouvelle ta jeunesse avec la force de sa prière et qu鈥檈lle t鈥檃ccompagne toujours avec sa présence de Mère.