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Marie de Hennezel: ?Ceux qui vont mourir nous apprennent ¨¤ vivre?

Au lendemain de la Toussaint, l¡¯?glise comm¨¦more tous les fid¨¨les d¨¦funts. Une journ¨¦e ¨¤ vivre en lien avec ceux qui sont morts, par la pri¨¨re, le souvenir, ou des gestes concrets. La psychologue clinicienne et ¨¦crivain Marie de Hennezel, qui accompagne des personnes en fin de vie depuis de nombreuses ann¨¦es, nous propose une r¨¦flexion sur la signification de la mort et la mani¨¨re de vivre ce passage.

Entretien réalisé par Adélaïde Patrignani ¨C Cité du Vatican

Au chevet de ceux qui vont mourir, Marie de Hennezel a recueilli de précieux enseignements sur la vie. Une personne que l¡¯on accompagne dans ses derniers jours amène à se poser des questions existentielles. «Ceux qui vont mourir nous apprennent à vivre», affirme la psychologue clinicienne, qui est devenue en 1987 la première psychologue en unité de soins palliatifs de France, à l'Hôpital international de la Cité universitaire de Paris.

Mais aujourd¡¯hui, les personnes ont moins conscience que «le temps de mourir est un temps important». De plus en plus elles veulent l¡¯écourter. Marie de Hennezel plaide pour le retour d¡¯une «culture de l¡¯accompagnement» dans les familles: parler de la mort, inviter les jeunes à aller voir une personne mourante, s¡¯entretenir avec elle, lui offrir un cadeau¡­ «il y aurait moins de solitude», assure la psychologue clinicienne.

La vie ne finit pas ici-bas 

La mort elle-même reste un sujet tabou dans la société actuelle. La médecine rêve d¡¯accéder à l¡¯immortalité. Pourtant, «il est très important d¡¯être conscient que nous ne serons pas toujours sur Terre, car cette conscience nous ramène aux valeurs de notre vie, nous ramène à nous-même», estime Marie de Hennezel. La mort nous rappelle surtout l¡¯importance et la valeur de la vie elle-même, elle «nous oblige à faire quelque chose de notre vie». Finalement, «si la mort n¡¯existait pas, nous ne serions pas créatifs».

Par ailleurs, l¡¯homme veut toujours plus contrôler les conditions de sa mort. Cela révèle une peur de ne plus s¡¯appartenir au moment de la mort, et «il y a d¡¯autant plus de peur que notre société est dans le déni de la mort». Il faudrait en parler davantage; «cette parole échangée permettrait d¡¯avoir moins peur». Accompagner des personnes en fin de vie l¡¯a elle-même aidée, explique Marie de Hennezel. «Plus j¡¯ai accompagné des gens et moins j¡¯ai eu peur», «ils m¡¯ont permis d¡¯avoir confiance», confie-t-elle.

Notre invitée explique également en quoi un texte du père Maurice Zundel, L¡¯expérience de la mort, lui a permis de mieux appréhender ce passage. «L¡¯essence de mon être ne va pas mourir avec la mort de mon corps», affirme Marie de Hennezel. «L¡¯après reste un mystère mais quelque chose de moi, de mon essence, ressuscitera». La mort envisagée non pas comme un mur, mais comme une porte s¡¯ouvrant sur la vie éternelle: telle est la certitude qui habite les chrétiens. Le 2 novembre est aussi une journée pour laisser place à cette espérance, qui trouve son fondement dans la mort et la résurrection du Christ.

Entretien avec Marie de Hennezel

Marie de Hennezel est également écrivain, auteur d¡¯une vingtaine d¡¯ouvrages. Elle a notamment publié La Mort intime (Belfond, 1995), traduit en 22 langues et préfacé par François Mitterrand. Son dernier ouvrage, Et si vieillir libérait la tendresse, a été coécrit avec Philippe Gutton et publié chez In Press.

 

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02 novembre 2019, 10:59