La pr¨¦sence catholique serait ¨¤ risque en ?rythr¨¦e
Marie Duhamel ¨C Cité du Vatican
L¡¯Église catholique gère 100 crèches et 50 écoles à travers le pays, des classes élémentaires à celles du lycée, mais pas la terminale, puisque le gouvernement a imposé l¡¯an dernier à tous les élèves de finir leurs études secondaires dans un institut militaire. «Ceux qui ne fréquentent pas cette dernière année n¡¯obtiennent pas leur diplôme», explique une source anonyme à l¡¯Aide à l¡¯Église en détresse.
Le sort des élèves, des enseignants et de leurs responsables est en suspens. Ils craignent le pire à la rentrée de septembre après la fermeture récente des centres de santé tenus par l¡¯Église. Il y a une dizaine d¡¯années, les élèves d¡¯un établissement scolaire géré par l¡¯Église avaient été transférés, sans préavis, dans un institut public. L¡¯école catholique n¡¯avait pu rouvrir que quatre ans plus tard.
Les écoles, après les centres de soin
Le sort de nombre des religieux et religieuses qui s¡¯occupaient des structures de santé, tout juste fermées par les autorités, est également incertain.
La police a posé des scellés sur les portes de 22 centres de santé à travers le pays, mais également sur leurs logements annexes. Les religieux ont du se réfugier dans d¡¯autres maisons de leur congrégation. Beaucoup d¡¯entre eux sont dans l¡¯impossibilité de quitter le pays, car le gouvernement interdit aux femmes de moins de 40 ans et aux hommes de moins de 50 ans de quitter le pays, s¡¯ils n¡¯ont pas fait leur service militaire.
Une nationalisation des structures de santé saisies avait été annoncée, mais pour l¡¯instant «il n¡¯y a eu aucun transfert de personnel». Outre les 22 centres de santé fermés ces dernières semaines, 8 l¡¯avaient été en 2017 et 2018. Selon le père Mussie Zerai de l¡¯Éparchie d¡¯Asmara qui s¡¯occupent des communautés érythréennes en Europe, l¡¯Église soignait quelque 200 000 personnes chaque année, soit 6% de la population.
Que deviendra le peuple?
«Ils nous ont empêché d¡¯offrir le peu que nous avions à donner, dans des lieux où personne ne prenait soin de la population, pas même l¡¯État. Si le gouvernement nous oblige à fermer aussi les écoles, nos prêtres et nos religieuses trouveront un moyen de survivre. Mais le peuple, comment fera-t-il?», s¡¯interroge un témoin anonyme.
Précisons que l¡¯an dernier, l¡¯unique institut pour séminaristes et religieuses a été également fermé. «Il n¡¯existe aucune structure où les candidats à la prêtrise et au noviciat peuvent étudier. La police a également arrêté un prêtre et une religieuse qui se refusaient de donner le nom des étudiants.»
Lors d¡¯un événement organisé mi-juillet par l¡¯ambassade britannique près le Saint-Siège pour présenter un rapport commandité par Londres sur les persécutions anti-chrétiennes dans le monde, Mgr Antoine Camilleri, Sous-Secrétaire pour les Rapports avec les États, a affirmé que le Vatican suivait au quotidien la situation en Érythrée, rapporte le vaticaniste John Allen qui précise dans un article de Crux que le Saint-Siège a des rapports diplomatiques avec Asmara depuis 1995.
Tous les chrétiens inquiétés
La répression des autorités ne vise pas uniquement l¡¯Église catholique. La nouvelle rapporteure spéciale sur les droits de l'homme de l'ONU en Érythrée, Daniela Kravetz, s¡¯inquiétait mardi 2 juillet à Genève de l¡¯arrestation de chrétiens dans le pays.
Plusieurs groupes évangéliques rassemblés en prière auraient été arrêtés en mai; 140 pentecôtistes à Asmara, ainsi que des membres de la Faith Mission Church à Keren en juin.
Le patriarche orthodoxe accusé d¡¯hérésie
En juin, cinq moines orthodoxes ont également été interpellés; des partisans du patriarche Abune Antonios, 92 ans. Ce dernier a été consacré premier patriarche de cette église autocéphale par Chenouda, le patriarche copte orthodoxe, en 1998, avant d¡¯être placé en résidence surveillée depuis 2007 par les autorités érythréennes qui lui reprochaient ses interférences. Depuis, l¡¯Église orthodoxe d¡¯Érythrée cède ses deniers à l¡¯État, qui rémunère ses prêtres.
La mise à l¡¯écart du patriarche Abune, non accepté au Caire, semble avoir créé un schisme au sein de cette Église. Aujourd¡¯hui, son influence reste majeure comme l¡¯indique l¡¯arrestation de ces moines, et une lettre signée le 17 juillet dernier par six évêques orthodoxes. Dans cette lettre signée par seulement cinq d¡¯entre eux, ils accusent le patriarche Abune d¡¯«hérésie», l¡¯excluant de son Église. Son nom ne doit plus être mentionné dans le pays, écrivent-ils.
Dans une vidéo sortie clandestinement du pays en avril dernier, le patriarche Abune affirmait vivre dans le quartier des serviteurs de la résidence du secrétaire du Saint-synode. Affecté de diabète et de tension artérielle, il souffre de ne pas recevoir les soins adéquats.
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