Au Niger, une pri¨¨re inter-religieuse pour un missionnaire enlev¨¦
Adélaïde Patrignani (avec Fides et cath.ch) ¨C Cité du Vatican
Le père Pierluigi Maccalli, de la Société des Missions africaines (SMA), est entré dans un neuvième mois de captivité aux mains de ses ravisseurs. Il avait été enlevé dans la nuit du 17 au 18 septembre 2018 dans sa paroisse à Bomoanga, située à 150 km au sud-ouest de Niamey.
Le «premier moment de prière commun [depuis l¡¯enlèvement] avec les chefs musulmans de la capitale» s¡¯est tenu donc dans une chapelle de la capitale nigérienne ce lundi. Une rencontre comme il en arrive rarement, organisée par le père Mauro Armanino, confrère du père Pierluigi. Étaient présents «l¡¯évêque de Niamey, un pasteur et les autres membres du Comité du dialogue interreligieux», explique le père Mauro.
La paix et la liberté sont encore possibles
«Il a été possible, pendant une heure, d¡¯imaginer que la paix, la coexistence des différences, comme la qualifiait le Père Maccalli, pouvait faire son chemin au travers des blessures de tous, témoigne-t-il. Pendant une heure, il a été possible de croire et de faire l¡¯expérience du fait que les routes qui portent à la paix peuvent, en l¡¯absence d¡¯un visage présent, se rencontrer», poursuit le missionnaire, soulignant également que musulmans et chrétiens sont liés par une commune douleur face aux drames. «Voici à peine deux jours, des églises de la capitale économique du pays, Maradi, ont été attaquées. Nous sommes cependant certains que ni la violence ni la haine de l¡¯autre ne constituent le dernier mot. Nous continuons à prier et à espérer pour le Père Maccalli», ajoute le père Mauro.
Menaces et incendie d¡¯un temple protestant
Ce début de neuvième mois de captivité du prêtre italien a lieu dans un contexte difficile pour les chrétiens du Niger. Le 10 juin dernier, le groupe radical musulman Boko Haram, a lancé un ultimatum de 72 heures aux chrétiens de Diffa, dans le sud-est du pays, pour quitter cette région frontalière du Nigeria.
À la suite de cette menace, de nombreuses familles chrétiennes vivant en milieu rural ont rejoint la ville de Diffa, à l¡¯appel de l¡¯Alliance des Missions et Évangéliques du Niger. Puis le gouvernement nigérien a décidé le 14 juin dernier, lors d¡¯un conseil des ministres, de prolonger pour trois mois l¡¯état d¡¯urgence dans plusieurs régions, dont celle de Diffa.
Par ailleurs, dans la nuit du 15 au 16 juin dernier, un groupe d¡¯individus manifestant contre l¡¯arrestation d¡¯un important imam local a incendié un temple protestant à Maradi, 3e ville et capitale économique du Niger.
L¡¯incendie de l¡¯édifice religieux a suscité la solidarité des responsables religieux et chefs coutumiers de la ville. Plusieurs d¡¯entre eux, ainsi que les autorités de Maradi, se sont rendus à l¡¯Institut pastoral des Assemblées de Dieu ¨C l¡¯Église concernée - pour présenter leur «compassion aux responsables de la communauté chrétienne, suite à ces incidents». Sur les réseaux sociaux aussi, les Nigériens ont unanimement condamné ces actes qui, pour beaucoup, «tiennent plus à du vandalisme qu¡¯à une réelle menace au vivre ensemble qui fait la fierté du pays».
Le Niger est un pays à large majorité musulmane, comptant 1 à 2% de chrétiens sur une population totale de plus de 20 millions d¡¯habitants. Une minorité déjà visée plusieurs fois ces dernières années. En 2015, des révoltes antichrétiennes éclatèrent à Niamey, provoquant la destruction de la majeure partie des églises de la capitale et de celles de Zinder, la deuxième ville du pays.
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