Lourdes: Mgr H¨¦rouard pr¨¦cise sa mission de d¨¦l¨¦gu¨¦ pontifical des sanctuaires
Entretien réalisé par Manuella Affejee- Cité du Vatican
Quelle est la nature exacte de votre mission de délégué pontifical?
Le Pape François m¡¯a confié cette mission de délégué pontifical pour mieux assurer l¡¯avenir des sanctuaires, et leur permettre d¡¯être davantage fidèle à leur mission, en particulier dans l¡¯accueil des malades, des pauvres et des petits.
Le Pape vous demande de faire en sorte que Lourdes devienne toujours «davantage un lieu de prière et de témoignage». Est-ce à dire que cette vocation première s¡¯est un peu affaiblie ?
Je ne pense pas. Lourdes est encore aujourd¡¯hui un lieu où viennent de très nombreux pèlerins du monde entier, en particulier de France mais pas seulement, et qui accompagne les malades et les petits. Par exemple, le diocèse de Lille est le plus gros diocèse en terme de pèlerinage diocésain: il y a environ 3 500 pèlerins qui viennent chaque année¡ Il faut simplement que l¡¯accent soit bien mis sur la dimension spirituelle et pastorale de la démarche de pèlerinage et donc de la vie même des sanctuaires.
Il s¡¯agit véritablement de repenser la pastorale des sanctuaires. Avez-vous déjà une idée de l¡¯orientation, de l¡¯élan que vous souhaitez impulser ?
Je pense qu¡¯il y a beaucoup de richesses dans les sanctuaires, surtout humaines et qu¡¯il faut essayer de travailler tous ensemble. En premier lieu avec les chapelains, c¡¯est eux qui sont en contact direct avec les pèlerins, mais aussi avec les responsables des pèlerinages, les responsables économiques du sanctuaire. L¡¯idée est de donner cette visée globale. Il ne s¡¯agit pas de juger les uns ou les autres, mais simplement de se demander comment faire pour que l¡¯élan du message de Lourdes reste vivant et actif aujourd¡¯hui, dans des conditions qui peuvent être difficiles. Certains pays connaissent des situations de crise économique qui font que les pèlerins ne peuvent pas forcément venir aussi facilement. Je pense à l¡¯Italie en particulier.
Pourtant, il y a d¡¯autres sanctuaires mariaux en Europe ou dans le monde, qui, malgré le contexte actuel, enregistrent une augmentation des pèlerins¡
Oui, mais je pense que les conditions humaines et spirituelles sont différentes suivant les continents. C¡¯est bien l¡¯enjeu pour un sanctuaire comme Lourdes, qui a connu une évolution très positive du nombre de pèlerins pendant toute une période et plus récemment, cela a été plus difficile, à cause de problèmes économiques mais aussi en raison du fait que d¡¯autres sanctuaires mariaux existent aussi en Europe.
Vous parliez du message de Lourdes qu¡¯il faut continuer à faire vivre. Quelle est la spécificité de ce message ?
Quand elle apparaît dans un lieu, la Vierge Marie renvoie toujours à son Fils et à l¡¯Évangile. La spécificité du message d¡¯une apparition est dans la confiance que l¡¯on peut avoir vis-à-vis du Christ, c¡¯est cela le fondement du message. Les gens viennent déposer au pied de la grotte de Massabielle leurs propres soucis, leurs espérances, leurs joies et leurs tristesses. En confiant cela à la Vierge Marie, ils demandent à Dieu de les aider, de les conduire dans leur vie, aussi difficile puisse-t-elle être. Le message est donc de grandir dans la confiance. Au fond, c¡¯est ce que Bernadette a vécu elle-même. Sa vie n¡¯a pas été facile, elle a eu du mal à être crue, à être acceptée dans ce dont elle voulait témoigner et en même temps, elle a toujours gardé en elle cette confiance en Dieu, sachant qu¡¯à travers cette vie, le Seigneur la conduisait.
Comment comptez-vous accompagner les sanctuaires et les pèlerins, tout en restant évêque auxiliaire de Lille ?
C¡¯est une très bonne question, qui, de fait, n¡¯est pas totalement simple. Il faut bien voir quelle est la mission que le Pape m¡¯a confiée. D¡¯abord elle est temporaire, de l¡¯ordre de quelque mois, et ne sera pas à plein temps. Mais en allant à Lourdes régulièrement, en rencontrant les différents acteurs, les différents responsables, il faut essayer de mettre en place les structures, le mode de fonctionnement et l¡¯esprit dont on vient de parler, et qui permettent aux sanctuaires de regarder vers l¡¯avenir. Ensuite, ce sera aux responsables sur place, au recteur, aux chapelains, à l¡¯évêque, de réaliser ce qui sera entrepris.
Comment envisagez-vous la collaboration avec le diocèse de Tarbes-Lourdes ?
Tout à fait simplement et dans la confiance. Je connais l¡¯évêque de Tarbes et Lourdes, Mgr Nicolas Brouwet et je pense qu¡¯il a fait un bon travail, notamment dans la manière dont il a su réagir et imaginer le relèvement des sanctuaires après les deux grandes inondations qui les ont touchés. Ce travail va se faire dans la confiance et la simplicité, y compris avec les responsables économiques et financiers du diocèse.
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