Au Soudan, les manifestations gagnent Khartoum et le Darfour
Adélaïde Patrignani (avec AFP) ¨C Cité du Vatican
La quatrième semaine de manifestations que connaît le Soudan ne laisse pas présager une amélioration de la situation. Dimanche, les forces de police soudanaises ont tiré des gaz lacrymogènes pour disperser les rassemblements à Khartoum, la capitale, et au Darfour, région où des manifestations ont eu lieu pour la première fois depuis le début du mouvement de contestation.
Ce mouvement a éclaté le 19 décembre, après la décision du gouvernement de tripler le prix du pain. Dans un pays en plein désastre économique, les manifestations se sont rapidement transformées en une contestation du président Omar el-Béchir, qui dirige le Soudan d'une main de fer depuis le coup d'État de 1989.
Peu d¡¯espoir de changement
«Paix, justice, liberté» pouvait-on lire ce dimanche sur les banderoles des manifestants. Un slogan qui n¡¯est pas prêt de devenir réalité, si l¡¯on en croit les déclarations qu¡¯a tenues ce lundi Omar el-Béchir. Le président soudanais, en déplacement à Niyala, la capitale de l'État du Darfour-Sud, a assuré que la contestation n'aboutirait «pas à un changement» de pouvoir. «Il y a une seule voie vers le pouvoir, et c'est celle des urnes. Le peuple soudanais décidera en 2020 qui doit les gouverner», a-t-il continué devant ses partisans. «Le Soudan a beaucoup d'ennemis et ces ennemis ont quelques personnes parmi nous qui ne veulent pas la stabilité et la sécurité» pour le pays, a-t-il soutenu.
La situation dans la région où se trouvait ce lundi le président soudanais reste particulièrement délicate pour le pouvoir central. Depuis le début des années 2000, le Darfour est en effet le théâtre d'un conflit meurtrier avec le gouvernement de Khartoum. Omar el-Béchir est sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour répondre d'accusations de génocide et crimes de guerre dans cette région. À 75 ans, l¡¯actuel chef de l¡¯État s¡¯oriente cependant vers une troisième candidature à l¡¯élection présidentielle de 2020.
Un mouvement de contestation meurtrier
Vingt-quatre personnes sont mortes depuis le début de ces manifestations, selon un bilan officiel. Les ONG Human Rights Watch et Amnesty International parlent elles d'au moins 40 morts, dont des enfants et des membres du personnel médical. Pendant la même période, environ 1 000 personnes ont été arrêtées dans diverses localités du pays, selon des groupes de défense des droits de l¡¯homme.
L¡¯archevêque de Khartoum, Mgr Michael Didi Adgum Mangoria, témoigne de la difficulté des conditions de vie de la population et invite à la prière.
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