Paix dans la Corne de l¡¯Afrique: l¡¯optimisme prudent de Mgr Bertin
Entretien réalisé par Olivier Bonnel - Cité du Vatican
C¡¯est l¡¯une des images de l¡¯année 2018: le 9 juillet dernier, à Asmara, la capitale érythréenne, le premier ministre éthiopien et le président érythréen ont signé une «déclaration conjointe de paix et d¡¯amitié». Leur accolade historique restera l¡¯un des symboles de détente entre deux ennemis. Le texte signé met officiellement fin à vingt années de conflits entre les deux pays voisins de la Corne de l¡¯Afrique.
Le conflit frontalier entre les deux pays a fait entre 70 et 100 000 morts depuis 1998, selon les sources. Les deux voisins de disputaient un territoire frontalier, peuplé majoritairement d¡¯Éthiopiens, mais en théorie appartenant à l¡¯Érythrée après un premier accord signé en 2000.
Conséquence de ce rapprochement, le rétablissement de relations diplomatiques entre Asmara et Addis-Abeba. Après le rétablissement des lignes téléphoniques, les liaisons aériennes ont repris entre les deux capitales.
Un premier changement à Addis-Abeba
L¡¯arrivée au pouvoir en février dernier d¡¯Abiy Ahmed à la tête du gouvernement éthiopien a donné un coup d¡¯accélérateur pour déboucher sur cette nouvelle configuration. C¡¯est en acceptant de céder deux districts occupés au voisin érythréen que le premier ministre éthiopien a permis de faire basculer les choses. Un geste très vite salué par le chef de l¡¯État, Issayas Afewerki.
La déstabilisation de la Corne de l¡¯Afrique est aussi un enjeu stratégique majeur pour de nombreux acteurs régionaux, et au-delà. Ainsi, le rapprochement entre les deux pays a été préparé par les États-Unis, l'Arabie saoudite et les Émirats Arabes-Unis. Ces derniers mois, de nombreuses visites diplomatiques des trois pays ont eu lieu aussi bien à Asmara qu¡¯à Addis-Abbeba, sans que l¡¯on n¡¯en sache plus sur le contenu des entretiens.
Pour les États-Unis, il s¡¯agit de contenir l¡¯expansion de la Chine sur le continent africain, qui en 2017 avait ouvert une première base militaire à Djibouti. Pour les deux puissances du Golfe, il s¡¯agit de contrer l¡¯influence de l¡¯Iran voisine.
Un espoir de paix pour la région
Ce rapprochement a redonné l¡¯espoir d¡¯une stabilisation de la Corne de l¡¯Afrique, jusqu¡¯à la Somalie voisine, encore minée par l¡¯insécurité et la menace terroriste. C¡¯est ce que nous explique Mgr Giorgio Bertin, l¡¯évêque de Djibouti et administrateur apostolique de Somalie.
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