Mali: l¡¯Eglise catholique appelle au dialogue entre la junte militaire et la C¨¦d¨¦ao
Françoise Niamien- Cité du Vatican
«Au regard de sa situation économique et sécuritaire très précaire, le Mali est un malade grabataire. S¡¯il faut infliger à ce malade de lourdes sanctions économiques en plus de l¡¯isoler, on ne pourra s¡¯attendre qu¡¯à la mort de ce grand malade qu¡¯est le Mali», a déclaré Mgr Jonas Dembélé dans un entretien qu¡¯il a accordé à Radio Vatican.
Face à cette situation, «l¡¯Eglise catholique au Mali ne peut qu¡¯exhorter au dialogue, la junte militaire au pouvoir et les pays membres de la Communauté Economique des Etats de l¡¯Afrique de l¡¯Ouest», a encore souligné l¡¯évêque de Kayes. «La Cédéao est une famille et le Mali est un des fils de cette famille. Certainement que la Cédéao a des raisons de punir un de ses enfants, mais nous ne pensons pas qu¡¯elle veuille le faire dans le but de vouloir la mort de cet enfant». De ce fait, poursuit-il, «nous invitons les décideurs à penser au bas peuple, à toutes ces personnes vulnérables qui ont assez souffert et continuent de souffrir du fait de la faim, de la pandémie de coronavirus et surtout du terrorisme qui ne cesse d¡¯endeuiller les familles» a plaidé Mgr Dembélé, en réitérant l¡¯appel des évêques au dialogue pour la paix au Mali et dans sous-région ouest africaine : «Nous, évêques du Mali invitons les deux parties à reconsidérer leurs positions pour sauver des vies, pour rechercher le bien commun de toute l¡¯Afrique de l¡¯Ouest».
Les raisons d¡¯une sanction
L¡¯appel au dialogue de la Conférence épiscopale du Mali, fait suite aux lourdes sanctions économiques et diplomatiques de la Communauté Economique des états de l¡¯Afrique de l¡¯ouest prises à l'encontre du pays après que le gouvernement de transition mis en place suite au coup d¡¯état militaire de 2020, renversant le défunt président Ibrahim Boubacar Keita, soit revenu sur son engagement d'organiser, le 27 février 2022 les scrutins présidentiels et législatifs devant ramener les civils à la tête du pays.
La junte militaire dit ne pas être capable d'organiser des élections présidentielle et législatives à la date prévue. Le gouvernement de transition invoque l'insécurité persistante dans le pays, en proie aux violences de toutes sortes, djihadistes et communautaires. La junte affirme la nécessité de réformes préalables pour que les élections ne souffrent pas de contestations à l'instar des précédentes, dans un pays frappé par une grave crise sécuritaire et politique depuis le déclenchement d'insurrections indépendantiste et djihadiste, en 2012.
Etre objectif
Selon Mgr Jonas Dembélé, la crise sécuritaire au Mali reste une préoccupation majeure: «La situation est grave au niveau du Mali et en toute objectivité il faut reconnaitre qu¡¯il est impossible d¡¯organiser des élections à la date du 27 février 2022», a-t-il fait remarquer en précisant que «tous ceux qui sont au chevet du Mali comme la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali, la Minusma, savent que la situation d¡¯insécurité n¡¯est pas favorable à des élections».
Aussi, pour le président de la conférence épiscopale malienne, il est important de savoir que la transition militaire n¡¯a pas vocation à durer au pouvoir.
Solidarité, retenue et prière
Au plan national, Mgr Dembélé a également invité la junte militaire au dialogue avec les partis politiques, et exhorté l¡¯ensemble des Maliens à la retenue à la solidarité, à la sagesse et surtout à la prière afin que le Seigneur éclaire les intelligences et donne la sagesse au décideurs.
A l¡¯endroit de la communauté internationale, et particulièrement de l¡¯Afrique, monseigneur Dembélé a exprimé le besoin de son pays de bénéficier du soutien de toutes les personnes de bonne volonté pour aider le pays à se remettre debout.
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