Protection des mineurs : un probl¨¨me de l¡¯Eglise et de la soci¨¦t¨¦, selon le Cardinal Kesel
Entretien réalisé par Jean-Pierre Bodjoko, SJ- Cité du Vatican
Ce que je trouve très important à cette rencontre ( le sommet sur la protection des mineurs, qui s¡¯est déroulé à Rome du 21 au 24 février 20218), c'est que c'est un problème global. Il n'est pas lié à une culture, à un continent ou à une certaine civilisation. C¡¯est quelque chose de très humain. C'est un problème qui se pose dans la société et qui se pose aussi dans l'Eglise. C¡¯est un signal vers le monde extérieur de la part du Saint-Siège pour dire « nous devons nous arrêter, nous devons nous convertir ». Il s¡¯agit pour nous de vivre la collégialité et la synodalité, c¡¯est-à-dire que l¡¯évêque ne peut résoudre seul ce problème. Il faut le faire ensemble au niveau de la province ecclésiastique, des Conférences des évêques, mais aussi en communion avec le Siège de Rome. Même s'il n'y a pas des conclusions pratiques tout de suite, elles viendront avec le temps. Le fait même qu'on s'est rencontré pendant quatre jours au Vatican sur cette problématique est important pour pouvoir se mettre sur la même longueur d'onde. Cela est nécessaire parce qu'il y a encore des différences entre les cultures. Certains viennent de découvrir cette problématique et d'autres l'ont déjà connue. Il est donc important de parler ensemble, d¡¯échanger, parce que c'est un phénomène finalement très curieux. Il faut essayer de le comprendre. Et ce n'est qu'à partir de là qu'on peut aussi prendre des mesures.
En Belgique est ce qu¡¯il y a des dispositions qui sont prises pour combattre le problème d¡¯abus sur les mineurs?
Effectivement des mesures sont prises. Nous venons de publier le rapport de tout ce que nous avons fait. C¡¯est un rapport assez volumineux de 300 pages. Nous avons ce qu'on appelle un point de contact, qui est composé d'un groupe d'experts, de juristes, des psychologues, des psychiatres et d¡¯un prêtre, qui sont au service de l'évêque pour recueillir les plaintes, écouter les victimes et puis de voir ce que nous pouvons faire. Nous avons aussi une commission interdiocésaine pour la protection des mineurs, qui est à la disposition aussi des spécialistes. Comme nous l¡¯avons appris ici à Rome il faut se laisser aider par des compétences. Nous avons également un comité de surveillance qui aide l'évêque, réfléchir par exemple pour le cas d¡¯un abuseur qui n'a pas encore l'âge de la pension et qui pourrait peut-être encore faire quelque chose : qu¡¯est ce qu'il faut lui confier ? Il y a donc des structures qui se mettent en place.
Comment l'Eglise peut arriver à convaincre aussi la société que la protection des mineurs est très importante ?
Une question délicate¡ Mais à l'heure actuelle ce n'est pas la mission de l'Eglise d¡¯attaquer la société. L¡¯Eglise doit maintenant s'occuper d'elle-même et en le faisant elle donne un signe. Cela veut dire que l'Eglise doit donner des signes vers l¡¯extérieur, montrer qu'elle prend au sérieux cette problématique. Nous ne l'avons pas fait dans le passé où il y avait une culture de silence.
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