Synode : Mgr Eusebius Chinekezi Ogbonna Managwu se dit pr¨¦occup¨¦ par le ph¨¦nom¨¨ne de la d¨¦linquance juv¨¦nile au Gabon
Jean-Pierre Bodjoko, SJ ¨C Cité du Vatican
Dans le diocèse de Port-Gentil, au Gabon, la priorité est donnée aux jeunes, assure Mgr Eusebius Chinekezi Ogbonna Managwu. Certains parmi eux étant désorientés, ont besoin d¡¯assistance pour affronter les difficultés de la vie. « Je me dis que l¡¯essentiel pour nous, c¡¯est d¡¯aider les jeunes à prendre leur place dans l¡¯Eglise. Ils font partie de l¡¯Eglise, mais quelques fois, ils semblent l¡¯ignorer. Soit parce qu¡¯ils ne veulent pas être partie prenante, soit parce que les adultes ne leur laissent pas assez d¡¯espace. Quand j¡¯ai été ordonné évêque en 2016, ma première rencontre a été avec les jeunes. Et, depuis lors, je suis avec eux, j¡¯ai des rencontres régulières avec eux, et j¡¯ai dit aux prêtres que c¡¯était la priorité du diocèse. Nous avons un plan triennal en trois axes, et parmi les trois axes, il y a les jeunes. Nous en sommes à la deuxième année. Donc, les jeunes sont vraiment une priorité dans le diocèse de Port-Gentil », a déclaré Mgr Chinekezi Ogbonna. Au Gabon, la plupart des jeunes sont baptisés catholiques, mais certains ne pratiquent plus. Ils sont comme désorientés, parce qu¡¯il y a beaucoup d¡¯attraction à l¡¯extérieur de l¡¯Eglise, et ils trouvent qu¡¯il y a peu d¡¯espace pour eux dans certaines paroisses. « Nous avons un peu commencé à casser ces barrières pour donner de l¡¯espace aux jeunes », a-t-il ajouté.
Ce qui fait que l¡¯évêque de Port-Gentil a une attention particulière aux jeunes
« Je dirai que c¡¯est inné, parce que je suis l¡¯aîné de 9 enfants. Et chez nous, pour porter le nouveau-né, il fallait se préparer, il fallait se laver, et nous faisions tout pour porter le nouveau-né. Cela a été comme une tradition chez nous, et toutes les femmes qui accouchaient pour la première fois, je ne sais pas pourquoi cela est arrivé comme ça, venaient dans notre maison et y habitaient pendant au moins un mois. Tous ces bébés on les portait. Et c¡¯est resté en moi jusqu¡¯à aujourd¡¯hui. Quand j¡¯ai été ordonné prêtre, j¡¯ai ouvert la porte aux jeunes en demandant leurs bulletins scolaires. Certains ainés m¡¯ont dit que je ne pourrais pas. Je leur ai dit que ce n¡¯était pas grave et qu¡¯il me fallait essayer. A tous les élèves de ma paroisse, je demandais les bulletins scolaires. Je trouvais le temps de les regarder et savoir, où ils travaillent et où ils ne travaillent pas. De voir les appréciations des professeurs. Et on a eu de bons résultats, parce qu¡¯il y a eu des élèves qui sont passés de 8/20, d¡¯un semestre à l¡¯autre, ils sont arrivés à 12 de moyenne à la fin de l¡¯année. Ça les aide beaucoup, ce n¡¯est pas qu¡¯ils ne sont pas intelligents. Oui, ils sont intelligents, mais il faut les aider à organiser leur vie, que ce soit dans le domaine scolaire, à la maison, et même au niveau de l¡¯Eglise, les mouvements et autres. Il faut leur donner cet espace-là », explique l¡¯évêque de Port-Gentil.
Les conditions de vie des jeunes du Gabon
Le Gabon fait face actuellement à une crise économique. Les populations peinent à s¡¯en sortir et la jeunesse en paie les frais. Selon Mgr Chinekezi Ogbonna, les jeunes gabonais ne pensent peut-être pas forcement à aller chercher la vie ailleurs, mais les difficultés sont là, et elles sont nombreuses. « Sur le plan scolaire, au Gabon nous vivons une crise économique qui ne dit pas son nom, mais qui est là, et qui fait qu¡¯en sorte que certains enfants ne peuvent plus aller à l¡¯école. D¡¯autres difficultés avec nos jeunes c¡¯est la délinquance juvénile. Aujourd¡¯hui, on a ce qu¡¯on appelle le ¡®kobolo¡¯, une drogue que les enfants prennent, qui sont comme des comprimés bien colorés et qui sont en réalité des drogues », affirme l¡¯évêque de Port-Gentil. Dans le but de sauver cette jeunesse, Mgr Chinekezi Ogbonna a invité les responsables de la localité à une réunion au cours de laquelle, les questions liées à la jeunesse de Port-Gentil ont été abordées, notamment la consommation de la drogue. « Nous avons organisé une rencontre avec les autorités de Port-Gentil, le maire et sa suite, pour le début de l¡¯année scolaire. Il y a deux ans, j¡¯ai dû aussi inviter le gouverneur, le maire et tous ceux qui travaillent avec les jeunes au niveau de la prison, de la justice, du tribunal, pour aborder ces questions concernant les jeunes afin de les dissuader à ne pas détruire leur vie. C¡¯est étonnant de remarquer, a dit l¡¯évêque de Port-Gentil, que les enfants vont à l¡¯école avec de la drogue, et ils la vendent aux autres condisciples. Je l¡¯ai dit au gouverneur. Il y a surement un réseau derrière. Je ne sais pas d¡¯où ça vient, mais ce qui est sûre, il y a des personnes qui produisent ces comprimés et qui les acheminent dans les écoles, avec ces élèves qui les vendent, et qui certainement touchent quelque chose à la fin. On ne sait pas comment lutter contre cela mais bon, on essaie », a affirmé l¡¯évêque de Port-Gentil.
Les expériences partagées pendant le synode
« J¡¯avoue qu¡¯au point où nous sommes, il y a des expériences qu¡¯il faut tenter chez nous. Pour d¡¯autres cas, je me dis qu¡¯on a un peu de l¡¯avance par rapport à certaines questions. Dieu merci. C¡¯est vraiment enrichissant. C¡¯est la première fois que je participe à un Synode, et je crois que le Gabon va en bénéficier. J¡¯ai demandé à ceux qui sont au Gabon de prier pour que le Synode soit le reflet de la volonté de Dieu. Que les Pères synodaux fassent la volonté de Dieu, afin qu¡¯en partant d¡¯ici, nous sachions que nous nous sommes retrouvés pour faire la volonté de Dieu et pas autre chose », a soutenu Mgr Chinekezi Ogbonna.
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